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Le matin | Maroc | 13/06/2007
Il ne leur restait à débourser que la modique somme de 600 DH, qui porte l'appellation de « tiers payants » dans le jargon médical. « Mais depuis septembre 2006, la CNOPS a estimé que ce remboursement lui coûtait trop cher et a décidé de le revoir à la baisse. Elle l'a alors réduit à 4.500 DH à un moment où les techniques ont changé et où les moyens sont devenus plus chers.
Qu'il s'agisse du matériel, du consommable ou de la formation. Ce forfait ne couvre même pas les frais de la clinique, de la pharmacie et de l'anesthésie», se plaint un ophtalmologiste, membre du Syndicat national des ophtalmologistes Libéraux du Maroc qui préfère garder l'anonymat. Et d'avouer qu'avec la nouvelle grille de tarification, il est contraint de payer, pour chaque opération, 250 DH de sa poche. Les choses deviennent encore plus compliquées quand il s'agit de traitement au laser, d'angiographies rétiniennes et des actes dits de petite chirurgie.
L'ancienne convention de la CNOPS permettait au patient de bénéficier gratuitement des soins. Il ne payait qu'une petite somme au cabinet. Avec la nouvelle réglementation, il ne peut compter que sur ses propres moyens. « Un patient qui souffre d'une rétinopathie diabétique est appelé à faire plusieurs séances de laser.
Or, avec cette tarification, s'il arrive à tenir le coup durant les
premières séances, il s'essoufflera très vite et finira
par abandonner. Ce qui peut occasionner des complications qui lui coûteront
à lui et à l'Etat encore pus cher», explique la même
source.
Dans cette affaire, c'est le patient qui est le véritable perdant, du
moment qu'il n'a plus la possibilité de bénéficier d'un
traitement de choix.
Les nouvelles conditions empêchent les ophtalmologistes du privé de réaliser une chirurgie de qualité.
Depuis septembre 2006, ils reportent les opérations de la cataracte en expliquant aux patients que les tarifs imposés actuellement ne leur permettent pas de les opérer dans de bonnes conditions, et qu'ils n'ont pas le droit de prendre un complément de règlement, sous peine d'être déconventionnés et surtout d'être passibles d'une amende pouvant aller jusqu'à 50.000 DH par dossier.
Tous ces problèmes et d'autres encore ont été exposés aux organismes de remboursement. Des réunions ont été tenues avec le ministre de l'Emploi, le directeur de L'ANAM (l'Agence nationale de l'Assurance maladie), le directeur de la CNOPS et avec plusieurs représentants au Parlement.
Nulle partie n'a nié qu'il y a effectivement problème et que les tarifs devraient être réétudiés. Mais le changement tarde à venir. « Lors de la commission parlementaire du mois d'avril, la CNOPS s'est engagée à débloquer les problèmes du laser et de l'angiographie. Ils nous ont promis de tout résoudre en une semaine. Il n'en fut rien. Les responsables essaient de gagner du temps. Ils nous inondent de promesses mais rien ne vient.
Ils veulent nous avoir à l'usure ou nous obliger à pratiquer le dessous de table que certains confrères érigent en solution pour équilibrer leurs comptes», renchéri un membre du syndicat. Et là, notre syndicaliste met le doigt sur un phénomène qui, selon lui, fausse toutes les règles du jeu.
En effet, les organismes de remboursement, qui ne sont pas sans connaître
cette pratique, ferment les yeux et les oreilles et refusent de réagir
pour y mettre un terme.
Selon le syndicat, cela leur permet de casser le mouvement de protestation.
Et le ministère de la Santé dans toute cette polémique ?
Le syndicat avoue avoir tenté d'ouvrir le dialogue avec le ministère de tutelle, mais ce dernier l'a renvoyé à l'ANAM qui l'a, à son tour, renvoyé vers la CNOPS.
Ce cercle vicieux a fini par se fermer sur cette entité qui essaye par tous les moyens de pression de sortir cette affaire de l'impasse. Dernièrement, le syndicat a envoyé une lettre ouverte au directeur de l'ANAM et demain, vendredi, un sit-in sera organisé devant les locaux de la CNOPS. Leurs revendications : mettre fin au black-out et briser le silence de la CNOPS. «Nous voulons que nos interlocuteurs nous répondent, par oui ou par non.
Et si la situation dégénère, nous allons nous déconventionner. Nous refusons d'offrir aux citoyens des soins de mauvaise qualité. On est lancé sur des nouvelles technologies et on veut rester sur le même niveau que les Européens. La nouvelle réglementation veut nous ramener à l'ancienne époque. Mais nous ne céderons pas», conclut le syndicat.
Extrait de la lettre ouverte
L'Assurance maladie obligatoire, ne doit en aucun cas se faire au détriment de la qualité de la médecine choisie par notre pays, une médecine, qui a fait des progrès techniques et technologiques considérables.
Ces progrès doivent bénéficier à tous ceux qui sont pris en charge tant par la CNOPS que par la CNSS. (…) Mais toute technique nouvelle, faisant appel à une technicité éprouvée et à un matériel sophistiqué et coûteux, ne peut avoir lieu que dans une structure médicale hautement spécialisée. Refuser de supporter les coûts de la médecine moderne, c'est tout simplement obliger les patients à ne pas bénéficier des progrès actuels. (…) Il faut trouver les moyens et prendre les décisions pour ne léser ni la qualité de notre médecine, ni la qualité des traitements dont doivent bénéficier nos patients, ni les praticiens qui ont lourdement investi pour offrir une médecine selon les normes internationales. Cette médecine, choisie par feu Sa Majesté Hassan II, et dans la continuité, par Sa Majesté Mohammed VI.
Si l'AMO n'est pas en capacité de faire face à ces frais, qu'elle admette que les patients participent à la qualité des soins exigés. (…) Depuis septembre 2006, toutes les chirurgies de cataracte pour les malades affiliés à l'AMO, sont en arrêt, avec une liste considérable de patients.
Malgré toutes les rencontres et toutes les réclamations auprès des autorités de l'AMO, aucune suite n'a été donnée à ce grave problème. Il n'est pas normal de laisser des patients dans une attente prolongée de traitement, ce qui aggrave leur maladie. Soigner des patients en leur redonnant la vue, est pour nous médecins une urgence, il ne faut pas que les responsables de l'AMO négligent ce point important, en contradiction avec le concept même de l'Assurance maladie obligatoire.
Kenza Alaoui
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