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Le matin | Maroc | 13/10/2009
Les médecins parlaient au début d'hépatite non-A non-B, pendant que le virus d'une variété inconnue de l'hépatite faisait ravage à travers le monde d'une façon insidieuse. » Une fois cet agent viral enfin identifié, il fut naturellement appelé Virus de l'Hépatite C (VHC ou HCV en anglais). Ce type d'hépatite s'attaque comme les autres au foie, ainsi que le nom même d'hépatite l'indique. «L'infection virale se caractérise par une inflammation du foie (l'hépatite), souvent asymptomatique, mais qui peut évoluer vers une hépatite chronique et plus tard une cirrhose (fibrose cicatricielle du foie) ou un cancer du foie», dit-il. Sa dangerosité réside dans son silence, c'est-à-dire l'absence de symptômes survenant rapidement. Ce silence favorise sa propagation et son évolution vers un mode chronique. Une personne atteinte, mais sans avoir encore de symptômes, ce qui peut durer plus d'une dizaine d'années, est alors définie comme un "porteur sain".
Ce cas est très fréquent car le virus responsable de l'hépatite C peut rester plusieurs années à l'état latent, inactif. Une telle personne peut cependant transmettre la maladie. Le danger réside donc dans le fait que de nombreux patients sont infectés par le virus sans le savoir, et peuvent ainsi contaminer leurs proches. «Il est opportun de mettre en exergue ce pauvre état de symptomatologie d'appel. D'où l'importance du dépistage à temps, avant que le risque encouru ne se révèle que trop tard par ses complications graves», complète Abdelatif Achibet. Il indique, par ailleurs, que l'hépatite C n'est pas trop problématique si elle est dépistée au moment opportun. «Un dépistage à temps signifie une chance de guérison ou au moins de freiner et de contrôler son évolution. Il ne faut pas oublier que la maladie évolue spontanément vers la guérison dans environ 15% des cas », souligne-t-il. Selon ses explications les 80 % restants évoluent vers la ‘chronicité' à des vitesses différentes selon la forme et le terrain de la maladie. Une évolution souvent lente qui s'étale sur les 15 ou les 20 ans selon certains médecins. D'où l'intérêt d'organiser de larges campagnes de sensibilisation, sinon un plan d'action national.
En effet, la contamination est très fréquente dans notre pays. En particulier, certaines pratiques sociales ou culturelles utilisent des matériels non stériles mis en contact avec le sang de la personne, entre autres : ‘piercing' des oreilles, scarification, tatouage ‘wecham', circoncision, saignée … et aussi la toxicomanie par injection ou nasale. « Il faut ajouter d'autres groupes à risque majeur aussi : les hémophiles, les hémodialysés, les donneurs d'organes », complète le docteur.
Enfin, il est à rappeler qu'il faut instaurer une politique de dépistage et de prise en charge des malades dépistés. C'est un problème épineux car pour un malade les estimations du coût des soins selon les experts montent à plus de 70.000 DH par mois. Devant le coût élevé de la maladie, il vaut mieux prévenir que guérir.
Pourquoi pas un plan d'action nationale ?
L'hépatite C constitue, malheureusement, un problème de santé publique dans le monde avec une morbidité et une mortalité inacceptables, et c'est aussi le cas au Maroc. Il est opportun d'instaurer un plan national de lutte contre les hépatites virales (vaccination contre les types A et B, dépistage du type C). Il faut un grand effort de tous les professionnels de la santé afin de mettre en marche un plan d'action visant au moins les groupes à risque. Et ainsi de permettre un dépistage ciblé et des actions préventives à l'échelle nationale car les modes de contamination, qui répondent à des spécificités culturelles, sont courants chez nous.
Explication
«En 2007, 300.000 personnes portaient le virus»
Qu'est-ce que c'est l'hépatite C ?
Avant tout, j'aimerais faire savoir que l'hépatite C n'a été identifiée qu'en 1989. L'hépatite C est un vrai problème de santé publique non seulement mondial mais aussi national. C'est une maladie infectieuse du foie causée par le Virus de l'Hépatite C.
Quels sont ses effets sur la santé ?
Dans un premier temps, qui peut durer plus d'une dizaine d'année, la maladie reste inaperçue, sans symptômes, mais est cependant transmissible. Ensuite elle se développe plus ou moins rapidement, disparaissant dans certains cas, ou conduisant à la dégradation du foie sous forme de cirrhose ou de cancer. Il faut dire que la symptomatologie habituelle de l'hépatite C est pauvre dans ces formes chroniques ;c'est souvent une personne qui se plaint de fatigue parfois des signes dermatologiques mais souvent aucun signe ; la jaunisse peut se voir dans les formes aigues récentes.
Comment prévenir contre ses conséquences néfastes ?
Pour prévenir l'extension de la maladie, il importe de détecter les personnes atteintes tôt afin de diminuer la propagation qu'elles peuvent causer. Le dépistage est donc l'étape primordiale. Pour les personnes atteintes, on utilise une bi-thérapie qui permet environ 40% de guérison, De meilleurs résultats ont encore étés atteints avec l'augmentation de la fréquence des injections d'une à trois fois par semaine, et il est pensable d'arriver à 80% de succès.
Comment diagnostiquer ses symptômes ?
Il s'agit, sur la base d'une simple prise de sang, d'une analyse qui permet de déterminer le stade de la maladie.
Est-ce qu'il y a des statistiques concernant cette maladie au Maroc ?
En 2007, l'association SOS Hépatites estimait qu'il y a au Maroc plus de 300.000 personnes porteuses du virus de l'hépatite C, et donc potentiellement atteintes et contagieuses. Cependant faute de recensement et de dépistage systématiques, ce chiffre est en dessous de la réalité.
Est-ce qu'il y a un plan national pour lutter contre cette maladie ?
En 2003, il était prévu de dépister 2 millions de personnes. Au Maroc on ne dispose pas de chiffres actualisés sur la prévalence. Seulement vu sa situation sur une zone à risque les experts l'estime à 2-4 % au moins. L'OMS estime sa prévalence en Afrique à 5.2 % ou l'Egypte occupe le pourcentage le plus inquiétant.
Repères
Prévention
Il n'existe pas de vaccin (contrairement aux variantes A et B). Le moyen le plus fiable c'est de prévenir l'infection par des précautions : sensibiliser le public et les agents de santé à l'utilisation sécurisée des injections.
Et le rôle du médecin généraliste !
Son rôle est à la base de l'action. Il doit savoir diagnostiquer l'hépatite C et savoir compléter le bilan avant d'orienter le sujet vers le spécialiste, si cela s'avère utile. Le Professeur Thierry Poynard, né à Midelt, qui a mis au point en 1998 une technique simple de dépistage, le Fibrotest.
D'autres mesures
Le dépistage des dons de sang et le renforcement de la sécurité des produits dérivés, ainsi que l'application systématique des mesures de sécurité dans les établissements de soins.
Par Abderrahim Bourkia
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