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Albayane | Maroc | 16/10/2008
Selon les résultats d’une enquête nationale réalisée par le ministère de la santé en partenariat avec l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2003, portant sur un échantillon de la population composé de 6.000 personnes de 15 ans et plus, enquête qui s’est focalisée sur la situation épidémiologique des troubles mentaux et des toxicomanies au Maroc. Cette enquête a eu le mérite de mettre a nu plusieurs dysfonctionnements, d’énormes lacunes, des disparités énormes entre régions dans la prise en charge de la maladie mentale, des iniquités choquantes et pénalisantes dont sont surtout victimes les citoyens démunis qui n’ont pas de moyens pour se faire soigner…
En outre cette enquête nous apprend les troubles mentaux ne sont pas l'apanage d'une tranche ou d'une catégorie déterminée de la population, et que 48,9 % des personnes interrogées présentent au moins un signe relevant d’une mauvaise santé mentale, quel qu’en soit le degré de gravité, allant du simple tic nerveux ou de l’insomnie passagère, à des manifestations plus graves découlant d’un état d’anxiété plus profond ou d’une dépression. La prévalence est de 26,5% pour les troubles dépressifs. Ce trouble est plus fréquent chez les femmes (34,3%) que chez les hommes (20,4%). Il est également plus fréquent en milieu urbain (31,2%) qu'en milieu rural (21,8%). On note une prévalence de 9,3% pour le trouble d'anxiété et de 5,6% pour les troubles de type psychotique, la schizophrénie touche 1% de la population marocaine, soit 300.000 personnes. Un chiffre qui peut croître suite à l'augmentation de la consommation de drogues chez les jeunes.
Au regard de ces chiffres qui se passent de tout commentaire, il devient très clair que nous sommes en face d’un réel problème de santé publique car qu'il s'agit de pathologies touchant une frange importante de notre population. La situation de la santé mentale au Maroc est donc sérieuse, fort préoccupante , une opinion partagée par les plus hautes sommités de la psychiatrie dans notre pays dont le professeur Driss Moussaoui, médecin – chef du centre psychiatrique à l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca plus connu sous le nom de pavillon 36, que par des ONG dont Amali, association marocaine d'appui, de lien et d'initiation des familles de personnes en souffrance psychique , dont la présidente Naima Trachen avait déclaré : «Ce n'est pas facile de travailler en psychiatrie dans notre pays, preuve en est le nombre de psychiatres en exercice. De plus, l'exemple le plus concret de cette situation c'est qu'à Casablanca, la ville la plus peuplée du Royaume, il n'y a pas d'hôpital psychiatrique ! Il y a seulement un centre de psychiatrie qui laisse à désirer», un témoignage qui en dit long sur l'indifférence sociale à l'égard des personnes atteintes d'un trouble mental au Maroc
Pénurie de psychiatres
La première raison de cette crise est représentée par les effectifs des psychiatres qui sont en deca des besoins réels de notre pays pour faire face correctement à la demande de soins et de prise en charge de la maladie mentale. Le Maroc compte en tout et pour tout 350 psychiatres entre secteur public et privé, soit un praticien pour 100 000 habitants. Le ministère de la Santé dispose de 116 médecins psychiatres en fonction dans les hôpitaux spécialisés et de 16 services de psychiatrie intégrés dans les hôpitaux provinciaux et régionaux.
Ce qui est très insuffisant, on ne peut dans ces conditions mener a bien une politique sanitaire efficiente et cohérente de santé mentale, ce qui se traduit sur le terrain par une médecine du sous développement ou se mêlent sorcellerie, charlatanisme, marabout, bouya Omar et autres, des sanctuaires ou sont ligotés avec des chaînes de pauvres malades mentaux dont les familles sont désespérées. En outre cette pénurie de psychiatre dans notre pays est exacerbée par le nombre très restreint d’étudiants qui se prédestinent à la psychiatrie, c’est plus un choix personnel, car la spécialité est rebutante, pénible et peu valorisante. Il y a aussi les départs vers le secteur privé qui est mieux structuré, plus valorisant et mieux rémunéré. Ce double mouvement engendre une diminution des effectifs existants et contribue a accentuer d’avantage les disparités régionales puisque les psychiatres s’installent dans les grandes villes Cette situation ira en s’accentuant dans les années a venir surtout avec les vagues de départs à la retraite aussi bien du peu de psychiatres existant que des infirmiers en psychiatrie.
Et de lits
Il a actuellement prés de 3.000 lits de psychiatrie au Maroc, mais seuls 1.900 lits sont fonctionnels pour une population de 31 millions d’habitants. Une situation qui en dit long sur le calvaire des patients et des familles qui doivent attendre plusieurs jours, semaines ou mois avant de se voir pris en charge par manque e place. Pour la petite histoire nous disposons trois fois moins de lits que nos voisins algériens et tunisiens, avait affirmé le Pr Driss Moussaoui, directeur du centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd lors d’un point de presse, et d’ajouter par la même occasion que «la ville de Casablanca compte 100.000 malades et ne dispose que de 200 lits dont 104 sont opérationnels». C’est tout simplement insignifiant, ce qui explique en grande partie la déferlante de ces malades mentaux qui envahissent les boulevards, les rues, c’est malheureux car leur place est dans un hôpital psychiatrique et non dans la rue. Mais que peut faire un psychiatre qui se trouve obligé de libérer un lit pour accélérer le turn-over afin d’hospitaliser un autre patient. C’est sans commentaire, mais cela ne doit pas pour autant nous laisser indifférent car après tout, il y va de la santé de nos concitoyens qui ont tous le droit d’être correctement soignés dans des structures adaptées par des personnels qualifiés. Mais est ce aujourd’hui le cas ?
En attendant, il faut espérer
Il est donc important et d'intérêt public de mettre en place les moyens de prise en charge adéquats, adaptés ainsi que des structures répondant aux normes internationales de sécurité pour les patients et pour les personnels de santé. A cet effet le ministère de la Santé a fait de la santé mentale une de ses priorités inscrites au plan d'action santé 2008-2012. Yassmina Badou se dit déterminée à mobiliser tous les moyens pour poursuivre les réformes entreprises notamment en ce qui concerne la modernisation et l’humanisation des structures psychiatriques existantes, de procéder à la création de nouvelles structures mieux adaptées populations les plus vulnérables, de permettre une meilleure intégration des soins de santé mentale dans les soins de santé de base par la création de nouveaux services de psychiatrie au sein des hôpitaux généraux afin de rapprocher le service public des citoyens. Il en est de même de la création d’unités de prise en charge d’enfants et adolescents (pédopsychiatrie). C’est de bon augure, tous les espoirs sont permis.
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