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L'économiste | Maroc | 05/07/2006
«La compétence des équipes marocaines de transplantation d’organes n’est plus à prouver». Driss Ziad, professeur de néphrologie et président sortant du Conseil national de transplantation d’organes et de tissus humains en est intimement convaincu.
Ziad, qui a supervisé la première greffe au Royaume (transplantation d’un rein en 1986), estime que la coopération franco-marocaine a beaucoup aidé au développement du don d’organes. «Depuis 1986, date de la première greffe, l’activité avait redémarré modestement. Mais en 1998, l’Agence française de biomédecine a initié un soutien logistique et technique au Royaume dans ce domaine», explique le professeur Ziad.
La coopération consistait notamment en une aide aux équipes locales dans la réalisation des opérations de greffe ainsi que la formation des médecins. 1998 a également été l’année d’entrée en vigueur du cadre législatif et réglementaire avec l’adoption de la loi sur le don d’organes et la transplantation de tissus humains.
Pourtant, le Maroc, qui a été le premier pays maghrébin à avoir réalisé une greffe d’organe, est aujourd’hui distancé par des pays tels que la Tunisie. Les centres hospitaliers universitaires (CHU) de Rabat et de Casablanca ne comptent qu’une centaine de greffes de reins réalisées. Et les besoins ne manquent pas.
A titre d’exemple, plus de 5.000 dialysés sont pris en charge, mais très peu arrivent à se faire greffer un rein. «Les Tunisiens, qui ont commencé la greffe après le Maroc, se sont beaucoup développés après. Ils se sont notamment basés sur des moyens techniques sophistiqués et des médecins formés en permanence. Mais aussi et surtout sur une politique de financement des soins», souligne Ziad. Pourquoi le Maroc accuse-t-il ce retard ? Si pour certains professionnels, les infrastructures médicales ne permettent pas l’essor de ce type d’opérations, d’autres estiment que c’est le financement qui fait défaut. Surtout en l’absence d’une couverture médicale au vrai sens du terme. Pour rappel, la greffe de rein est remboursée au niveau de la Cnops à hauteur de 250.000 DH, alors que les partenaires sociaux tergiversent toujours sur le taux de couverture des transplantations par l’Assurance maladie obligatoire (AMO).
Par ailleurs, la loi de 1998 interdit aux hôpitaux privés de réaliser des greffes. Les partisans de cette interdiction évoquent, à raison d’ailleurs, le risque de trafic d’organes qui représente un fléau dans certains pays comme l’Egypte, l’Inde ou le Pakistan. Laisser des hôpitaux privés réaliser des greffes pourrait bien inciter des personnes pauvres à commercialiser leurs organes pour quelques dirhams. A signaler que la loi marocaine interdit la vente d’organes. Le législateur est même allé plus loin puisque le donneur vivant et le receveur doivent avoir un lien de parenté.
Les détracteurs de l’interdiction, généralement constitués de patients, y voient un frein au développement de la greffe. Entre les deux, des médecins estiment que pour l’heure, l’interdiction est nécessaire puisqu’elle permet un contrôle efficace des transplantations. En plus, cette interdiction permet de capitaliser sur les expériences et le savoir-faire des CHU en la matière.
Parmi les freins au développement du don d’organes, le professeur Ziad cite aussi l’infrastructure sanitaire. «Celle-ci doit être améliorée. D’ailleurs, elle est en passe de l’être», souligne-t-il. Pour illustrer ses propos, Ziad cite l’exemple de la région de Casablanca qui a soutenu l’hôpital Ibn Rochd en lui octroyant un don de 3 millions de DH. Ce qui a permis le réaménagement complet du service de néphrologie et en particulier l’unité de greffe qui s’est dotée de 4 chambres et d’un matériel performant permettant de réaliser des opérations dans de bonnes conditions.
Pas de greffe sur les cadavres !
Selon le professeur Driss Ziad, les greffes sont entièrement réalisées grâce à des donneurs vivants apparentés. «Les transplantations à partir de cadavres ne sont pas effectuées dans les centres hospitaliers marocains», souligne Ziad. Pourtant, la loi de 1998 qui réglemente le don d’organes et la transplantation de tissus humains prévoit, dans sa deuxième section, le prélèvement (sous conditions) d’organes sur des personnes décédées. «L’incapacité de prélever sur un cadavre n’est pas réglementaire mais technique. Nous ne disposons pas de moyens techniques sophistiqués pour réaliser une telle opération», souligne Ziad. De plus, poursuit-il, pour pouvoir donner un organe après le décès, il faut le formuler par écrit et devant le tribunal de son vivant. Cette pratique est presque inconnue des Marocains. Il y a tout un travail de communication à réaliser sur ce plan.
Conseil de sages
Le Conseil national consultatif du don, de prélèvement et transplantation d’organes et tissus humains a été créé en 2004. Il siège à Rabat et son mandat a pris fin en juin 2006. Il doit être renouvelé incessamment. Ce conseil comprend, entres autres, des médecins et des représentants des ministères de la Santé et de la Justice. Il a pour mission de conseiller le ministère de la Santé publique sur les aspects, techniques, médicaux et juridiques liés aux opérations de greffe. Les conseillers qui y siègent ont notamment collaboré à la réalisation de tous les décrets d’application de la loi de 1998.
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