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Revue de presse

Industrie de la santé : l'avenir des médicaments génériques est-il menacé au Maroc ? La confiance au générique ne se pose plus… Le reste à l'avenant !

Le matin | Maroc | 13/02/2008

Le médicament générique est vraiment à l'ordre du jour au Maroc. Présent aussi bien dans les cabinets de consultations des médecins, que dans les officines de pharmacies, il est bien entré dans les mœurs. Actuellement, il fait bien partie du vocabulaire du citoyen lambda. Si à une certaine époque, il ne revenait qu'au praticien de le suggérer, derrière la parabole, «bénéficiez-vous d'une mutuelle ? », aujourd'hui, le patient, muni de son ordonnance n'hésite pas à négocier avec le pharmacien, pour avoir un générique moins onéreux que la molécule-mère.

La faiblesse des moyens, et le grand nombre de citoyens, non encore couverts par une assurance maladie, en dépit des efforts des pouvoirs publics, après l'introduction de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO), expliquent cet engouement. Aujourd'hui, nombre d'industriels pharmaceutiques sont sur ce créneau, où ils consacrent une proportion importante de leur production. Selon Mehdi Hakim, pharmacien responsable du laboratoire pharmaceutique Iberma, les génériques constituent la globalité de leur production. C'est une excellente réponse au bon accueil des populations à ce type de remèdes.

Les pharmaciens de la place casablancaise l'expliquent, à titre d'exemple, par la forte demande de l'Azix en lieu et place du Zithromax dans l'amoxicilline. Sur un tout autre médicament, néanmoins bien en vogue, Vigoex (générique) est souvent demandé à la place de Viagra (molécule-mère). Sur ce dernier cas, le prix, qui varie du simple au double (autour de 210 dirhams contre 449 dirhams) est le principal déterminant de l'achat du générique. Mais, plus généralement, le premier générique coûte 30% moins cher que la molécule-mère. Ensuite, selon le rang, c'est une cascade de 10% décroissante entre les génériques de rangs successifs (10% de moins entre le premier et le deuxième générique). Quant à la confiance accordée aux génériques, elle relève d'un vrai/faux débat.

C'est d'autant plus juste que pour la grande masse, qui se soigne dans les centres hospitaliers, disséminés un peu partout dans les grandes agglomérations du pays, où ces préparations sont utilisées d'office, il n'y a aucune équivoque. Certes, il existe encore une bonne proportion de patients qui continuent d'avoir quelques appréhensions. Ceux-ci restent assez sceptiques, corrélant la baisse du prix à celle de la qualité. En effet, nombre de citoyens croient que lorsqu'un produit similaire au principe "molécule-mère" est moins cher, alors il s'agit d'un produit de qualité inférieure. C'est archi-faux, lance ce pharmacien. Il est vrai qu'un tel scepticisme pourrait ne pas militer à une plus grande utilisation des génériques, pourtant, il n'en est rien.

En amont de la sortie de chaque médicament, les professionnels confirment que la Direction du médicament et de la pharmacie, relevant du ministère de la Santé, vérifie et garantit la qualité du médicament, mis sur le marché. Parallèlement, les services de cette direction mettent en place la veille sanitaire, dont le ministère de la Santé est en charge. En effet, après la mise sur le marché des médicaments, tout un suivi des alertes au niveau international, ainsi qu'une activité soutenue de la Commission nationale de pharmacovigilance, permettent de renforcer la veille sanitaire. Pour assurer une qualité irréprochable aux génériques locaux, il a été nécessaire d'instituer des études de biodisponibilité et de bioéquivalence.
Rappelons aux incrédules l'adoption du projet de décret instituant le visa sanitaire pour l'importation des spécialités pharmaceutiques et des matières premières actives, à usage pharmaceutique.

Une pharmacienne, qui a requis l'anonymat, nous confie que très souvent, de leur propre chef, les consommateurs exigent le médicament moins cher, et vont même jusqu'à citer le terme «générique».

Aux réticents, qui se posent des questions sur la qualité de ces substituts, elle compare ces médicaments aux habits qui peuvent être de marques, donc signés et labellisés, ou d'imitation. Tout est une question d'efficacité et d'efficience, l'un agit plus promptement que l'autre, conclut-elle. A ce rythme, qu'est-ce qui pourrait donc freiner le développement du générique ? Aux Etats-Unis d'Amérique, où la Food and Drug Administration (FDA), très méticuleuse sur l'introduction de médicaments conçus hors USA, a donné son feu vert à de nouveaux génériques (Allegra, Zofran…), sa croissance est assez conséquente.

