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Le matin | Maroc | 05/10/2007
«Nous avons le sentiment de vivre en retrait de la société. Nous sommes abandonnées de tous», lance Naïma Trachen, présidente fondatrice de l'association Amali et ex-présidente fondatrice de l'association Al Oumnia lors d'une rencontre avec la presse, organisée par son association, et en présence de professionnels de la santé mentale et de parents de patients. Son cri de détresse est surtout celui d'une maman qui ne peut plus supporter l'indifférence de la société face à son calvaire.
Comme toutes les autres mères qui vivent avec un malade mental, elle sait ce que c'est que de se réveiller tous les jours sur un cauchemar et d'avoir à gérer au quotidien les comportements incompréhensibles d'un enfant souffrant de troubles psychologiques.
Ce triste destin, qui les assemble fait aussi qu'elles se tournent les unes vers les autres pour se consoler et se demander conseil. Parce que, pour les autres, la place de ces malades est dans un asile de fous ou tout simplement à «Bouya Omar».
C'est de cette manière que la société règle le problème de ses malades mentaux sans se donner la peine de comprendre le fond de ces pathologies et leur spécificité pour le patient et pour son entourage.
Et c'est justement pour plaider leur cause et sortir de l'ombre cette catégorie de la population que des familles se sont constituées en association en vue de sensibiliser la société sur la nécessité d'accorder plus d'importance à la santé mentale.
Pour ce faire, une soirée, organisée par l'association Amali, sera consacrée à cette thématique, le mercredi 10 octobre, date à laquelle le monde célèbre la Journée mondiale de la santé mentale. Cet évènement verra l'organisation de débats autour de «L'accompagnement des personnes en souffrance psychique» et de «L'estime de soi» qui seront respectivement animés par le Pr Driss Moussaoui et le Dr Youssef Mohi.
A travers toutes ces activités, les parents des patients désirent lever le tabou sur cette maladie pour que leurs enfants puissent avoir la place qu'ils méritent dans la société. De même, certains d'entre eux arrivent à se stabiliser grâce au traitement, mais ils se retrouvent aussitôt stigmatisés par la société qui refuse d'oublier leurs antécédents médicaux.
Le manque d'accompagnement auquel ils se heurtent ne les aide pas à se réintégrer et avoir une vie normale.
Le problème de perception de la maladie mentale retarde également cette intégration. «Les troubles psychiques offrent une image du handicap qui n'est pas reconnue par la société», précise le Dr Youssef Mohi de l'hôpital psychiatrique de Berchid, expliquant par la suite que les gens prennent généralement les malades mentaux pour des gens normaux parce que ne présentant pas d'infirmité physique. Tout ceci parce qu'on ne parle pas assez de ces maladies dans la presse et dans les médias ou parce qu'on en parle mal.
Les proches des malades espèrent, partant, que la santé mentale soit une priorité de l'Etat pour que les intéressés puissent avoir une meilleure qualité de soins. «Il existe une inadéquation entre les patients et le nombre de lits dont on dispose (2.000 lits)», constate le Dr Mohi. «La politique sanitaire veut qu'on n'édifie pas d'hôpitaux psychiatriques et opte plutôt pour la création de services dédiés à la santé mentale au sein des structures hospitalières existantes.
Il nous arrive de recevoir des demandes de petites villes qui ne disposent pas de structures d'accueil», poursuit-il. Toutefois, le manque flagrant se situe au niveau de structure intermédiaire entre la famille et le patient.
Quand ce dernier achève son hospitalisation, il est confié à sa famille qui ne sait pas comment se comporter avec le patient ni comment gérer la situation. Face à cette réalité, les familles des malades mentaux se trouvent confrontées au problème de prise en charge à long terme.
«On se demande ce que nos enfants deviendront quand on ne sera plus là pour veiller sur eux», ne cessent de s'interroger les mamans. «On n'ose plus mourir», répètent-elles en chœur.
Perspectives
L'association Amali projette de créer un Centre d'aide au travail pour servir de passerelle aux malades stabilisés, entre le séjour à l'hôpital et le retour parmi les leurs.
Ce centre, qui sera un projet pilote, permettra aux familles de confier leur proche malade qui sera encadré par un personnel spécialisé pour des périodes déterminées. De cette manière, elles seront soulagées et auront du répit pour ne pas tomber dans l'épuisement, mais surtout pour pouvoir consacrer du temps au reste de la famille pour éviter son éclatement.
Le projet est en cours d'étude. L'association lance un appel aux âmes charitables pour la collecte de fonds en vue de l'acquisition d'un terrain.
Kenza Alaoui
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