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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 07/01/2008
Quelle est la situation du secteur en ce moment ?
Le pays compte 130 hôpitaux qui disposent de tous les équipements. Nous avons 2000 centres de santé de base et un réseau d’infrastructures important. Par ailleurs, le Maroc a pu éradiquer un certain nombre de maladies grâce à la généralisation de la vaccination. Nous avons également pu diminuer, notablement, le nombre de personnes atteintes de la tuberculose dans notre pays. Grâce aux efforts du ministère de la Santé en matière de planification familiale, le taux démographique et de fécondité a diminué. Le pays a ainsi réalisé des avancées remarquables en matière de maîtrise du taux d’accroissement démographique qui a évolué en quatre décennies de 2,7 à1,4% et l’indice de fécondité qui a connu une forte diminution avec une valeur de 2,5% en 2004. Le Maroc a également beaucoup avancé en matière de couverture médicale avec l’assurance maladie obligatoire (AMO). Nous allons bientôt pouvoir mettre en place le RAMED pour les plus démunis. Nous produisons 70% de nos médicaments. Malgré tous ces efforts, il est impératif aujourd’hui de réconcilier le citoyen avec notre système de santé. Notre système de santé doit être vu de manière différente, car il y a des gens qui font un travail extraordinaire.
Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ?
Il y a tout d’abord la moralisation du secteur de la santé qui est un volet important. Nous voudrions réduire le taux de mortalité maternelle à 50 décès au lieu de 227 pour 100.000 et le taux de mortalité infantile à 15 décès au lieu de 40 pour 1000 à l’horizon 2012. Nous voudrions aussi faciliter l’accès aux soins pour les plus démunis et surtout pour la population rurale. Il est aussi question de disposer d’un service public de santé compétitif et performant (taux d’hospitalisation à 5% à l’horizon 2012). Le problème qui se pose est que le secteur public n’est pas compétitif par rapport au secteur privé. Nos hôpitaux ne fonctionnent qu à 50% de leur capacité. Ceci nous prive d’une ressource financière importante. Autre objectif de taille, l’amélioration de l’accueil. Il faudrait que le malade puisse être orienté et pris en charge rapidement. Il y a aussi la propreté et la disponibilité des médicaments. Il est important de signaler que la part du médicament dans le budget de l’Etat est de 750 millions DH, hors CHU. Certes, les médicaments existent mais ils n’arrivent pas partout car il y a des défaillances dans le mode de gestion. Il faut aller vers «la décentralisation» du médicament. Il est impératif de mettre en place un système de traçabilité. Il faudrait également réduire le coût des soins de santé et des médicaments. Le citoyen participe à hauteur de 56% dans le financement du système de santé. Nous voudrions aussi réduire la part supportée par les ménages dans le financement de la santé à moins de 25%. Notre objectif est de prendre totalement en charge les maladies de longue durée (ALD) comme le cancer, le diabète, la santé mentale qui sont des maladies très coûteuses. Ces objectifs ont été déterminés lors d’un séminaire stratégique avec l’ensemble des responsables du ministère de la Santé. Ils seront présentés à la fin du mois à l’ensemble des opérateurs. Cette stratégie va constituer une plate-forme qui fera l’objet de discussion.
Quels sont les grands axes de cette stratégie ?
Pour atteindre ces différents objectifs, nous avons mis en place une stratégie qui s’articule autour de quatre axes. Le premier a trait au repositionnement stratégique des différents intervenants dans le système de santé. Le ministère de la Santé est le seul département qui est à la fois opérateur et régulateur. Il est impossible de gérer depuis Rabat l’ensemble du territoire. D’autant plus que le secteur de la santé compte 50.000 fonctionnaires.
L’idée est d’aller vers la décentralisation et ce à travers la création d’organismes publics autonomes de gestion des infrastructures hospitalières avec l’introduction d’un système de péréquation verticale (entre régions riches et régions pauvres) ou horizontale (entre population à faible revenu et population avec pouvoir d’achat élevé). Au niveau des hôpitaux, il faudra faire en sorte que le directeur ait plus d’autonomie et qu’il puisse gérer les ressources financières et humaines. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Notre système ne peut être performant qu’à travers le partenariat avec le secteur privé et les ONG. Jusqu’à présent, le secteur privé travaillait tout seul. Il est important que nous puissions intégrer le secteur privé dans notre vision et voir comment nous pourrions collaborer ensemble. Le partenariat avec les ONG permettrait de créer un environnement favorable pour leur participation à l’effort national pour la promotion du secteur de la santé par notamment la création de statut juridique particulier de privé non lucratif (PNL). Autre axe important de cette stratégie : la mise à la disposition du citoyen d’une offre de soins accessible, suffisante en quantité et équitablement répartie sur l’ensemble du territoire. Il est ainsi prévu de mettre en place la carte sanitaire. Elle fait partie de la déclaration gouvernementale. Il s’agit d’une loi qui définit l’offre de soins dans la région par rapport au nombre d’habitants. Elle doit impliquer à la fois le secteur public et le secteur privé. L’idée est d’amener le secteur privé à aller vers d’autres zones que l’axe Kénitra-Casablanca, sachant que 50% de nos médecins sont établis sur cet axe. Pour cela, il faudra au préalable mettre des mesures incitatives pour permettre au secteur privé d’aller ailleurs. Au niveau des ressources humaines, il faudra mettre l’accent sur la formation continue, la prise en compte de la performance, la motivation et la mise en place de programmes sociaux au profit du personnel de la santé. Le troisième axe concerne la planification stratégique à moyen et long terme par la mise en place de plans nationaux spécifiques et ciblés pour la prise en charge et la lutte contre les maladies de longue durée (cancer, insuffisance rénale, diabète, VIH/Sida). Il en va de même pour la maternité sans risque, la néonatologie, la santé mentale, les maladies cardiovasculaires et la santé dans le monde rural .Enfin, le quatrième axe est relatif à la prévention, la sécurité et la veille sanitaire.
Quelles mesures envisagez-vous au niveau de la gestion des hôpitaux publics et pour l’amélioration de l’accès aux médicaments ?
Il est important à ce niveau de redéfinir le rôle du directeur de l’hôpital. Certains directeurs sont d’excellents médecins mais manquent de compétence managériale. Il faut mettre en place une contractualisation, c’est-à-dire un contrat avec des objectifs à atteindre et une évaluation tous les six mois. Sur le chapitre des médicaments, une véritable politique s’impose. Autrement dit, il va falloir mettre en place une politique concertée de médicaments en revoyant les méthodes de fixation des prix qui sont dépassées. Il faut savoir que lorsque le médicament est importé, le référentiel pour fixer le prix est celui du pays d’origine. Or, nous n’avons pas le même pouvoir d’achat.
La grille qui est imposée au niveau de la fixation des prix est prohibitive et par conséquent, nous sommes obligés de les diminuer. L’objectif de cette politique est de mettre en place un référentiel de soins, une utilisation de procédures claires et adaptées pour la fixation des prix et des taux de remboursements de certains médicaments. Il est aussi question de permettre aux pharmaciens de substituer les médicaments par les médicaments génériques qui coûtent moins chers. Ceci fera d’ailleurs l’objet d’un atelier avec les pharmaciens et les industriels pharmaceutiques. Il y a aussi un problème qui se pose au niveau de la distribution des médicaments. Au moment où le médicament doit être distribué, le circuit n’est pas défini et l’on retrouve des médicaments qui se vendent dans des lieux autres que les pharmacies. D’où la nécessité d’organiser le circuit de distribution des médicaments tout en donnant la priorité aux médicaments génériques.
Leila Zerrour
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