Car l'obligation d'opter pour des priorités est dictée par la disponibilité même du vaccin en quantités suffisantes. S'y ajoute le fait qu'il s'agit d'une maladie émergente qui dépend de plusieurs études toujours en cours d'exécution. Contacté, Omar Menzhi, directeur de l'épidémiologie et de la lutte contre les maladies au ministère de la Santé, nous a expliqué que même si le Maroc a acheté la totalité de ses besoins, il est contraint de les recevoir en plusieurs livraisons. Même les pays développés se trouvent dans la même situation étant donné que la production internationale du vaccin est à ce jour incapable de livrer en un seul lot la totalité des besoins de chaque pays. Certes, la production locale du vaccin ayant fait couler beaucoup d'encre peut être à même de constituer des stocks stratégiques et surtout devenir moins dépendante du marché mondial. Or, selon Dr Menzhi, la machine ne s'est pas encore mise en branle au niveau des labos marocains.

Bonne nouvelle, le vaccin peut se faire en une seule dose, annonce le responsable. Grâce aux derniers essais cliniques, les fabricants s'orientent presque unanimement vers cette piste salutaire. Auparavant, l'on parlait uniquement de l'obligation de s'administrer deux doses du vaccin pour être plus ou moins sûr de son effet préventif. Selon notre source, les populations prioritaires profiteront du vaccin gratuitement, tandis que toute autre personne voulant se prémunir contre la grippe A peut se le procurer au niveau des officines. Il est à souligner qu'en cas de propagation de la pandémie, seuls les cas difficiles seront admis dans les hôpitaux, tandis que les cas sans risque peuvent être traités dans leurs domiciles.

Question récurrente : le vaccin contre la grippe porcine peut-il se substituer à celui normalement administré contre la grippe saisonnière ? Non, répond Dr Menzhi qui explique que l'on peut faire les deux en respectant un intervalle de 15 à 21 jours. Et ce, afin de permettre au corps de réagir convenablement au premier vaccin. Selon les estimations du ministère de la Santé, basées sur les pronostics de l'OMS, trois millions de Marocains risquent de contracter la maladie d'ici fin 2010.

Pas de raison de paniquer, rétorque-t-on, puisqu'il s'agit d'une simple hypothèse sur la base d'un modèle mathématique que chaque pays prend en ligne de compte. Un scénario catastrophe qui permet de mieux se préparer à la pandémie dans les bons délais et avec des moyens suffisants. Rappelons à ce propos, que Yasmina Badou, ministre de la Santé avait souligné il y a quelques semaines que le Maroc était en tête des pays maghrébins en termes de mesures préventives prises pour lutter contre le virus.

A ce jour, 143 cas de grippe ont été confirmés au Maroc dont 140 ont quitté les services hospitaliers complètement rétablis. Trois cas récents sont en cours d'hospitalisation pour traitement. Leur état de santé est sans aucune gravité, déclare-t-on au ministère de la Santé. Rappelons par la même occasion que 850 millions de DH ont été alloués pour lutter contre la grippe A dont une grosse manne dédiée à l'approvisionnement en vaccin. Par ailleurs, le Maroc dispose d'ores et déjà de moyens pour déceler la contamination grâce à deux laboratoires LP3 à l'Institut Pasteur et au niveau de la Gendarmerie royale qui ont été mis en place au déclenchement de la grippe aviaire et du Sras. Le Maroc dispose également d'un stock de masques et de médicaments. Les aéroports ont bénéficié depuis longtemps de portiques thermiques qui signalent toute température dépassant 38 C°. Et enfin une dizaine de chambres à pressions négatives sont opérationnelles à l'hôpital Moualy Youssef à Rabat.

Par Mostafa Bentak