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Revue de presse

Jallal Toufik, directeur de l'hôpital Arrazi : «On est en train de construire la première unité de pédopsychiatrie au Maroc»

Le matin | Maroc | 04/05/2006

Le directeur de l'hôpital Arrazi a plusieurs aspirations. Il se félicite de la création de l'unité pédopsychiatrique l'année prochaine. Elle sera l'unique du genre au Maroc. En effet, notre pays souffre d'un manque flagrant dans ce domaine. Il tient à affirmer qu'il faut lutter contre les préjugés et accorder à la psychiatrie la place qu'elle mérite à l'instar des Etats-Unis et de l'Europe.

Le MATIN : Pour la première fois, le Maroc se dotera d'une unité pédopsychiatrique qui sera construite à l'hôpital Arrazi. Quand verra-t-elle le jour ?
Jallal Toufik :
On est en train de construire toute une unité pédopsychiatrique. Les travaux vont être achevés dans un an. Elle va être la première unité de la psychiatrie de l'enfant au Maroc.
Ce sera une unité de consultation et un hôpital de jour. Ainsi, les enfants qui ont des difficultés psychologiques vont être admis pendant la journée et repartiront chez eux le soir. La capacité d'accueil tournera autour d'une dizaine de lits.
Elle va offrir une très grande consultation pour les enfants malades outre des activités d'évaluation psychologique et de thérapie de la part de psychomotriciens, d'orthophonistes (jeux, activités ludiques, musique…). On va aussi avoir dans cette unité une cellule pour les enfants maltraités.

Pourquoi la création d'une telle unité a-t-elle tardé à voir le jour ?
On n'a rien au Maroc où, malheureusement, le seul problème est le manque de ressources humaines. Même si on ouvre une unité de psychologie pour enfant, on n'a pas de pédopsychiatres, de pédo-psychologues, de personnel spécialisé.
L'un des préalables de ce projet est le partenariat du ministère de la Santé à travers le recrutement des ressources humaines.
On a passé un certain nombre de clauses lors du dernier conseil d'administration du Centre hospitalier universitaire au cours duquel il a été convenu que le ministère s'engage de nous donner du personnel sinon cela ne sert à rien d'ouvrir un centre.
Le manque des ressources humaines dans ce domaine se fait aussi sentir dans les écoles. Oui, malheureusement. Dans toute la structure de la santé scolaire, on a parfois des consultants de psychiatrie et de psychologie. Mais ce n'est pas étalé sur le plan national. On souffre d'un manque cruel de prise en charge psychologique à l'intérieur des institutions d'enseignement public.

Le privé a des partenariats et des conventions avec des psychiatres et des psychologues. Par contre, dans l'enseignement public, il y a très peu d'intérêt pour ce sujet.

Au niveau de l'hôpital Arrazi, quelles sont les maladies les plus fréquentes ?
On s'occupe, comme tous les hôpitaux du monde, des maladies psychotiques c'est-à-dire les schizophrènes. La schizophrénie représente le premier trouble. Un hôpital psychiatrique ne peut pas représenter la cartographie des maladies de la population générale car ne sont hospitalisés que les malades graves.
Ce qui fait qu’Arrazi, comme tous ses homologues dans le monde, reçoit beaucoup de schizophrènes. Mais, on a affaire surtout à des dépressions et divers troubles tels ceux de la personnalité, dus à la toxicomanie, du comportement alimentaire, de l'anxiété… C'est une palette extrêmement importante de troubles mentaux.

Il n'y a pas assez d'études au Maroc concernant les troubles mentaux. Est-ce la réalité ou juste une impression ?
C'est juste une impression. Il ne faut pas fonctionner avec des préjugés. Des études ont été faites au Maroc. Il n'y en a pas beaucoup.
La dernière est une enquête nationale de prévalence des troubles mentaux concernant la population en général. Les chiffres sont sur le bureau du ministre de la Santé. Ils ont été validés par une commission.
Le Maroc connaît parfaitement la cartographie nationale, ce qui se passe en matière de troubles mentaux et leur répartition à l'échelle nationale. Le Maroc a ce plus par rapport à des pays similaires. Il n'y a aucun pays ni dans le monde arabe ni en Afrique qui a réalisé ce genre d'étude.
Elle a été faite sur les deux dernières années, commencée en 2003 et terminée en 2004.