Ce n'est pas un hasard si les laboratoires créateurs de brevets considèrent ce pays comme étant celui où le brevet est le plus menacé au monde. Des entraves commencent donc à s'ériger. Si le marché national du générique est plutôt insignifiant, comparé à l'échelle internationale, qu'en sera-t-il avec la concrétisation de débouchés plus importants, notamment sur les marchés africains- ce qui se confirme de plus en plus- avec d'ambitieuses implantations ? Ne se dirige-t-on pas vers de sérieuses entraves aux génériques ? On peut s'y attendre, suite à la vive concurrence des génériques à l'étranger, des procès en série ont été intentés par des laboratoires appartenant à des multinationales. L'objectif avoué est d'intensifier la lutte contre ceux-ci, sur notamment des médicaments vedettes et autres anticoagulants. Ainsi, récemment, Sanofi s'en est pris au fabricant canadien Apotex dans un tribunal de Delaware, relativement à l'Uroxatral (contre l'hypertrophie bénigne de la prostate).

Un autre procès est en cours, entre ce même laboratoire et Sandoz, aux Etats-Unis d'Amérique, pour arrêter la contrefaçon de Plavix et Lovenox. Pourtant, Plavix a été lancé au Japon en collaboration avec Davichi Pharma. En d'autres termes, malgré le délai de jouissance de 20 à 30 ans, les propriétaires de brevets rechignent à se départir de leurs biens. Au Maroc, on reste quand même prudent, ce n'est pas demain la veille qu'il y aura des procès sur l'exploitation de brevets comme génériques entre industriels, nous rassure-t-on.

Poids du secteur

L'industrie pharmaceutique emploie plus de 4000 personnes et génère quelque 20.000 emplois indirects. Son taux d'encadrement est élevé (30%). Son chiffre d'affaires hors taxes est aux alentours de 4 milliards de dirhams. Elle participe pour 2% au P.I.B national.
Cette industrie commercialise environ 4000 médicaments dont 80% sont produits localement. La fabrication se fait dans de bonnes conditions techniques et la qualité du médicament au Maroc est satisfaisante.

Enfin, le niveau des investissements annuels pour améliorer la qualité et atteindre le standard européen est important (200 à 300 millions de dirhams).

La Direction mère

La Direction du médicament et de la pharmacie s'occupe des aspects organisationnels, législatifs, de contrôle et d'inspection. Elle a entamé sa réforme depuis quelques années.
Elle a été créée dans l'organigramme de fin décembre 1994, mais sa naissance effective date d'avril 1996 suite à la nomination d'un directeur. Elle est formée de deux divisions, à savoir la Division de la pharmacie et le Laboratoire national de contrôle des médicaments.

La direction compte 145 personnes avec un taux d'encadrement avoisinant les 70 %. Ses missions telles que définies par le décret 2-94-285 tournent autour de :

  • la détermination des normes de fabrication, de conditionnement, de circulation, de vente et de stockage des médicaments, produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques; de fixer le cadre des prix des médicaments et des spécialités pharmaceutiques; -du contrôle technique et de qualité dans le cadre de la législation et de la réglementation en vigueur; d'établir et de mettre à jour la liste des médicaments essentiels et en assurer le contrôle de qualité;
  • du contrôle des médicaments, des spécialités pharmaceutiques et objets de pansement et de tout autre article destiné a l'usage de la médecine humaine et vétérinaire, ainsi que des produits parapharmaceutiques; d'effectuer l'inspection des officines, grossistes et laboratoires de fabrication;
  • de la délivrance de visas et autorisations de débit des produits pharmaceutiques, ainsi que de la gestion d'une banque de données techniques et économiques sur les médicaments. (Source : ministère de la Santé)

Les bonnes pratiques

La poursuite de la politique de la Qualité s'effectue par l'adoption et l'application des bonnes pratiques de fabrication, de stockage, de distribution et de dispensation des produits de santé. Les services nationaux concernés s'y sont attelés et engagé le pays dans cette voie. Ainsi, la loi sur la protection de la santé des personnes, dans le domaine des recherches biomédicales, adoptée, vient mettre le pays au diapason des meilleurs standards internationaux. Ce n'est pas tout.

Tout un ensemble de dispositions allant de la réglementation à la normalisation des dispositifs médicaux, et autres réactifs, en passant par la réorganisation de la pharmacovigilance, la gestion sécuritaire des produits pharmaceutiques et des déchets, ou périmés, … ont été admises.

Par Daouda Mbaye

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