Consultez les mentions légales (RCP) des médicaments disponibles dans votre pays
Médecine d'Afrique Noire
Consulter la revue
Médecine du Maghreb
Consulter la revue
Odonto-Stomatologie Tropicale
Consulter la revue
Restez informés : recevez, chaque jeudi, la lettre d'informations de Santé Maghreb.
Accueil > Santé Maghreb au Maroc > Revue de presse
Le matin | Maroc | 13/11/2007
« L'épilepsie est une affection chronique neurologique qui se caractérise par la récurrence de crises épileptiques paroxystiques, résultant d'une activité électrique anormale d'une population neuronale du cortex cérébral (couche externe du cerveau). C'est l'une des maladies non transmissibles les plus fréquentes dans le monde », explique Pr Najib Kissani, chef du service de neurologie à l'Hôpital Ibnou Toufail, Marrakech.
Connaître les causes de l'épilepsie n'est pas une mince affaire
du fait qu'il existe différentes épilepsies.
On distingue les épilepsies idiopathiques définies par leurs caractères
cliniques et électro-encéphalographiques, sans cause organique,
répondant à un facteur génétique ; les épilepsies
cryptogéniques ne répondant à aucune cause explicable par
les antécédents et/ou décelables par les moyens diagnostiques
actuels et, enfin, les épilepsies symptomatiques dues à des lésions
cérébrales, fixées (séquelles de traumatismes crâniens,
d'encéphalite…), ou évolutives (tumeur du cerveau ou une
maladie cérébrovasculaire), ou encore secondaires à des
troubles métaboliques. Il y a également le cas des épilepsies
tardives survenant après l'âge de 25 ans.
Les symptômes de l'épilepsie sont généralement les crises. Elles sont soit généralisées soit partielles. Les premières sont les plus graves. Ce sont les crises tonico-cloniques qui touchent tout le corps avec des attitudes toniques, puis cloniques, suivies d'une phase de relâchement, avec fréquente fuite d'urine et morsure de langue. Après la crise, le malade a une amnésie totale de la crise et une longue phase post-critique survient avec des courbatures et une somnolence excessive. «Il y a aussi les absences (suspension de la conscience pendant quelques secondes à une minute). Très fréquentes chez l'enfant et l'adolescent, elles passent souvent inaperçues alors qu'elles demandent un traitement codifié», précise le Pr Najib Kissani.
Les crises partielles témoignent, quant à elles, d'une irritation partielle du cortex cérébral. Leur expression dépend de la partie du cortex en question, elles peuvent être motrices (contractures d'une partie du corps), sensitives (fourmillement..), visuelles (scintillements..), psychologiques (troubles de mémoire, du langage…, etc. Tous ces signes surviennent par crises, sont brefs dans le temps (quelques secondes à quelques minutes) et, surtout, se répètent de la même manière (stéréotypés). Le diagnostic d'une crise d'épilepsie repose sur la description scrupuleuse et précise du déroulement de la crise. Seul le récit du malade et/ou de son entourage permettra d'apprécier l'existence de signes évocateurs de la maladie, tels que les mouvements convulsifs, les pertes de connaissance, les chutes, les absences, le relâchement des sphincters, les automatismes gestuels… L'électroencéphalogramme (EEG : enregistrement de l'activité électrique cérébrale) montre ensuite les anomalies typiques de l'épilepsie. L'EEG a aussi un intérêt dans la surveillance thérapeutique ou évolutive des épilepsies. Le diagnostic de la cause de l'épilepsie se fera, quant à lui, au moyen de techniques neuroradiologiques, comme le scanner, et surtout par l'imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM).
Quant au traitement, le neurologue prescrit généralement une
monothérapie, c'est-à-dire un seul anti-épileptique qui
réduira la fréquence des crises.
Des associations de médicaments seront proposées en cas d'échec
de la monothérapie. «Si quelqu'un assiste à une crise d'épilepsie,
il faut rester calme. Il faut noter l'heure précise, dégager l'espace
autour de la personne, protéger la tête en plaçant un coussin
ou un vêtement replié sous la tête, desserrez ses vêtements,
col, ceinture… Et dès que possible, il faut mettre la personne
en position latérale de sécurité», conseille Najib
Kissani.
Le recours à la chirurgie est également envisageable dans le
traitement de l'épilepsie. Celui-ci comporte 3 volets : le traitement
chirurgical curatif destiné aux épilepsies en rapport avec des
tumeurs ou des lésions cérébrales curables ; le traitement
palliatif qui vise à réduire la propagation des décharges
et donc la sévérité de certaines épilepsies ou à
enlever une partie du cerveau qui occasionne les crises sans qu'elle soit fonctionnelle
du fait d'une souffrance ou d'une malformation et, enfin, le traitement chirurgical
fonctionnel qui consiste, quant à lui, d'une part à identifier
précisément le foyer épileptogène, c'est-à-dire
la zone cérébrale à l'origine des crises et, d'autre part,
décider si cette région peut être réséquée.
Grâce aux progrès scientifiques réalisés ces dernières
années, il est aujourd'hui possible d'améliorer le sort des malades
épileptiques.
Seul hic : le manque de structures et la cherté des médicaments
au Maroc !
L'épilepsie au Maroc
Selon deux études menées par l'Association marocaine contre l'épilepsie (AMCEP) à Casablanca en 1999 et à Marrakech en 2002, il a été relevé que respectivement 64% et 77% des épileptiques sont allés voir un fkih ou un marabout au moins une fois. Le recours à de telles pratiques est dû à la sous-médicalisation, l'ignorance, l'éloignement des structures de soin et le manque de moyens. En effet, le Maroc ne compte que 80 neurologues pour tout le pays, dont plus de 50% concentrés au niveau de l'axe Casa-Rabat. Certaines villes n'ont aucun neurologue, ni privé ni public, comme c'est le cas à Ouarzazate, Azrou, Khénifra, Taza, Taroudant, Essaouira, Ouazzane, Chaouen, Taroudante, Dakhla… Seuls 4 CHU (Rabat, Casa, Marrakech et Fès) sont aujourd'hui en mesure de prendre en charge les patients.
La cherté des médicaments est également à signaler ainsi que le manque de formation des médecins généralistes. «Ajouter à cela, le ministère de la Santé ne reconnaît pas l'organicité de cette maladie neurologique. L'épilepsie a été affectée à la direction des maladies mentales, alors qu'il ne s'agit pas d'une maladie psychiatrique», déplore Najib Kissani, président de l'AMCEP. La prise en charge de l'épilepsie au Maroc a donc encore bien du chemin à faire. Espérons qu'avec l'avènement de Yasmina Baddou à la tête de ce ministère les choses iront plus vite. A bon entendeur… !
Par Dounia Z. Mseffer
APIDPM © Copyright 2000-2024 - Tous droits réservés. Site réalisé et développé par APIDPM Santé tropicale.