Quels sont les principaux résultats de cette étude ?
Les résultats ne sont pas encore publiés. Ils ont été validés. L'annonce de l'étude n'est qu'une question de temps. On estime qu'on doit tourner autour de 1 % ou 2 % de schizophrènes, 15 % de malades qui ont une dépression dans un moment de leur vie, 7 % de troubles anxieux… Les chiffres vont être publiés très bientôt.

L'étude a-t-elle changé votre vision des choses ?
Non, pas du tout. Elle a tout simplement conforté ce qui existe dans les autres pays. Il ne faut pas oublier que contrairement à ce qu'on croit, les troubles mentaux ne connaissent pas de frontières et de spécificités. Le Marocain est touché de la même manière qu'un Européen ou qu'un Burkinabé. C'est la même répartition.
Cette enquête a plus au moins révélé une similitude par rapport aux autres enquêtes nationales dans d'autres pays. La maladie mentale est la même dans le monde. Le Marocain n'est pas moins ou plus touché que les autres citoyens du monde par les troubles mentaux, que ce soient les troubles psychotiques, les schizophrénies, les troubles de l'humeur.
La maladie mentale est la même dans le monde. Mais, l'infrastructure n'est pas la même.

Quel est l'état des lieux au Maroc par rapport à des pays similaires ?
On est en train de s'améliorer petit à petit. Il existe des choses dont on peut être fier et d'autres moins. Il reste beaucoup à faire pour l'amélioration des conditions de séjour des malades mentaux. Les hôpitaux psychiatriques doivent s'ouvrir sur leur environnement en étant accueillants. Ils doivent offrir un environnement confortable pour le malade et sa famille. On voit maintenant des établissements clos, délabrés, piteux, avec des conditions de séjour lamentables et un accueil non approprié.

Il y a aussi des hôpitaux fermés sur eux-mêmes. Cela renforce la mauvaise idée qui court sur les hôpitaux psychiatriques. Il est fondamental de travailler aussi sur la formation des professionnels. Dans notre pays, il faut qu'il y ait plus de psychiatres, de pédopsychiatres, de psychologues, de pédo-psychologues, d'assistantes sociales… Maintenant, avec une population qui n'est pas au fait de la maladie mentale, on a du mal à répondre à la demande. Imaginez si, demain, on a une population beaucoup plus sensibilisée, ce sera la catastrophe. On a seulement quelque 300 psychiatres.

C'est extrêmement peu, beaucoup moins que nos voisins algériens ou tunisiens. Il faut travailler sur plusieurs axes. En premier lieu, il est essentiel d'œuvrer sur la sensibilisation, pour laquelle les médias ne jouent pas leur rôle convenablement.

On note un grand vide. On continue de traiter les maladies mentales comme si elles avaient un rapport avec l'exorcisme ou des forces paraphysiques. C'est le signe du sous-développement. Il faut une meilleure pédagogie par rapport à la maladie mentale : corriger les préjugés et les erreurs communes, informer les citoyens d'une manière claire.

Le deuxième axe concerne l'établissement de véritables campagnes de prévention. A l'instar de toutes les autres disciplines médicales, la psychiatrie requiert aussi la prévention. On peut, en effet, prévenir certaines maladies mentales. Par ailleurs, il est important de lutter contre les stigmas par des actions de proximité.

Il faut s'ouvrir sur la communauté et ne pas attendre que les gens viennent vers nous. Les médias doivent jouer leur rôle dans ce sens et expliquer au public ce qu'est la maladie mentale. Malheureusement, on n'a pas des partenaires qui travaillent constamment avec nous.

