Consultez les mentions légales (RCP) des médicaments disponibles dans votre pays
Médecine d'Afrique Noire
Consulter la revue
Médecine du Maghreb
Consulter la revue
Odonto-Stomatologie Tropicale
Consulter la revue
Restez informés : recevez, chaque jeudi, la lettre d'informations de Santé Maghreb.
Accueil > Santé Maghreb au Maroc > Revue de presse
Le matin | Maroc | 11/02/2008
A titre de comparaison, le taux de MM en Algérie est de 180 décès pour 100.000 naissances vivantes. En Egypte, il est de 130, en Tunisie de 100 et en Jordanie de 62.
«La mortalité maternelle est le résultat d'une défaillance de plusieurs maillons d'une longue chaîne qui va de la famille jusqu'à l'hôpital, la réanimation…», avance le professeur Mohamed Miguil, chef du service d'anesthésie réanimation de la maternité Lalla Meryem du CHU Ibn Rochd de Casablanca avant de revenir sur les efforts qui ont été fournis entre 1987 et 1992, et puis entre 1992 et 1997, et qui ont eu pour résultat une baisse du taux de mortalité de 31%.
Malheureusement, les statistiques de 2003-2004 ont montré que le taux
de (MM), qui était de 227, n'a baissé que d'un point par rapport
aux données de 1997.
Et le spécialiste de commenter : «Cela veut dire que les efforts
déployés n'ont pas vraiment abouti à des résultats
palpables, et ce à cause de beaucoup de facteurs : il y a tout d'abord
la consultation prénatale qui reste insuffisante. Ensuite, les patientes
ne sont pas bien informées sur les risques éventuels de la grossesse
et ceux successifs à l'accouchement.
Faut-il rappeler que la grossesse est un phénomène physiologique qui peut, dans certaines situations, dévoiler un certain nombre de maladies (hypertension artérielle, diabète, atteintes cardiaques, problèmes hépatiques, problèmes de reins…)».
La solution serait donc, selon lui, de donner plus d'importance à l'information
et d'inciter les patientes à accoucher dans des structures surveillées.
Les médecins et les décideurs, doivent, quant à eux, mettre
à la disposition des patientes, l'infrastructure propice pour qu'elles
puissent accoucher en toute sécurité.
C'est dire que la lutte contre la MM est la responsabilité de tous.
Elle interpelle les différentes instances gouvernementales, mais également
la société civile.
Ces recommandations et bien d'autres ont été émises lors
d'un débat qui a été organisé dans le cadre du 26e
congrès de gynécologie obstétrique.
Les intervenants ont été unanimes à reconnaître l'insuffisance
des stratégies antérieures et ont insisté sur la nécessité
d'accélérer la cadence pour lutter contre ce problème de
santé publique. «Nous ne sommes pas dans une logique de continuité
qui consiste à répondre à des besoins en fonction des moyens.
Il s'agit d'un problème majeur qui est lié aux droits humains.
C'est pour cette raison que depuis l'avènement du nouveau gouvernement, Mme Yasmina Baddou, ministre de la Santé, a placé la lutte contre la MM comme deuxième priorité de son ministère.
Dans ce sens, elle a mobilisé une commission nationale qui a pour mission de lui proposer un plan d'action susceptible de réduire la MM de plus de 3/4 d'ici 2012. Celle-ci se réunira, le 21 février, pour finaliser les propositions, qui ont été débattues, en vue de les soumettre à Mme la ministre», a dévoilé Abdelali Belghiti Alaoui, directeur des hôpitaux et des soins ambulatoires.
Parmi les points sur lesquels se penche ce plan, figurent les problèmes
liés à l'accès aux soins obstétricaux pour les populations
défavorisées, surtout dans les régions rurales. En plus
de la nécessité de doter ces zones, non couvertes,
d'infrastructures sanitaires plus décentes, le programme propose d'adopter
une stratégie mobile qui consiste à aller vers les patientes pour
les sensibiliser et les informer.
«Il faudrait également revoir la question de la barrière
financière. Aujourd'hui, bien que l'indigente ne paye pas dans les hôpitaux
pour accoucher, elle n'a pas une interaction positive avec les établissements
de soin. Elle a, partant, besoin d'être rassurée que lorsqu'elle
va recourir à ces structures, elle sera prise en charge.
Il faut que le message soit clair. Pour ce faire, on pourrait opter pour des
forfaits obstétricaux, ou proposer la gratuité pour l'accouchement
mais aussi pour la césarienne lorsque la femme en a besoin, même
si elle coûte beaucoup plus cher. Il faut faciliter l'accès financier
à la césarienne, pour les populations rurales qui n'ont pas les
moyens», préconise A. Belghiti.
Il est un autre acte important sur lequel insiste le plan national, à savoir celui de la surveillance. D'où la nécessité de mettre en place un système de surveillance et de déclaration qui oblige les autorités et les pouvoirs publics à déclarer les décès maternels pour que les responsables puissent identifier la cause du décès et la cibler dans la lutte. Cela leur permettra également de développer un registre national sur les décès. Car, les autorités connaissent juste les quelques 300 décès qui surviennent dans les hôpitaux.
Autour de ces deux principales actions, des efforts vont être fournis
pour améliorer la qualité de la prise en charge et reconsidérer
les effectifs des ressources humaines. A côté, un texte de loi
sera proposé pour renforcer l'arrêté qui vise à compenser
les consultations de la femme enceinte.
Il concerne la prise en charge des consultations après l'accouchement,
vu qu'une proportion importante de décès survient après.
Cette panoplie de bonnes pratiques devrait arriver à un taux de 50
décès pour 10. 000 d'ici l'horizon 2012, 2015. Un objectif qui
reste difficile à atteindre, selon le Pr Miguil, vu la gravité
de la situation actuelle. «On peut approcher les 100 pour 100 000 naissances
vivantes», précise-t-il.
Encore faudrait-il traduire les recommandations en actes.
Une lutte sur deux fronts
Parmi les 10 objectifs du millénaire, figure la lutte contre la mortalité maternelle et la pauvreté. Ce qui veut dire que le lien est direct entre le développement et la mortalité chez la femme et l'enfant. L'UNICEF utilise la mortalité des moins de 5 ans comme principal indicateur pour classer les pays en termes de développement.
«Ce qui parait logique, puisque pour régler le problème
de la mortalité maternelle et infantile, il faut toucher à pas
mal d'autres secteurs déterminants. Ceux directement liés à
la santé et la médecine mais également ceux d'ordre social,
ou liés à la pauvreté, à l'alphabétisation,
à l'éducation…
Lorsqu'on a un chiffre réduit de mortalité maternelle et infantile,
on peut dire que le pays est développé. C'est pour cela que les
pays développés, comme la France, l'Espagne, voire tout l'Occident
ont des chiffres de moins de 10 pour 100.000 alors que nous avons 227 pour 10.000»,
affirme A. Belghiti Alaoui.
Par Kenza Alaoui
APIDPM © Copyright 2000-2024 - Tous droits réservés. Site réalisé et développé par APIDPM Santé tropicale.