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L'Opinion | Maroc | 27/07/2007
Les progrès en matière de traitement médical et chirurgical des maladies cardio-vasculaires a été sans précédant ces dernières années, mais il n’est pas encore à la porté de tous. Ce que plusieurs personnes ignorent, même au sein de la communauté médicale, c’est que depuis environ plus de trois décennies, de nombreux médecins cardiologues ou spécialistes en médecine physique et de réadaptation, se sont orientés vers la réadaptation cardio-vasculaire à l’effort, ils ont participé au développement d’une discipline dont l’intérêt, l’efficacité et le service rendu à la santé publique ne sont aucunement à démontrer particulièrement pour certaines maladies cardio-vasculaires comme les maladies des artères du cœur et les insuffisances cardiaques. La réadaptation cardiaque permet de diminuer de 42% les journées d’hospitalisation et de 30% la mortalité par accident cardio-vasculaire.
La réadaptation cardiaque est classiquement divisée en 3 phases : Phase I ou phase hospitalière, Phase II, correspond aux suites immédiats de l’hospitalisation, Phase III ou phase de maintenance.
La réadaptation cardio-vasculaire à l’effort part du principe que le cœur est avant tout un muscle qui a la fonction d’une pompe, son travail s’adapte aux différentes situations de la vie quotidienne, le cœur d’un coureur marathonien fatigue moins qu’un coureur du 5000 mètres et encore moins qu’une personne sédentaire. Il s’agit d’un entraînement physique certes, mais pas n’importe lequel. En réadaptation cardio-vasculaire médicale, on entraîne les malades pour qu’ils reprennent leurs vies d’avant la maladie ou l’incident cardiaque sans handicap ni appréhension. Il s’agit d’un programme complet avec un entraînement physique scientifique, contrôlé et adapté à la nature de la souffrance cardiaque, une éducation sanitaire pour une meilleure prévention secondaire (contrôler les facteurs de risque pour ne pas aggraver la maladie avérée ou refaire un autre incident cardiaque), un soutien psychologique et une surveillance médicale.
Concernant l’entraînement physique, on part des bases de la physiologie du muscle strié en particulier celui du cœur, il existe en effet trois principaux systèmes de recharge énergétique, et en fonction de ce qu’on veut développer comme système de recharge on choisit un entraînement précis.
L’éducation sanitaire vise à donner au patient des informations pratiques sur le bon suivi et le traitement des facteurs de risque (hypertension artérielle, diabète, troubles lipidiques, tabagisme, sédentarité, obésité), et sur la nature de l’activité physique qu’il faudra suivre régulièrement par la suite. Le soutien psychologique est souvent indispensable, car la dépression et l’anxiété sont fréquentes après un incident cardiaque.
Les indications actuelles de la réadaptation cardiaque sont bien codifiées,
on retrouve : La Maladie coronaire qui regroupe toutes les conséquences
cardiaques des lésions des vaisseaux du cœur, en partie ou totalement
bouchées.
L’infarctus du myocarde (une partie du muscle cardiaque est nécrosé
en raison d’une artère complètement bouchée, on parle
vulgairement de crise cardiaque). Les suites d’une opération sur
les vaisseaux coronaires (pontage), constituent une indication incontestée
de réadaptation cardiaque.
Au problème coronarien sous jacent s’ajoutent les séquelles
de l’intervention, en particulier sur le plan respiratoire. Après
avoir « déboucher » un ou plusieurs vaisseaux coronariens
(angioplastie). L’angor stable, ou angine de poitrine, due à une
obstruction incomplète d’un ou plusieurs vaisseaux du cœur,
constitue une excellente indication de réadaptation cardiaque.
L’insuffisance cardiaque, de nombreux travaux ont bien montré le
bénéfice et les points d’impact du ré-entraînement
physique chez les patients avec une insuffisance cardiaque stable notamment
quand il existe une désadaptation musculaire à l’effort.
