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Le matin | Maroc | 08/01/2008
«Chez les femmes atteintes d'endométriose, le tissu recouvrant la cavité utérine (l'endomètre) se développe dans d'autres parties de la cavité abdominale. Il peut ainsi s'attacher sur le col utérin, les trompes, les ligaments, les ovaires, le péritoine, le vagin, la vulve…
Parfois même, cette muqueuse se retrouve sur des organes non génitaux comme la vessie, le cæcum, l'appendice, le côlon sigmoïde, l'intestin» explique le Pr Mahjoub Ghazli, gynécologue obstétricien et professeur à la faculté de médecine de Casablanca. Par la suite, ces bouts de muqueuse suivent le rythme hormonal comme s'ils se trouvaient dans l'utérus. Ainsi à la fin du cycle, les lésions d'endométriose se congestionnent et saignent durant les règles.
Mais à l'inverse des menstruations évacuées du corps, le sang du tissu «égaré» n'a pas d'issue. Les tissus proches des lésions sont ainsi enflés et douloureux, irrités par les saignements. Cela dit, les vraies causes de l'endométriose demeurent inconnues.
Les symptômes Une chose est pourtant sûre, cette maladie peut être à l'origine d'infertilité ou de douleurs pelviennes. Bien que quelques malades ne ressentent aucun symptôme, la plupart se plaignent de règles douloureuses et abondantes, surtout vers le 3e ou 4e jour du cycle. Le symptôme le plus souvent rencontré est lié à la douleur qui peut varier dans sa date, sa durée et son apparition par rapport aux règles et même sa localisation (pelvis, abdomen, lombaires, etc…).
Aussi, les malades peuvent sentir d'intenses crises de fatigue, de douleurs en urinant, de ballonnements douloureux, ainsi que de troubles gastro-intestinaux comme des diarrhées, constipation, nausées. Signalons que tous ces maux surgissent durant la période des règles.
Concernant le traitement, les spécialistes distinguent deux grandes stratégies thérapeutiques : Le traitement hormonal et le chirurgical. Le premier consiste à bloquer l'ovulation, en provoquant une ménopause temporaire artificielle accompagnée cependant d'effets secondaires (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale). Quant au traitement chirurgical, il permet de retirer ou de détruire par électrocoagulation ou laser les implants d'endométriose.
Cette intervention peut se faire par coelioscopie le même jour que la laparoscopie diagnostique (sans ouverture donc). Parfois, cependant, l'étendue des lésions nécessite l'ouverture de l'abdomen, on parle alors de laparotomie.
Dans des cas très sévères, une hystérectomie (ablation de l'utérus) peut être pratiquée, mais les chirurgiens essaient au maximum de procéder à une chirurgie conservatrice, en particulier chez les femmes de moins de 40 ans.
Un cortège de maladies L'endométriose aurait le désavantage d'être associée à d'autres troubles : polyarthrite rhumatoïde, allergie ou fatigue chronique. En effet, les victimes d'endométrioses ont plus de risques de souffrir de maladies auto-immunes comme le syndrome de Sjögren «2 », la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques ou le lupus systémique. Elles sont cent fois plus susceptibles de souffrir de fatigue chronique et deux fois plus de fibromyalgie (qui s'accompagne elle aussi de fatigue durable intense et se caractérise par la présence de douleurs multiples diffuses sur le corps).
L'hypothyroïdie (qui traduit une sous-activité de la thyroïde et un ralentissement mental et physique) est sept fois plus fréquente chez ces femmes. Parmi les maladies les plus souvent rencontrées, on note aussi les allergies et l'asthme. Cependant, les spécialistes pensent pouvoir empêcher les femmes de développer ces troubles si l'endométriose est diagnostiquée à temps, étant donné que cette dernière survient avant les autres affections. Ils précisent qu'une femme atteinte d'endométriose sur cinq est victime de plus d'une de ces maladies.
Infertilité : la liaison coupable
Outre les douleurs, l'endométriose est liée à des problèmes d'infertilité. Mais jusqu'alors, les mécanismes en jeu restaient inconnus. Chez les femmes atteintes d'endométriose, la muqueuse qui tapisse l'intérieur de l'utérus se développe dans des régions où elle devrait être absente.
L'organisme ne parvient pas à éliminer ces lésions qui occasionnent des inflammations et des hémorragies. Cette affection entraîne des douleurs importantes et de fréquentes infertilités. Néanmoins, les mécanismes à l'origine de la relation entre endométriose et infertilité sont apparemment indéfinis. Une équipe de chercheurs londoniens pourrait bien avoir élucidé ce mystère. Ils ont ainsi extrait le liquide «péritonéal» de l'abdomen de six femmes diagnostiquées comme malades d'endométriose et de six femmes indemnes.
Ce liquide est en contact avec les trompes de «Fallope». Ces «tubes» contiennent à leur surface des cils épithéliaux qui vont amener délicatement l'ovule le long des trompes, jusqu'à sa rencontre avec un spermatozoïde.
En observant l'effet du liquide sur des trompes de «Fallope» prélevées chez des patientes ayant subi une hystérectomie pour fibromes, ils ont pu constater que la fréquence des vibrations ciliaires de l'épithélium des trompes était inférieure (de 24 %) avec le liquide émanant des femmes malades.
Cette inhibition de la motilité des cils épithéliaux pourrait expliquer les problèmes d'infertilité des femmes atteintes d'endométriose.
On ne sait toutefois pas s'il s'agit de l'unique cause ou simplement de l'une d'elles. Cette expérience devra néanmoins être confirmée «in vivo». Si les substances inhibitrices sont identifiées, on peut espérer demain un traitement spécifique.
Par Rajaa Kantaoui
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