Un programme scientifique haut en couleurs

Cette discipline médicale enregistre d’énormes progrès d’une année à l’autre, sur les plans aussi bien scientifique que technologique, d’où l’intérêt capital accordé à la formation continue au profit de nos spécialistes pour être constamment à la page à l’échelle internationale.
C’est dans ce cadre que s’inscrit, effectivement, la 22e édition du congrès qui a constitué une occasion pour les différents spécialistes Marocains ainsi que leurs homologues des pays frères et amis (Tunisie, Canada, France…) qui exercent la même profession de pouvoir à cette occasion traiter de thèmes fondamentaux et d’échanger leurs connaissances sur de nombreux sujets dont notamment ceux du polytraumatisé grave de la personne âgée, les anticoagulants en péri-opératoire, l’impact de l’hypothermie et de l’hyperthermie sur l’évolution des patients, l’anesthésie et la douleur ou encore l’anesthésie en ambulatoire. Une grande partie a été réservée par les organisateurs de cette 22e édition à l’anesthésie pédiatrique et aux problèmes infectieux.
Au total, ce sont pas moins de 20 conférences d’actualité en anesthésie réanimation qui ont été très suivies par une assistance nombreuse, des conférences qui ont suscité des débats forts instructifs.

Les jeunes médecins spécialistes en la matière et appartenant aux différents services d’anesthésie-réanimation de tout le pays, tant du secteur public que privé, ont eu, ainsi, l’opportunité de suivre durant trois journées les dernières innovations en matière de sécurité en anesthésie réanimation.
Par ailleurs des symposiums, des communications libres, des travaux de recherche ont été présentés à travers des communications orales d’un haut niveau professionnel et scientifique. Il y a lieu de rappeler aussi que ce 22e congrès d’anesthésie réanimation organisé par la SMAR a fait la part belle aux ateliers consacrés à l’échographie en réanimation.

Hommage aux infirmiers

Les infirmiers n’ont pas été oubliés, loin s’en faut. Une séance leur a été consacrée. Ils ont donc pu exposer leurs travaux qui ont suscité un grand intérêt.
Le professeur Barrou Lahoucine est catégorique sur ce sujet. Pour lui les infirmiers sont le fer de lance de notre système de santé et il le fait savoir de la plus belle manière en rendant hommage à cette catégorie de personnel qui œuvre de jour comme de nuit au chevet des patients pour maintenir la dimension humaine qu’aucune technologie ne peut remplacer.

Médecin anesthésiste : une race en voie de disparition

Mais à côté de cette manifestation qui est une réussite totale, il y a lieu de rappeler avec insistance que la démographie en anesthésie réanimation dans notre pays est un facteur de blocage des ambitions légitimes qui sont celles de la Société marocaine d’anesthésie réanimation (SMAR), à savoir permettre à l’ensemble de la population marocaine de bénéficier des compétences des spécialistes en anesthésie-réanimation là ou elle se trouve.

Il y a aujourd’hui près de 380 anesthésistes-réanimateurs, la densité ou le nombre de médecins anesthésistes réanimateurs pour 100.000 habitants est de 1/100.000, il faut tenir compte de la poussée démographique. 70% des médecins anesthésistes-réanimateurs sont concentrés dans le centre et 30% dans le reste du territoire national. Plus de 40% des médecins anesthésistes réanimateurs exercent dans la seule ville de Casablanca.

Au Maroc, il faudrait multiplier par 12 le nombre des médecins anesthésistes-réanimateurs pour pouvoir répondre aux normes internationales en matière de sécurité anesthésique. Si à Casablanca et à Rabat le déficit en médecins anesthésistes-réanimateurs est relatif : (trois fois inférieurs aux normes), dans les autres régions du Maroc ce déficit devient préoccupant (trente fois inférieur aux normes). A ce sujet, la SMAR a toujours attiré l’attention des pouvoirs publics, des décideurs sur les risques réels d’une crise démographique en matière d’anesthésie-réanimateurs. Les objectifs escomptés sont dictés par la réelle volonté de pouvoir offrir et garantir à l’ensemble des citoyens des pratiques et des protocoles en anesthésie réanimation de qualité.

La sécurité du patient est le maître mot

Sur ce sujet, le professeur Lahoucine Barrou, chef du département d’anesthésie réanimation de l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca et président de la Société marocaine d’anesthésie réanimation (SMAR), explique que depuis une vingtaine d’années l’anesthésie a été probablement en avance du point de vue de la démarche qualité par rapport à d’autres spécialités car elle s’est placée dans une logique de sécurité où tout est entrepris par l’ensemble des membres de l’équipe pour garantir aux patients une prise en charge globale incluant le confort et surtout la sécurité qui est le maître mot de tout acte d’anesthésie.

En fait, nous médecins anesthésistes-réanimateurs, sommes aujourd’hui dans l’obligation de procéder à des évaluations au moment de la consultation pré- anesthésique, ce qui nous permet d’identifier des problèmes et de préparer une stratégie, afin de réduire le risque prévisible pendant l’intervention et en postopératoire. C’est ainsi que la fréquence des accidents et des complications a été très rapidement réduite, mais nous devons absolument sur les moyens a mettre en place pour augmenter le nombre des candidats dans cette spécialité, il faut savoir que les quatre facultés forment a peine 80 anesthésistes réanimateurs par an .Si on tient compte des départs a la retraite, des structures hospitalières (privés et publique) qui sont créées, et si on prend en considération l’augmentation de la population marocaine ainsi que le vieillissement de cette même population, des facteurs qui induisent une demande de plus en plus forte en soins d’anesthésie réanimation et donc de spécialistes qu’il va falloir former pour répondre à cette forte demande.

Tout en souhaitant pleine réussite à ce XXIe congrès National d’anesthésie réanimation , nous ne pouvons que nous réjouir et nous féliciter du haut degrés de qualité atteint par les spécialistes marocains en anesthésie réanimation.

Grâce a leur savoir et savoir faire, à leur dextérité à leur abnégation qui sont autant de préalables à la bonne pratique en anesthésie réanimation qui vise assurer la sécurité des patients avant, pendant et après chaque acte opératoire, l’anesthésiste réanimateur participe pleinement à la réussite de tous les actes chirurgicaux, comme il est le personnage incontournable au sein des services de réanimation ou il contribue à sauver des vies humaines (accidentés, grands brûlés, traumatisés cardiaques…) et par voie de conséquence, nous pouvons affirmer en connaissance de causes que l’anesthésiste réanimateur contribue grandement à l’essor de la médecine et par voie de conséquence à la promotion du niveau sanitaire de notre pays.
La question qui se pose est de savoir si en retour ce même anesthésiste réanimateur est reconnu à sa juste valeur.