Selon vous est-ce que les Marocains sont conscients aujourd'hui du risque que représente le VIH ?

Les Marocains commencent à prendre conscience de l'ampleur de la maladie. Les règles de prévention sont de plus en plus connues, mais il y a beaucoup de travail à faire, surtout en milieu rural et dans les zones enclavées.

Dernièrement, vous mettez plus l'accent sur les IST, pourquoi ? Existe-t-il un lien entre les IST et le Sida ?

On ne peut pas ignorer les rapports qui existent entre les IST et le Sida. En effet, les IST font le nid du Sida et constituent à cet égard une menace pour la population. Pour cette raison, l'OPALS a organisé en mars dernier le premier colloque national sur les IST sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et sous la présidence effective de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Amina. Le colloque a permis à l'OPALS d'élaborer un plan d'action concernant les IST et qui sera étalé sur cinq ans.

Après plus d'une décennie de l'apparition des premiers cas du Sida au Maroc, comment les choses évoluent-elles ?

Les choses au Maroc évoluent d'une manière positive grâce à la volonté politique, l'existence d'un plan stratégique national de lutte contre les IST-Sida, le rôle important des ONG thématique et non thématique et surtout une implication multisectorielle. Le nombre de tests pour le dépistage est en nette augmentation chaque année, ce qui témoigne de la prise de conscience de la population marocaine.

Pensez-vous que l'intégration réelle des IST dans les programmes de sensibilisation pourrait-elle avoir des résultats positifs sur le Sida ?

Vu que les IST forment un terrain très favorable pour la propagation du VIH-Sida et qu'elles ont, en commun, les modes de transmission et de prévention, une bonne prise en charge de ces infections ne peut qu'avoir un effet positif et favorable sur le Sida.

Quels sont vos projets futurs ?

L'OPALS a adopté le slogan "Pour le confinement des IST à l'horizon 2012" et s'attelle à finaliser un plan quinquennal 2008-2012, en se basant sur son expérience et ses moyens logistiques et organisationnels. Sachant que le traitement d'une IST ne coûte pas plus que 50 DH. L'objectif est donc aisément réalisable pour que nous reproduisions la démarche qui a montré son efficacité.

Un objectif, différents outils

Pour atteindre plus de personnes, les responsables de l'OPALS ont élaboré un CD-ROM qui vise à changer les comportements à risque par l'adoption d'attitudes positives à l'égard des IST-SIDA. Le CD traite plusieurs thèmes relatifs aux IST, notamment les modes de transmission et de non transmission, le dépistage ainsi que les moyens de prévention et le traitement.

Le CD aborde également le droit des personnes vivant avec le VIH. Le contenu est illustré par des images attractives. En outre, les sujets sont abordés selon une technique de participation active incitant le jeune à trouver la bonne réponse par un système QSM moyennant des points tout au long de l'apprentissage.
L'objectif du programme est très ambitieux. Les responsables visent à former 12.000 jeunes âgés de 14 à 24 ans en matière de prévention des IST/Sida sur une période de deux années.

Par ailleurs, l'OPALS a conçu un dépliant pour les malvoyants. Le document est destiné à cette catégorie qui est plus vulnérable aux IST/Sida. Les responsables vont former des malvoyants qui vont à leur tour former d'autres. Bien évidemment, le dépliant utilise le technique de lecture Braille. Il a été réalisé avec la participation du Secrétariat d'Etat chargée de la Famille, de l'Enfance et des Handicapés.

D'autres programmes de prévention spécifique ont été développés auprès des populations les plus vulnérables à l'infection au VIH/Sida, notamment les professionnels de sexe, les prisonniers et les migrants.

Par Propos recueillis par M.B.