A travers des installations flambant neuf en pleine zone industrielle Oulad Salah à Bouskoura, Pharma 5 veut s’offrir les moyens de ses ambitions. En effet, les laboratoires pharmaceutiques marocains misent gros sur cette nouvelle unité de production, réalisée grâce à un investissement de 210 millions de DH. Et pour cause, la mise à niveau des laboratoires, le renforcement de leurs capacités et de leur technicité sont les outils dont se dote Pharma 5 pour mieux s’imposer sur les marchés privé et de l’export.

Et bien que la marque soit spécialisée dans la production des médicaments génériques, elle a investi en grande partie sur son unité Recherche & Développement. Son PDG, Abdellah Lahlou Filali, assure que «contrairement à d’autres fabricants de génériques, Pharma 5 ne se base pas sur des recettes toutes faites pour la reproduction des molécules mais sur sa propre déduction».

Une nouvelle branche pharmaceutique sera d’ailleurs lancée, l’année prochaine, grâce à cette unité. Il s’agit du développement des plantes médicinales. La société entend améliorer son chiffre d’affaires 2006 de 10 à 15% par rapport aux 330 millions réalisés en 2005. Entre 1993 et 2005, la société affiche une croissance moyenne de 23% et sa collaboration avec le secteur public était assez importante. «Mais ce créneau n’est plus aussi porteur», confient les responsables, ajoutant que «la Santé publique dispose actuellement de grands stocks de médicaments».
Aussi, ont-ils décidé de changer de cible. «L’idéal serait de pénétrer le marché américain vu le volume de commande qu’il exprime», affirme le directeur. En attendant, la société exporte en France, en Algérie ainsi que dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Pour 2007, elle annonce même l’ouverture de bureaux de liaison en France, au Sénégal, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Gabon et en Algérie. Les responsables affirment que Pharma 5 bénéficiait d’un marché important en Irak mais ce dernier a considérablement rétréci avec l’arrivée des Etats-Unis dans le pays.

Par ailleurs, pour accéder librement et efficacement aux marchés européen et américain, les «passeports» exigés restent les agréments de l’AFSSAPS (Agence de sécurité sanitaire des produits de santé) et de la FDA (Food and drugs administration) que Pharma 5 compte obtenir grâce à sa nouvelle organisation. Un autre cheval de bataille, au niveau local cette fois-ci, l’ouverture des laboratoires sur leur environnement. Concrètement, des partenariats avec les pôles de recherche au sein des universités sont en cours de signature. Une manière de rompre avec l’hermétisme de mise dans le secteur. Pharma 5 n’était, d’ailleurs, pas peu fière de franchir le pas en organisant une visite des laboratoires aux journalistes «non spécialisés», selon la direction.

Carte de visite

Pharma 5 a été créée en 1985 avec un capital entièrement marocain. Elle s’est positionnée depuis sa création sur le secteur des génériques afin de toucher toutes les tranches sociales. Les laboratoires emploient actuellement 547 personnes. Selon les responsables, le déménagement pourra générer 284 postes permanents dans le court terme et quelque 400 autres à moyen terme. La société revendique 5% du chiffre d’affaires du secteur, estimé à près de 5 milliards de DH. Pharma 5 produit, entre autres, la majorité des antibiotiques disponibles sur le marché marocain. Elle s’occupe également de la distribution de plusieurs marques étrangères de parapharmacie. En tout, les laboratoires comptent 127 marques et 411 présentations (toutes formes de molécules confondues).

Ichrak MOUBSIT