Hind Benziane, présidente de l'AMSP, explique les raisons de la tenue du congrès: «Après 10 ans d'existence au Maroc, la podologie mérite bien une manifestation pour la faire connaître à tous les professionnels de la santé, surtout que nous rencontrons de nombreuses personnes du secteur qui ignorent totalement son existence. Certains ne savent même pas ce que veut dire «podologie». Les malades, quant à eux, ignorent où s'adresser quand ils souffrent de problèmes aux pieds. Donc, en tant qu'association, il est indispensable de faire ce pas très important».

Malgré leurs bonnes intentions de faire changer les choses, les organisateurs ont affronté plusieurs problèmes, notamment l'absence de partenaires ou de sponsors. Mais cela ne les a pas empêchés d'aller de l'avant et frapper aux portes pour que leur premier congrès voit le jour et que la podologie sorte de l'ombre.

Selon H. Benziane, le congrès et les conférences scientifiques aident les professionnels à mieux comprendre les moyens thérapeutiques de n'importe quelle spécialité. Et pour les gens ordinaires ? «Il faut aller à leur rencontre pour les sensibiliser et c'est dans ce sens que l'AMSP collabore avec d'autres ONG pour faire des dépistages et des consultations gratuites en faveur des personnes démunies. Ceci dit, il ne faut pas oublier le rôle des médias, c'est très important pour faire connaître les nouveautés dans le domaine de la santé», répond la spécialiste. Actuellement, la podologie n'est toujours pas reconnue en tant que spécialité ou qualification par les administrations de tutelle.

«La podologie n'a aucun statut. D'ailleurs, c'est le cas dans plusieurs pays et dans ce sens, la Fédération international des podologues (FIP) essaie d'établir un statut général pour la profession afin d'éviter les confusions. Je crois que le Maroc suivra le cours des choses, surtout que l'AMSP est candidate pour adhérer à la FIP». Lorsqu'il s'agit de mal des pieds, la plupart des Marocains se dirigent vers des généralistes ou des médecins d'autres spécialités. Ce sont alors les autres médecins qui se partagent le domaine de la podologie selon la pathologie présentée. Ainsi, le pédiatre s'occupe d'une malformation congénitale ou un trouble statique du pied de l'enfant, le neurologue d'une neuropathie, le rhumatologue d'un pied douloureux, le dermatologue d'un problème cutané, le médecin du sport d'un traumatisme. Finalement, le pied, comme tous les autres organes, doit avoir droit à sa spécialité qui est la podologie.

Le moment est venu pour en discuter et essayer de donner à cette discipline la place qu'elle mérite dans un domaine de santé en plein développement. Ce sont là les ambitions des organisateurs de cette première manifestation scientifique.

A propos de l'association

Créée le 16 juin 2006 à Casablanca, l'Association marocaine scientifique des podologues a pour objectif de faire connaître la podologie non seulement aux professionnels du secteur de la santé mais aussi aux différents citoyens. Ainsi, les membres de l'association veulent réunir les acteurs de la podologie au Maroc afin de faire des contacts entre les podologues, échanger les expériences et faciliter d'éventuelles recherches.

Parmi ses activités sur le terrain, l'association organise des conférences et des formations sur les plans national et international ainsi que des campagnes de dépistage, notamment en faveur des populations des régions rurales. L'association organise, également, en étroite collaboration avec la Fédération marocaine du diabète, des campagnes de sensibilisation sur le rôle préventif du podologue face aux risques engendrés par le diabète, auprès de la population marocaine et notamment des plus démunis.

L'AMSP contribue au monde associatif pour développer le domaine de la santé et informe les professionnels installés au Maroc concernant la législation marocaine.
Enfin, elle favorise les échanges avec d'autres instituts, universités et organisations spécialisées en podologie du monde pour bénéficier de leurs expériences et compétences dans ce domaine.

Par Khadija Smiri