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Hespress | Maroc | 10/09/2022
Le suicide du jeune médecin résident, Dr. Yassine Rachid, a remis sur la table le débat sur le harcèlement et la pression que subissent les étudiants en médecine au Maroc.
Si l’affaire du suicide de ce jeune médecin est entre les mains de la justice aujourd’hui suite à l’ouverture d’une enquête, des étudiants en médecine sont sortis de leur silence pour livrer des témoignages poignants et dénoncer les conditions de formation et la pression qu’ils subissent de la part de certains formateurs ou chefs de service dans les centres hospitaliers du Royaume.
Face à ce silence rompu après cet incident, Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, a livré une analyse pertinente sur ce phénomène ancré dans nos hôpitaux et universités depuis la nuit des temps, et qu’il faut, selon lui, traiter de l’intérieur.
« Nos hôpitaux, facultés, professeurs, médecins et étudiants ont toute la capacité et la volonté de purifier le parcours de formation de ces impuretés et de ces pratiques honteuses en sanctionnant les responsables et en changeant de manière institutionnelle les conditions de formation », avance Dr. Hamdi.
Pour le spécialiste, parler de pression, de harcèlement ou de chantage pendant la formation médicale, était jusque-là un sujet « tabou », jusqu’au déclenchement de cette affaire de suicide.
Dans ce sens, Dr. Hamdi rappelle plusieurs points à prendre en considération et à retenir. Le premier point évoqué est que nos hôpitaux universitaires regorgent de professeurs et de formateurs qualifiés, qui ne ménagent aucun effort pour partager leurs connaissances et leur expérience avec les nouvelles générations.
En parallèle, certains abusent de la profession médicale et de son honneur et détruisent des générations de médecins et de pharmaciens qui sont sous leurs ordres, a-t-il toutefois précisé, notant que cette dernière catégorie ne doit jamais prendre le dessus sur la première.
« La formation médicale dans tous les pays du monde met les médecins sous une pression énorme en termes de conditions de travail, d’horaires et autres facteurs. Si l’on rajoute des conditions de violence institutionnelle ou d’intimidation personnelle de la part des chefs de service, on obtient une bombe à retardement. Le cas du suicide du Dr Rachid Yassine, et s’il est lié ou non à la pression subie lors d’une formation dans l’un des services hospitaliers au Maroc, fait l’objet d’une enquête administrative et judiciaire pour en vérifier les motifs et déterminer les responsabilités », a-t-il souligné.
Cela dit, Dr. Hamdi estime que l’affaire de Dr. Rachid n’est pas un cas isolé, à en croire les témoignages de ses consœurs et confrères, mais plutôt « un phénomène qui nécessite une enquête administrative pour découvrir la crédibilité des accusations d’intimidation, de harcèlement au sein de certains services connus dans les hôpitaux universitaires, et l’ampleur de ce phénomène et de ses manifestations, les véritables raisons et démarches à entreprendre pour sanctionner les responsables, et surtout, développer les mesures à prendre pour éviter la répétition de telles pratiques ».
Selon le spécialiste, la propagation de ce phénomène et le silence des victimes sont principalement dus au fait que l’avenir de ces jeunes médecins dépend de la signature d’un individu qui peut vous priver de l’achèvement de votre formation sans que personne ne le responsabilise. Partant de là, Dr. Hamdi estime que des mécanismes doivent être lancés pour corriger ces déséquilibres.
« L’enjeu aujourd’hui, n’est pas seulement le cas du suicide d’un médecin, ses causes et ses séquelles. L’enjeu aujourd’hui est de savoir comment purifier nos hôpitaux et les lieux où nos médecins sont formés, des pratiques anormales, immorales, illégales, dégradantes qui donnent une mauvaise image de nos facultés de médecine, hôpitaux, professeurs et étudiants. Les pratiques de certains chefs de service, ou ceux qui les remplacent, ou encore leurs adjoints, telles que l’exploitation, le harcèlement, le travail forcé … si certains s’avèrent véridiques, cela est considéré comme un crime contre la noblesse et l’honneur de la profession médicale, ainsi que la profession d’éducation et de formation, voir même contre la patrie », a-t-il tranché.
En ce sens, Dr. Hamdi ne manque pas de citer une étude publiée il y a quelques mois, et qui confirme que 70% des étudiants en dernière année de médecine au Maroc envisagent d’émigrer à l’étranger, dont les deux tiers sont des femmes.
Mais pas que ! La même étude souligne que le problème de la formation médicale au Maroc constitue 97,6 % des raisons qui poussent les futurs médecins à immigrer, a rappelé Dr. Hamdi, notant que « les responsables de ces pratiques contribuent à vider le Maroc de ses cadres médicaux, ce dont nous avons désespérément besoin ».
« La réforme des conditions de formation des médecins en termes de situation financière, d’encadrement médical et de conditions sanitaires et psychologiques sûres, fait partie intégrante des efforts de notre pays pour limiter et contrôler l’immigration des médecins à l’étranger, et est partie intégrante du succès de nos ambitieux chantiers de généralisation de la couverture médicale ainsi que la réhabilitation du système national de santé », a conclu Dr. Hamdi.
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