Le plus bel exemple en la matière reste celui de l’Unité d’approvisionnement des médicaments de Berrechid créée par le docteur Ahmed Alami, alors ministre de la Santé.
Prévue pour être une unité de fabrication des médicaments du ministère de la Santé avec des aires de stockages très modernes afin de doter toutes les structures sanitaires publiques du pays en produits pharmaceutiques, cette édifice qui nous a coûté des milliards et des milliards que nous payons toujours de nos poches en est aujourd’hui réduit à être un vulgaire entrepôt qui accuse des signes de dégradation et ou des lots de matériel jamais utilisés connaissent un triste sort.

Ce projet qui remonte à 1995, construit sur près de 10.000 m2 a coûté la bagatelle de 14 milliards de centimes, un prêt en grande partie concède par la banque mondiale afin de permettre au ministère de la Santé de se doter d'appareils scientifiques modernes en vu de fabriquer ses propres médicaments, ce qui aurait permis de réaliser une autonomie vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique et en même temps des économies certaines. Ce projet ne verra jamais le jour. Ces appareils, ces machines sont restés silencieux, un silence accusateur qui en dit long sur les pratiques douteuses, qui confirme si besoin est que le secteur de la santé est malade, que le mal qui le ronge est très profond, très difficile à traiter car c’est un mal chronique.
Aujourd’hui, ce qui est fait est fait, il ne viendrait pas à l’esprit des responsables ou des décideurs de demander des comptes aux initiateurs de ce projet qui illustre très bien les dérives qui minent nos administrations, car il est tout de même révoltant de constater le peu de cas qui est fait au sujet de telles dérives et la passivité avec laquelle sont traités de pareils gâchis.
14 milliards de centimes, ce n’est pas rien, ce n’est pas une petite somme. Utilisés à bon escient dans les années 90, ils auraient pu servir à réaliser de bonnes choses.
Au lieu de cela, nous avons une unité d'approvisionnement en médicaments (UAM) qui est devenue le dépôt national où sont entreposés les produits pharmaceutiques destinés à toutes les provinces et préfectures médicales du Maroc.

A coté il faut savoir que ce dépôt est en soi une aberration, car au lieu de décentraliser la gestion des médicaments, de permettre à chaque région d’avoir ses propres produits pharmaceutiques, ce qui aurait permis une meilleure accessibilité, une disponibilité et une réduction des coûts des médicaments. Par ailleurs en cas de catastrophes naturelles ou autres, les régions pourront mieux agir et répondre avec célérité aux besoins en médicaments. Au lieu de cela, les provinces et les préfectures sont aujourd’hui obligées de s’adresser à l’unité de Berrechid pour leurs médicaments, avec tout ce que cela représente comme difficultés de communications, de paperasses, de transports, d’incidents et d’accidents surtout quand les trajets sont longs et périlleux, c’est le cas pour les provinces du sud, du nord, de l’est... Aujourd’hui il s’agit de corriger les erreurs du passe, de remédier à tout ce qui peut l’être, de choisir la voie de la raison en procédant à la création d’unités régionales du médicaments.

Dans le même ordre d’idées, il serait opportun de recruter des pharmaciens. Ils font cruellement défaut aujourd’hui au niveau des structures hospitalières publiques. Il faudrait aussi envisager la nomination d’un pharmacien par région
Ce pharmacien aura un rôle de coordination, de planification et de gestion pour les produits médicamenteux de l’ensemble des structures de santé publiques au niveau de la région
Dans tous les cas de figure les responsables du département de la santé se doivent de régler le problème de l'Unité d'approvisionnement en médicaments de Berrechid dont les structures sont en train de se dégrader.