Comment peut-on augmenter le nombre des praticiens ?
Il faut une volonté politique. Les troubles mentaux sont mal vus par la population. Donc, la spécialité est mal vue par les médecins. Ailleurs, c'est exactement le contraire. En Amérique du Nord, on trouve des psychiatres dans les postes clés par rapport aux instances médicales car ce sont les spécialistes les plus en vogue, les plus demandés. En Amérique du Nord, les postes d'enseignants en psychiatrie sont les plus convoités.
Au Maroc, on souffre beaucoup de la stigmatisation et des préjugés même à l'intérieur de la profession médicale. Même les médecins ont du mal à sortir de cette vision négative de la psychiatrie. Les citoyens ont l'impression qu'on drogue les gens. C'est faux. C'est une erreur gravissime. Les médicaments qu'on donne pour soigner les malades mentaux sont exactement comme les autres médicaments.

Nous avons des maladies chroniques qui nécessitent un traitement. On dit que c'est de la dépendance. Ce n'est pas vrai. C'est comme si on disait que le diabétique était dépendant de l'insuline. Les remèdes qu'on prescrit ne droguent pas. Les effets sédatifs sont parfois recherchés lorsqu'on a des malades agités ou instables. Dans leur intérêt et pour les protéger d'eux-mêmes, il faut des sédatifs.

La psychiatrie, contrairement à ce que croient plusieurs personnes, est l'une des spécialités qui a l'un des plus hauts taux d'efficacité thérapeutique.
Depuis quelques années, on observe des retours à des amalgames et des confusions entre ce qui est religieux et ce qui est médical. Il faut qu'il y ait une volonté politique pour mettre tout cela sur la table pour distinguer ce qui est de l'ordre de la médecine de ce qui est de l'ordre du charlatanisme et doit être combattu.

Le prix des consultations psychiatriques est élevé par rapport au pouvoir d'achat des Marocains.
Non, pas du tout. Les prix des consultations devraient être élevés car on passe beaucoup plus de temps avec le malade. La situation est autre. Dans d'autres pays, les consultations psychiatriques sont plus chères que les autres. Les spécialistes, à titre d'exemple en cardiologie, passent dix minutes avec le malade alors que le psychiatre a besoin de beaucoup plus de temps.

Si on vous donne tous les moyens au niveau de l'hôpital Arrazi pour faire ce que vous voulez, par quoi commencerez-vous ?
Je commencerai d'abord par l'amélioration des conditions de séjour. Ce qui est important pour moi, ce ne sont pas les bureaux, c'est en premier lieu d'avoir un lit et un matelas décent, une chambre propre, une salle de bain convenable… Bref, les choses de base. Et bien sûr, de bonnes prestations de soins avec plus de respect de la dignité humaine. Le reste viendra par la suite.
On lance, ici à l'hôpital Arrazi, la refonte et la réfection totale de l'unité des hommes du service psychiatrie B.

Cela demande beaucoup de moyens. Le budget de l'hôpital n'est pas du tout suffisant. Le CHU est en négociation pour avoir plus. J'espère qu'à l'heure actuelle avec l'Assurance maladie obligatoire, on pourrait peut-être améliorer les recettes de l'hôpital en améliorant la facturation des prestations. Parfois, les malades sortent sans payer.

Il faut aussi être créatif. Quand on gère un hôpital, il faut penser à l'amélioration des ressources en offrant la diversification des soins. On ne doit pas oublier la rationalisation des dépenses.

Qu'en est-il de la prise en charge des malades mentaux ?
C'est l'un des grands problèmes des hôpitaux psychiatriques. La plus grande partie des malades est indigente. Cette situation fait qu'on n'améliore pas les recettes de l'hôpital. Ceci dit, en matière de facturation, nous avons les meilleures prestations du CHU.
En termes de repérage et de recouvrement des recettes, tout mutualiste ou payant paie à l'hôpital. On a une nomenclature. Le ministère de la Santé établit les prix. L'hôtellerie tourne autour de deux cents dirhams par jour. Ceux qui ont le certificat d'indigence ne paient pas.

Propos recueillis par J. G.

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