«Il faut considérer ce certificat comme une distinction car c'est une première au niveau du continent, et donc au niveau de notre industrie pharmaceutique au Maroc. Cela consiste en l'obtention d'un certificat d'agrément et de conformité aux bonnes pratiques de fabrication européenne, qui nous agrée aussi bien pour l'Europe que pour l'OMS, tel que c'est marqué dans le certificat officiel décerné par l'Agence française du médicament, qui est l'autorité d'Etat pour tout ce qui est agrément des établissements pharmaceutiques », indique Farid Bennis, président des Laboratoires Laprophan. Dans le concret, il s'agit d'un agrément pour la mise sur le marché européen de produits pharmaceutiques 100% marocains, conçus et élaborés dans les cuisines des Laboratoires Laprophan, et non pas des produits fabriqués sous licence. Cela est de nature à mettre en valeur un pareil aval, émanant d'un organisme qui fait des règles draconiennes en termes de qualité et de sécurité sa raison d'être.

« Cette distinction nous honore et honore toute l'industrie pharmaceutique marocaine, dans la mesure où elle nous met au niveau des standards internationaux en termes de qualité pharmaceutique et, d'une manière concrète, ce certificat nous permet d'exporter nos fabrications en Europe », souligne pour sa part Mustapha Makhtoum, secrétaire général des Laboratoires Laprophan. Et de préciser : « Cela suppose également tous les efforts de mise à niveau que nous avons entrepris depuis plusieurs années. A ce propos, nous avons entamé depuis 1982 un programme ambitieux de mise à niveau qualitatif, et aussi d'investissement au niveau de l'ensemble de nos unités de production. Ce programme a abouti à la mise en place d'un centre de distribution et de logistique ultramoderne. Cette accréditation fait ainsi de Laprophan un laboratoire aux standards internationaux en matière de production et de distribution pharmaceutique ».

A ce propos, de l'eau a coulé sous les ponts depuis mars 2002, date coïncidant avec la première inspection effectuée par l'Afssaps aux Laboratoires Laprophan. Un exercice auquel se prêtera l'Afssaps, à reprises répétitives, jusqu'à ce que le pionnier marocain de la pharmaceutique décroche le fameux sésame et devenir, ainsi, la première entreprise en Afrique à être habilitée pour pénétrer le marché pharmaceutique européen.

« Aujourd'hui, avec autant de consécrations en poche, les Laboratoires Laprophan ont plus d'une raison d'aller encore de l'avant et d'intensifier de façon exponentielle les efforts dans un volet qui est cher à la culture de la maison : la recherche scientifique sous tous ses aspects, pour de nouvelles révolutions à venir, avec comme objectif final de relever de nouveaux défis dans le domaine de la recherche pharmaceutique », indique un communiqué signé Laprophan.
Par ailleurs, mise en place en mars 1999, l'Afssaps a non seulement hérité des compétences de l'Agence du médicament, mais elle a aussi reçu des missions élargies à l'ensemble des produits de santé en vue de garantir leur efficacité, leur qualité et leur bon usage. L'Afssaps évalue la sécurité d'emploi, l'efficacité et la qualité des produits de santé. Elle assure également la surveillance des évènements indésirables ou inattendus liés à leur utilisation. Elle exerce des activités de contrôle en laboratoire et conduit des inspections sur les sites de fabrication et de recherche.
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Questions à

Entretien avec Farid Bennis, président des Laboratoires Laprophan.
«On pourra désormais parler des échanges Sud-Nord »

Un certificat de bonnes pratiques de fabrication, qu'est-ce que cela signifie dans le concret ?
Tout d'abord, nous sommes très contents par rapport à cette distinction, car il faut la voir comme une distinction puisqu'il s'agit d'une première au niveau du continent, et donc au niveau de notre industrie pharmaceutique au Maroc. Cela dit, cette première nous ouvre officiellement les portes par rapport au marché à l'international et à la possibilité de faire agréer les fabrications à destination de l'Europe. Nous rejoignons en cela le Laboratoire national de contrôle des médicaments qui a été agréé l'année dernière au niveau de ses homologues européens, donc là nous avons les éléments et l'environnement officiel qui permettra cette expansion à l'international.
Certes, c'est un long processus que nous avons entamé depuis l'année 2002, qui a donné suite à plusieurs inspections et qui a aboutit à ce certificat de bonnes pratiques de fabrication. Cependant, cela a été conduit parallèlement avec le développement de produits qui ont donné lieu à des brevets, dont le dernier, Ixor, qui a obtenu le premier Prix de la recherche et développement au Maroc, et qui a également donné lieu à une autre distinction, le Prix d'Excellence remis par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle à Genève en octobre dernier.

On qualifiait d'utopique le fait que des produits pharmaceutiques partent du Sud vers le Nord. Est-ce aujourd'hui un rêve qui se réalise ?
Absolument. D'abord, c'est un domaine où il est très difficile de revendiquer la qualité, il y avait besoin de cette preuve et elle nous a été apportée. C'est une marque de confiance, et puis cela est de nature à renforcer la crédibilité du médicament fabriqué localement au Maroc. Ce rêve dont vous parlez, c'est de sortir de la dimension classique : on parlait des échanges Nord-Sud, là on pourra désormais parler des échanges Sud-Nord. Cela correspond parfaitement aux accords de libre-échange. Là, nous sommes dans le timing, au rendez-vous vis-à-vis de la mise en application de ces accords, et nous avons toujours estimé qu'il n'y avait aucune raison pour que ce soit dans un sens et pas dans l'autre. Donc, nous démontrons modestement que c'est possible, dans un domaine aussi difficile que celui du médicament. C'est une ambition en fonction de nos moyens, mais nous y sommes quand même arrivés, et c'est d'une satisfaction morale très importante…

Justement, comment cela est-il perçu au niveau de Laprophan, à l'intérieur de la maison ?
Evidemment, cela rejaillit sur l'ensemble des collaborateurs qui sont tout simplement fiers de travailler à Laprophan, puisqu'ils se le sont approprié. Ils sont dans une dynamique de qualité depuis des années, mais il fallait bien une unité de mesure, et c'est justement cette distinction qu'ils ont obtenue, qu'ils se sont accaparée, vous pouvez les interroger individuellement, ils ressentent beaucoup de fierté de participer à cette aventure. Ils sont particulièrement satisfaits de ne pas fournir autant d'effort pour rien, puisqu'il y a des résultats concrets à chaque fois. Et à ce propos, Laprophan est un laboratoire historique car c'est un pionnier dans le domaine de la fabrication du médicament au Maroc, et c'est cette aventure de développement qui continue aujourd'hui. Je crois que cette phase de maturité est maintenant dépassée, nous sommes dans une ambition palpable aujourd'hui, nous ne sommes plus dans le rêve.

Abdelhakim Hamdane