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Maroc Hebdo | Maroc | 20/09/2022
Pour lutter contre la pénurie de médecins anesthésistes réanimateurs dans les hôpitaux, le ministère de la Santé demande aux infirmiers anesthésistes réanimateurs à prodiguer des soins urgents en l’absence de ces derniers. Une décision dénoncée par les spécialistes, qui estiment que les urgences sont ailleurs.
Les médecins anesthésistes et le ministère de la Santé ne parlent plus le même langage. Tout a démarré le 7 septembre 2022. Dans une circulaire adressée aux infirmiers anesthésistes réanimateurs, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, leur demande d’assurer provisoirement les interventions urgentes même en cas d’absence de médecins anesthésistes réanimateurs.
« Dans un contexte général marqué par une pénurie en médecins spécialistes en anesthésie-réanimation, plus particulièrement dans les hôpitaux du secteur public, des infirmiers anesthésistes refusent d’accomplir des actes d’anesthésie ou de réanimation des patients, sans la surveillance directe d’un médecin anesthésiste-réanimateur », indique- t-il. D’après lui, cette attitude de ces praticiens « a un impact négatif sur la continuité des prestations sanitaires dans les établissements publics et prive les citoyens de leur droit d’accès aux soins ».
Mais à y regarder de plus près, ces blouses blanches n’ont peut-être pas tort d’adopter cette démarche, puisque l’article 6 de la loi 43-13 relative à l’exercice des professions infirmières stipule que l’infirmier en anesthésie réanimation « accomplit des actes d’anesthésie ou de réanimation des patients, sous la responsabilité et la surveillance directes d’un médecin anesthésiste-réanimateur ». Sauf que pour Aït Taleb, cette loi « n’est toujours pas entrée en vigueur étant donné que ses décrets d’application ne sont pas encore publiés ». Il va même plus loin en rappelant l’article 20 de la Constitution, qui indique que « le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit » pour expliquer le bien-fondé de sa décision.
Après les explications, place aux menaces. « Le refus d’apporter aide et assistance à un malade ou à une personne en danger constitue un acte incriminé par le Code pénal, dont la peine est plus sévère que la responsabilité civile résultant des actes d’anesthésie proprement dits », indique le ministre. A l’en croire, ces infirmiers anesthésistes ont suffisamment de compétences, à la fois théoriques et pratiques, pour mener à bien le travail d’anesthésie et de réanimation sans mettre la vie des citoyens en danger.
Chez les infirmiers, cette mesure est plutôt bien accueillie. D’après Abdelilah Asaissi, président de l’Association marocaine des infirmiers anesthésistes-réanimateurs (AMIAR), cette décision de la tutelle « rend justice aux infirmiers anesthésistes tout en reconnaissant leurs compétences et le rôle qu’ils assument dans le système de santé ». Pour preuve, rajoute-il, les infirmiers ont tout le temps endossé cette tâche sans aucune couverture juridique face au manque de spécialistes dans les hôpitaux. Mieux, il demande au ministère d’améliorer davantage le niveau des connaissances pratiques et théoriques de ces blouses blanches par le biais de formations continues, et leur assurer un accès aux cycles master et doctorat.
Du côté de leurs collègues médecins, le sentiment est tout autre. Dans un communiqué en arabe de deux pages publié le 9 septembre 2022, la Fédération nationale des médecins anesthésistes du Maroc (FNAR) a dénoncé cette circulaire, qu’elle a « lue avec étonnement, sur les réseaux sociaux ». Des propos qui, selon elle, sont en contradiction avec les recommandations internationales et les études scientifiques.
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