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Le matin | Maroc | 11/05/2008
A l'origine de cette entreprise ambitieuse, une jeune pédopsychiatre marocaine.
A l'issue d'une formation en pédopsychiatrie en France, Ghizlane Benjelloun est affectée dans un centre psychiatrique pour adultes mais elle décide de créer une unité de psychiatrie destinée aux petits enfants.
Un projet qu'elle va porté en compagnie de Mme Sbihi, pédopsychiatre également, de bout en bout.
Depuis quelques mois, le projet de ces dames est devenu une réalité. «Grâce à l'appui de la ministre de la Santé et la direction du CHU Ibn Rochd, nous avons pu créer cette unité à l'hôpital des enfants. Leur soutien nous a été d'une grande utilité puisque notre mutation a été approuvée en quelques semaines. Et la procédure de reconnaissance de la pédopsychiatrie en tant que spécialité est en cours. L'idée de ce projet a commencé à germer deux années auparavant. Vous savez, les pédopsychiatres étaient affectés dans des centres psychiatriques pour adultes car les structures destinées aux enfants n'existaient pas dans nos hôpitaux.
La présence d'un tel service va permettre sans nul doute aux enfants présentant des troubles psychiatriques d'accéder à un traitement adéquat », explique G. Benjellon, responsable de l'unité psychiatrie de l'enfant.
Pendant des années, la psychiatrie de l'enfant a été souvent confondue avec celle des adultes. En témoigne l'affectation de tous les pédopsychiatres dans les différents centres psychiatriques pour adultes et l'absence de structures spécialisées.
Pourtant, il existe une grande différence entre les deux spécialités. Le vide a été comblé par des associations qui essayaient de répondre tant bien que mal à la demande des familles. Aujourd'hui, la situation est devenue meilleure.
Créée en décembre 2007, cette unité compte quatre pédopsychiatres : une psychologue vacataire et une autre stagiaire, une bénévole ainsi que deux infirmières. Ces femmes ont réussi à relever le pari.
En quelques mois seulement d'activité, l'unité se porte plutôt bien. Elle s'est même construite une notoriété qui dépasse la métropole. Selon les responsables, plus de 250 enfants bénéficient chaque mois des services de l'équipe. Certaines familles y affluent venant d'autres villes du Maroc, notamment de Fès, de Khouribga et d'Oujda.
Le service est destiné aux enfants souffrant de troubles psychiatriques et qui ont entre 0 et 16 ans. « 20% des enfants dans le monde, quelles que soient leur origine et leurs cultures présentent des troubles psychiatriques. Au Maroc, la situation ne pourrait être meilleure.
La population jeune représente un pourcentage important dans la société marocaine, la présence d'unité spécialisée en psychiatrie de l'enfant est donc essentielle.
Globalement, on reçoit des cas d'autistes ou souffrant de difficulté d'apprentissage ou de troubles comportementaux. Actuellement, les services de l'unité se limitent à des consultations mais on compte bien développer cette dernière pour permettre l'hospitalisation des cas urgents », ajoute Dr Benjelloun.
L'équipe de l'unité fait face à une demande croissante de la part des familles marocaines. Une demande qui dépasse totalement les capacités du staff. Il faut préciser sur ce plan que le Maroc accuse un manque en termes de professionnels. Aujourd'hui, les pédopsychiatres exerçant au Royaume seraient à peine une dizaine. Ils ont été formés dans leur majorité à l'étranger. Mais les choses pourraient changer très prochainement. « Nous avons besoin de plusieurs profils dans notre unité. En effet, certains cas nécessitent l'intervention de plusieurs spécialistes.
Pourtant, le marché marocain ne fournit pas des profils recherchés en nombre suffisant. Je pense que la donne va changer. Dès l'année prochaine, une nouvelle spécialité pourrait voir le jour pour former justement des pédopsychiatres », informe Dr Benjelloun.
Malgré les quelques difficultés sur lesquelles bute ce projet- pilote, les membres de l'unité sont décidés de mener à bien cette expérience. Le staff occupe provisoirement des locaux à l'hôpital des enfants en attendant la construction d'un service en bonne et due forme.
On nous a informé que le terrain a déjà été localisé et des mécènes sont prêts à financer la construction du service. L'objectif des responsables est de pouvoir accueillir un plus grand nombre d'enfants.
De nombreux petits enfants marocains ont besoin de telles structures qui vont sûrement les aider à mettre un terme à leurs souffrances et celle de leurs familles.
«La pédopsychiatrie a longtemps été sous-estimée»
Interview : Ghizlane Benjelloun
Aucune formation dans ce domaine n'est dispensée au Maroc
Est-ce que les familles marocaines sont plus nombreuses à solliciter l'intervention d'un pédopsychiatre ?
Les familles, quel que soit leur niveau socio-économique, sollicitent le psychiatre de façon très importante, soit de leur propre initiative, soit sur le conseil avisé d'un médecin d'une autre spécialité.
Quel état des lieux faites-vous de la pédopsychiatrie au Maroc ?
La pédopsychiatrie a longtemps été sous-estimée, aucune formation dans ce domaine n'est dispensée au Maroc. Les rares pédopsychiatres formés assuraient une consultation isolée dans le secteur public ou dans le privé. La volonté d'un certain nombre de pédopsychiatres et l'appui gouvernemental notamment par Mme Y. Baddou, ministre de la Santé, ont permis la création d'une première unité de psychiatrie de l'enfant dans le secteur public. Cette unité se trouve au sein de l'hôpital du CHU Ibn Rochd. L'équipe est constituée de 4 pédopsychiatres et de 2 psychologues. Elle permet de recevoir en consultation tous les enfants souffrant de troubles psychologiques et psychiatriques.
Quels sont vos projets pour l'avenir ?
Cette expérience est la première du genre au Maroc. Cette unité est provisoire dans l'attente de la construction d'un service de psychiatrie de l'enfant. La reconnaissance de la pédopsychiatrie et la création de postes universitaires pour assurer la formation sont également des objectifs à cours terme.
Par Mohamed Badrane
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