Les invités ont rappelé l'intérêt majeur et essentiel de l'épidémiologie. Selon certains experts, cette discipline est l'un des outils nécessaires appelés à jouer un rôle de premier plan aussi bien dans la recherche que dans la surveillance, la vigilance et la veille sanitaire. Cette manifestation scientifique a mis en évidence le rôle de l'épidémiologie dans la prise de décisions cliniques. Celle-ci intervient aux différentes étapes de la prise en charge des patients, à savoir le dépistage et le diagnostic, ainsi que les mesures thérapeutiques et pronostiques. Des projets pour l'amélioration de la prise en charge sous le thème: «Pour une recherche en santé de pointe orientée vers l'amélioration de la prise en charge et la qualité de vie du patient».

Trois grands projets sont donc, pour la première fois, développés au Maroc. Le premier «Qualité de vie et cancer (Quolin-cancer)» est développé dans le cadre d'un partenariat entre l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer, les laboratoires Roche, le laboratoire d'épidémiologie de la Faculté de médecine de Fès et tous les Centres d'oncologie au Maroc. L'objectif de l'étude est d'évaluer la qualité de vie des patients cancéreux avant, pendant et après le traitement de la tumeur. Il s'agit de la première étude de cette ampleur développée au Maroc. Elle porte sur plus de 6.500 patients de l'Institut national d'oncologie de Rabat, du Centre d'oncologie Ibn Rochd de Casablanca, des Centres d'oncologie d'Agadir, d'Oujda, des CHU de Fès et de Marrakech et de tous les Centres d'oncologie publics et privés. L'originalité tient au fait que cette étude se base sur une saisie des données à distance utilisant une nouvelle technologie dans notre pays, l'E-CRF, mise au point par des compétences nationales. Les données sont centralisées au niveau national, ce qui est une première dans le domaine du cancer. Cette étude présente un autre intérêt majeur, celui de valider, pour la première fois au Maroc, des outils de mesure de qualité de vie.

Il s'agit des outils de l'EORTC (European Organisation for Research and Treatment of Cancer). Ces outils ont été validés pour tous types de cancer et plus spécifiquement pour les cancers du sein, du col de l'utérus et du poumon.
Le deuxième projet est développé en partenariat avec la Société marocaine des maladies digestives. Il porte sur la prise en charge de l'hépatite C qui constitue un problème de santé publique au niveau mondial avec un total d'environ 170 millions de porteurs de ce virus (VHC). On ne dispose pas de données nationales exactes sur la fréquence de cette maladie. L'histoire naturelle de l'infection du VHC se traduit par une infection chronique dans 55 à 80% des cas et par la cirrhose du foie chez 20% des personnes infectées. Dans la prise en charge des maladies chroniques, la non- observance au traitement est un problème très fréquent mais souvent méconnu, particulièrement pour les ''traitements qui sont lourds et complexes''. Pour des patients souffrant de l'hépatite C, le problème de la non-observance est particulièrement souligné par la littérature.

Celle-ci a montré que le taux de rechute ainsi que le taux de réponse virologique soutenue de ces patients traités sont étroitement liés à la dose du traitement. Cette étude qui s'intéressera à 1.500 patients apportera des réponses à des questions restées en suspens. Le troisième projet d'envergure est développé en partenariat avec la Société marocaine de néphrologie. Il a pour objectif, comme pour l'étude des cancers, d'évaluer la qualité de vie et son évolution chez les patients dialysés chroniques. Cette dernière est en grande partie dégradée à cause de l'anémie. Des études cliniques ont confirmé qu'une augmentation de 1,5 g/dl d'Hb entraîne une amélioration nette de la qualité de vie des patients.

Autres actions

Le Laboratoire d'épidémiologie et de recherche clinique de Fès, qui a accueilli le congrès, entretient une collaboration fructueuse entre plusieurs partenaires nationaux et internationaux, publics et privés, dont l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer, le ministère de la Santé, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Union internationale de lutte contre la tuberculose et les maladies respiratoires, ainsi que les laboratoires Roche, Novartis et Sanofi-Aventis. Dans ce sens, des études ont été déjà achevées et ont abouti à des résultats intéressants sur l'épidémiologie et les facteurs de risque de cancer. D'autres études innovantes sont en cours notamment l'étude Qolin-cancer sur la qualité de vie des sujets atteints de cancer en partenariat avec l'Association Lalla Salma et les Laboratoires Roche. L'étude Ethna portant sur l'hypertension artérielle dans les pays du Maghreb avec le laboratoire Novartis. L'étude Bold avec le London Imperial College.

Par R.K.