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Revue de presse

Accouchements et césariennes : Gratuité dans les hôpitaux publics

Albayane | Maroc | 05/03/2009

«Nous avons constaté que la première barrière à l’accès à l’accouchement dans les structures médicalisées est financière» déclare Mme Yasmina Baddou, ministre de la Santé, à l’occasion de la cérémonie de signature d’une convention de partenariat liant son département et des agences des Nations Unies actives dans le domaine de la protection de la santé des femmes et des enfants.

Le ministère de la Santé a décidé en priorité d’instaurer la gratuité des accouchements et des soins du post-partum dans les hôpitaux provinciaux et préfectoraux.

Une décision citoyenne

Mesure urgente, mise en place en vue de sauver la vie de ces femmes enceintes qui pour des raisons financières ne pouvaient accéder aux soins médicaux spécialisés lorsque leur grossesse rencontrait des complications mettant en péril leur vie et celle de leur nouveau-né». Tous les actes liés à la prise en charge d’un accouchement par voie basse mais aussi par césarienne sont inclus. En plus de kits d’accouchement déjà disponibles dans les structures sanitaires, le ministère de la Santé prépare des trousses complètes de césariennes qu’il mettra à la disposition des maternités hospitalières.
Un fonds de compensation de 68 millions de dirhams a d’ailleurs été mobilisé au titre de l’année 2009 pour permettre aux hôpitaux de faire face à cette demande. A noter que les établissements de santé publique réalisent chaque année près de 400.000 accouchements sur les 650.000 naissances attendues.

Monde rural : plus de mortalité maternelle et néonatale

L’enjeu est de taille. Les réalisations et les acquis ne doivent en aucun cas cacher les défis existants dans ce domaine. Les contraintes qui influencent la santé maternelle et infantile sont [aussi] en rapport avec les conditions d’accès aux services de santé au niveau territorial.

Le transport des parturientes est l’autre aspect problématique de la prise en charge qui empêche beaucoup de femmes enceintes en milieu rural d’accéder aux structures médicales. L’idée de mettre en place des SAMU (services d’aide médicale urgente) obstétricaux pour assurer gratuitement le transport urgent des femmes enceintes et des nouveau-nés en difficulté vers les maternités hospitalières les plus proches est dans sa dernière phase d’étude. Quelque 60 millions de DH inscrits sur le plan d’action serviront à mettre en place et équiper ce dispositif. Les déficits structurels et organisationnels qui rongent certaines maternités hospitalières et maisons d’accouchement ont amené le ministère de la Santé à déployer un programme de mise à niveau de ces structures. L’intervention couvre surtout le milieu rural enclavé et le périurbain.

Complétant ces mesures, la création de nouveaux établissements s’est avérée nécessaire pour combler le manque de couverture. Soixante six (66) autres communes et arrondissements urbains et 112 communes rurales seront dotés par de nouvelles infrastructures sanitaires de base, équipées spécialement pour accueillir et les femmes enceintes et des nouveau-nés.

Bien accueillir les femmes enceintes, c’est déjà les sauver.
Justement, l’accueil dans les maternités et les maisons d’accouchement est une priorité du ministère de la Santé. Le plan de réduction de la mortalité maternelle et néonatale prévoit désormais un séjour obligatoire de 48 heures après un accouchement normal dans toutes les structures d’accouchement, période très critique pour la parturiente et le nouveau-né. Les hôpitaux devront aussi respecter l’intimité des femmes enceintes. Ils sont appelés à installer des séparations entre les box d’accouchement pour préserver une certaine quiétude pour les femmes. Mieux encore, les hôpitaux devront aménager un espace d’accueil pour les accompagnants des parturientes, et permettre même à un membre de la famille d’assister à l’accouchement si la femme le souhaite. Il faudra aussi rappeler le rôle capital que jouent les établissements de soins de santé de base dans la prévention et la protection de la santé de la mère et de l’enfant, condition sine qua non à la réduction des décès. Le ministère vise à atteindre une couverture par la consultation prénatale de 80% des femmes enceintes et à élever le pourcentage des accouchements en milieu surveillé (à l’hôpital et dans les maisons d’accouchement) à 90% d’ici 2012. Tous les centres de santé sont maintenant équipés pour réaliser les tests de dépistage systématique au cours de la consultation prénatale à la recherche des 3 premières causes de complication des grossesses : l’anémie, l’hypertension artérielle et le diabète.

Valoriser les ressources humaines...
La réduction de la mortalité maternelle et néonatale passe aussi par l’encadrement des médecins gynéco-obstétriciens et des sages femmes. Le plan prévoit le doublement des postes réservés à la formation de sages femmes et au résidanat en gynéco-obstétrique et en anesthésie-réanimation.
Les accoucheuses des maisons d’accouchement bénéficieront, elles aussi, de stages de maintien de la compétence d’une semaine par an dans la maternité de référence.

Une question de gouvernance

La mise en place de ces mesures a nécessité de repenser la gouvernance du programme de réduction de la mortalité maternelle et infantile.
Dans ce sens, le ministère de la Santé a renforcé sa collaboration avec ses partenaires, notamment le ministère de l’Intérieur pour mettre en œuvre un système de surveillance des décès maternels et néonataux. Grâce à la collaboration très active des autorités locales, il est désormais obligatoire de déclarer tout décès de femmes entre 15 et 49 ans, permettant ainsi aux services de santé de mener des audits confidentiels des décès lorsqu’ils surviennent au cours de la grossesse, ou pendant ou des suites d’un accouchement. Des comités provinciaux d’audit des décès maternels et périnatals seront d’ailleurs nommés pour ordonner et superviser les autopsies verbales et des audits de décès maternels déclarés.

Régulièrement, le ministère de la Santé procédera à des audits de toutes les maisons d’accouchement et de toutes les maternités hospitalières. L’objectif, détecter et corriger les défaillances, de concert avec les professionnels. Grâce à la collaboration intersectorielle, le ministère de la Santé compte aussi instaurer un registre national auprès de la commission nationale pour le suivi des décès maternels et néonatals. Une campagne de sensibilisation et de mobilisation sera d’ailleurs prochainement lancée en vue de faire mieux connaître la problématique, de sensibiliser l’opinion publique et de renforcer les interventions, particulièrement en direction des femmes du monde rural.

Il y a donc lieu de se féliciter, de regarder l’avenir avec optimisme pour toutes les femmes en âge de procréer, en particulier celles qui s’adresseront aux structures de santé pour la prise en charge de leur grossesse et de leur accouchement. De telle initiative sont porteuse d’espoir et contribueront à réduire de manière significative la mortalité maternelle et avec plus d’imagination, de volonté un autre défi est possible.

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