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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 12/10/2022
A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté son étude sur la question de la santé mentale au niveau national, en mettant l’accent sur le suicide.
Cette étude réalisée dans le cadre d’une saisine émanant du chef de gouvernement vise à identifier les principaux problèmes et dysfonctionnements à traiter en matière de politique de santé mentale, de prise en charge des troubles mentaux et de prévention du suicide. Selon les résultats de l’enquête nationale relative aux troubles mentaux, 48,9% de la population marocaine enquêtée, âgée de 15 ans et plus, présente ou a déjà présenté des signes de troubles mentaux. Dans son étude, le Conseil pointe du doigt la pénurie des ressources humaines à laquelle fait face le secteur. Le Maroc ne dispose actuellement que de 454 psychiatres et de 2.431 lits réservés aux maladies mentales. Le CESE estime que ces données témoignent du sous-investissement de l’État dans le domaine de la santé mentale.
A ce sujet, il est important de signaler que selon les données de l’OMS au titre de l’année 2021, les budgets de santé nationaux ne consacrent en moyenne que 2% à la santé mentale.
Dans son étude, le CESE relève que «la question de la santé mentale est encore abordée de manière sectorielle, sous le prisme de la maladie mentale, occultant, ainsi, le rôle prédominant des déterminants socioculturels de la santé ». Ces déterminants ont trait à la violence familiale et sociale, les discriminations à l’égard des femmes, les conditions de travail en milieu professionnel, les moyens de protection des enfants, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap ainsi que la persistance de normes sociales préjudiciables et de stigmatisation de la maladie mentale. Au niveau du cadre légal et de l’expertise judiciaire psychiatrique et psychologique, plusieurs insuffisances ont été constatées. A cela s’ajoutent les difficultés liées à l’internement judiciaire en établissement psychiatrique, à titre préventif ou pénal, pour les personnes présentant des troubles mentaux. Ces difficultés sont aggravées par le manque de lits psychiatriques et d’infrastructures.
Pour remédier aux dysfonctionnements en matière de politique de santé mentale, de prise en charge des troubles mentaux et de prévention du suicide, le CESE recommande d’élaborer des politiques et programmes publics concertés de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux et des risques psychosociaux adossés à des indicateurs chiffrés et mesurables et à des études d’impacts sanitaires et sociaux.
Le Conseil suggère aussi de réviser le projet de loi 71-13 relatif à la lutte contre les troubles mentaux, en concertation avec les associations professionnelles et les syndicats des psychiatres, des psychologues, des infirmiers en psychiatrie, les associations d’usagers et la société civile. Il est aussi question de renforcer les garanties juridiques et judiciaires des personnes atteintes de troubles mentaux en vue de prendre en considération leur état de santé et de leur assurer une meilleure protection. Pour cela, il est impératif de faire évoluer le Code pénal et le Code de procédure pénale en tenant mieux compte des spécificités de la maladie mentale et des besoins des patients concernés. Le CESE estime qu’il faut agir sur les risques psychosociaux dans le monde du travail en ratifiant la Convention N°190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement ; en développant la médecine du travail au sein des entreprises et en faisant évoluer le Code du travail en matière de reconnaissance du harcèlement moral. Le Conseil appelle à intégrer les troubles psychiques et mentaux liés aux conditions de travail dans la liste des maladies professionnelles.
Parmi les autres recommandations figurent la révision et la mise à jour de la Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) concernant la prise en charge des troubles mentaux et la tarification nationale de référence qui y est associée, en tenant compte des évolutions médicales de la prise en charge des troubles mentaux et en veillant à une tarification raisonnable. Il s’agit aussi de promouvoir le développement de la profession de psychologue, ce qui implique de définir pour les psychologues un statut juridique et fiscal clair et unique et pour qu’ils soient inscrits dans une liste officielle nationale des psychologues.
« La question de la santé mentale est encore abordée de manière sectorielle, sous le prisme de la maladie mentale, occultant, ainsi, le rôle prédominant des déterminants socioculturels de la santé ».
48,9% de la population marocaine enquêtée, âgée de 15 ans et plus, présente ou a déjà présenté des signes de troubles mentaux.
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