Quand les protozoaires traversent le placenta, surtout en fin de grossesse, ils peuvent provoquer chez le foetus une toxoplasmose latente susceptible de se révéler plusieurs mois après la naissance par une choriorétinite. Et parfois, la toxoplasmose congénitale peut se traduire par la mort in utero ou par de graves malformations fœtales. «Le Toxoplasma gondii se trouve plus fréquemment sur le pelage de chat, dans la viande crue rouge, les légumes et les fruits.

Les personnes prédisposées à avoir la toxoplasmose sont les immunodéprimées. Ce sont principalement les malades du Sida ou toute personne atteinte de maladies chroniques et qui subit des traitements anticancéreux qui réduisent l'immunité. Le fœtus est également prédisposé du fait du passage du parasite par la barrière placentaire», précise notre docteur. Le plus vicieux dans l'histoire, est que ce parasite a la particularité de pouvoir rester latent, sous forme végétative et de s'enkyster en nombre dans une cellule hôte lorsque le système de défense de l'hôte le réprime.

La contamination se fait en mangeant de la viande rouge contaminée, des crudités mal lavées ou bien en ayant un contact avec les chats.
Deux ou trois semaines après son premier contact avec l'organisme, le microbe de la toxoplasmose se divise plus lentement et une membrane protectrice se forme autour des cellules parasitiques. Le kyste qui renferme les parasites s'appelle zoïtocyste et les cellules à l'intérieur du kyste s'appellent mérozoïtes. Et en cas de baisse de défense, les cellules hôtes éclatent et libèrent des quantités de protozoaires qui vont infester d'autres cellules. Les principales cellules touchées sont les cellules nerveuses, les cellules rétiniennes (oeil), les cellules musculaires striées (muscles du squelette et coeur).

«La toxoplasmose est une maladie asymptomatique ou donnant peu de symptômes. Généralement, le malade est fébrile et a des ganglions au niveau du cou, d'où l'intérêt de faire la surveillance sérologique mensuelle de la femme enceinte», prévient le Dr. Omar Sefrioui. En effet, l'infection aiguë qui correspond à la contamination initiale se manifeste par de la fatigue, des ganglions diffus dans l'organisme et de la fièvre. La plupart du temps, la découverte de la maladie se fait à l'occasion d'une prise de sang systématique lors d'un bilan prénuptial ou d'une grossesse.

Généralement, les femmes enceintes ayant déjà contracté dans le passé une infection liée à la toxoplasmose ont peu de souci à se faire. En revanche, si une femme est infectée pour la première fois pendant une grossesse, elle court le risque que le parasite se transmet au fœtus. Le risque est d'environ 15% durant le premier trimestre de la grossesse. Les fœtus infectés à ce stade sont souvent expulsés. Ce risque s'élève à 30% pour une infection survenant durant le deuxième trimestre et à 60% le troisième trimestre. Les bébés infectés tardivement pendant la grossesse sont rarement expulsés, mais présentent des symptômes tels que la jaunisse, des éruptions cutanées, une augmentation de volume de la rate et du foie, des affections oculaires, une tête plus petite que la normale, des lésions au cerveau, une mauvaise coordination motrice.

Une cécité et un décès précoce sont très probables dans de tels cas. Les infections moins graves peuvent ne pas être évidentes à la naissance. Le bébé grandit souvent pour devenir un jeune adulte en bonne santé. Cependant, vers l'âge de 20 ou 30 ans, sa vision commence à dégénérer lorsque le toxoplasme attaque la rétine, membrane sensible à la lumière tapissant le fond de l'œil. La toxoplasmose oculaire peut engendrer des douleurs, une vision floue et des lésions permanentes comprenant la cécité.
Une étude a récemment démontré que les sujets sains, qui ont contracté la toxoplasmose à l'âge adulte, peuvent occasionnellement souffrir de lésions oculaires.

Encore aujourd'hui, il n'existe aucun vaccin pour détruire le Toxoplasma gondii. Les seuls moyens médicamenteux qui existent consistent à «tuer» le kyste qui s'est «réveillé», afin de limiter les conséquences, sans plus. Aussi, la prévention et le dépistage restent les seuls moyens de ne pas contracter la toxoplasmose. Et si au niveau de l'information les médecins communiquent peu sur cette maladie, qui semble bénigne, mais dont les conséquences sont dramatiques, n'hésitez pas à vous renseigner au maximum. Pensez à vos enfants !

L'art de la manipulation

Des expériences menées sur les rats et les chats ont donné des résultats stupéfiants. Pour de petits animaux comme les rats, il est vital de détecter la présence d'un prédateur, ce qu'est justement le chat. L'odeur du félin constitue en soi un signal de fuite et maintient le rongeur à distance.

Or, des rats porteurs de Toxoplasma gondii y deviennent insensibles. Ils s'aventurent sans crainte sur le territoire du chat et s'exposent tranquillement à l'appétit félin. Certains d'entre eux auraient même une attirance fatale pour les chats ! Cette sympathie d'une proie envers son prédateur est tout à l'avantage du parasite puisque, celui-ci doit atteindre les félins pour parachever sa reproduction et assurer la survie de son espèce.

Par Dounia Z. Mseffer