Transplantations cardiaques, Les patients qui ont subi une transplantation cardiaque
ont en général un long passé d’insuffisance cardiaque
évoluée, ayant entraîné une dénutrition et
une amyotrophie considérable.
Certaines atteintes des valves cardiaques opérées
Des programmes de réadaptation cardiaque ont pu être proposés
dans d’autres affections telles que l’hypertension artérielle
légère isolée, et les artériopathies des membres
inférieurs (artères bouchées des membres inférieurs).
Deux méthodes se partagent les différentes techniques d ‘entraînement,
la méthode de l’entraînement continu et la méthode
de l’entraînement fractionné.
L’entraînement continu, est la technique la plus connue et la
plus pratiquée.
Le principe en est simple : effectuer un exercice pendant une durée plus
au moins longue allant souvent de 20 à 40 minutes, il existe un entraînement
continu dit rapide et un autre dit lent. La fréquence cardiaque ne doit
pas dépasser 70 à 80 % de la fréquence cardiaque maximale
autorisée.
L’entraînement fractionné ou par intervalles est un entraînement entrecoupé de périodes de récupération. On a donc la séquence de base : Travail-Récupération-Travail-récupération-Travail-…
Les différents paramètres d’un entraînement physique (intensité, durée, fréquence des répétitions... etc.) sont déterminés à la suite d’une épreuve d’effort avec ou sans calcul de la consommation maximale d’oxygène. Il n’est pas rare de commencer par un type d’entraînement pendant quelques séances avant de passer à un autre, par exemple, commencer avec du fractionné avant d’opter pour un entraînement continu.
La séance de réadaptation s’effectue sous surveillance
médicale clinique et grâce à des appareils de surveillance.
Le moyen d’entraînement est l’ergocycle ou le tapis roulant
électrique. On associe des exercices de kinésithérapie,
et parfois des exercices de relaxation en fin de séance. Le nombre et
le rythme des séances sont définis préalablement par le
médecin réadaptateur.
La réadaptation cardiaque a été inscrite comme objectif
prioritaire en 1994 par l’organisation mondiale de la santé (OMS).
En effet, un grand nombre d’études ont démontré clairement
les effets de la réadaptation cardiaque sur le plan médical et
social. Le travail de synthèse considérable fait aux Etats Unies
d’Amérique par "l’Agency for Healthcare Policy and Research"
basé sur l’analyse par un panel d’une vingtaine d’experts
de toute la littérature publiée jusqu’en 1995, permet de
connaître les objectifs qui sont actuellement considérés
comme scientifiquement atteints (amélioration de la capacité physique,
diminution des symptômes, diminution de la mortalité et morbidité,
amélioration de la qualité de la vie, amélioration de la
confiance en soi, diminution de l’anxiété et dépression,
reprise d’une activité sexuelle normale, amélioration du
retour au travail, diminution des coûts médicaux directs, diminution
de la consommation de médicaments, diminution des réadmissions
à l’hôpital).
L’ensemble des études publiées concernant le risque lié à l’entraînement physique lors de la réadaptation cardiaque montrent que celui-ci est très faible, sous réserve que les patients ont été correctement sélectionnés sur des critères médicaux de sécurité et en respectant les contre indications. (1 événement majeur toutes les 60 000 heures-patients de rééducation) Dans notre pays, la culture, les croyances, l’accès limité et cher aux soins médicaux, et le niveau bas d’éducation sanitaire, représentent un obstacle majeur à une meilleure prise en charge des facteurs de risque cardio-vasculaire. La réadaptation cardiaque par son aspect globale en tant qu’un ensemble thérapeutique comportant : un entraînement physique, des mesures pédagogiques pour une prévention secondaire efficace, un soutien psychologique, et une aide à la réinsertion socioprofessionnelle, représente un complément indispensable au traitement médical classique.
Pr. CHERKAOUI Najib avec le concours du Dr Rachid BENYAHYA spécialiste en médecine physique et de réadaptation
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