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Les éco | Maroc | 01/07/2022
Tous les ingrédients sont réunis pour hisser le Maroc au rang des pays les plus développés en termes de Healthtech. Le livre blanc sur la e-santé indique que le capital humain, la performance en innovation et la production de la connaissance et de la technologie sont des atouts majeurs qu’il faut utiliser à bon escient.
Le constat est sans équivoque. Le système Healthtech au Maroc peine à prendre. C’est ce qui ressort du livre blanc sur la e-santé, réalisé par l’Université Mohammed V de Rabat et le cabinet Buildfluence, qui a dressé un état des lieux. Entre réformes ambitieuses et défis réels, le fossé est abyssal.
En effet, malgré les prouesses réalisées en matière de digitalisation, le volet e-santé est relégué au second plan. L’analyse apportée par les experts qui ont pris part à la réalisation de ce livre blanc s’accordent à dire que le développement rapide des nouvelles technologies de l’information et de la communication durant les deux dernières décennies a, certes, bouleversé plusieurs secteurs économiques, mais le constat est particulièrement différent pour le secteur de la santé qui n’a pas tiré suffisamment profit de la révolution numérique.
Preuve en est le positionnement du pays au niveau mondial et régional en matière d’investissement dans l’écosystème de startups. Selon le centre de recherche des écosystèmes des startups dans le monde, le Maroc est classé au 10e rang des pays africains et 3e en Afrique du Nord en termes d’investissement dans les startups technologiques, lequel n’excède pas 8%.
Toutefois, le Maroc occupe la 95e position dans le ranking mondial et risque de sortir du top 100, en 2023, d’après des plateformes spécialisées.
Cependant, du côté de l’écosystème de santé digitale, l’environnement des technologies de la santé demeure très modeste et ne compte que quelques expériences singulières émanant d’initiatives isolées. Malgré des signes de progrès boostés par la Covid-19, la Healthtech n’a pas eu son lot d’évolution.
En fait, c’est l’ensemble de l’écosystème des startups qui reste généralement en deçà de son potentiel. L’analyse avancée par le livre blanc indique qu’en comparaison avec d’autres pays tels que la Turquie, l’Égypte ou encore le Kenya, les levées de fonds réalisées par les startups marocaines restent dérisoires (entre 3 et 4 millions de dollars).
Tandis que dans ces pays, les fonds levés peuvent atteindre plus de 150 millions de dollars. Mais au grand dam des experts, ce n’est pas les ingrédients qui manquent pour se hisser au rang de ces pays.
En effet, les résultats d’une étude biennale, menée par le département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, sur le développement digital, réalisée auprès de 193 pays, dénote que le royaume possède des capacités importantes pour exceller dans les technologies notamment de la santé.
Ces potentialités se traduisent dans le capital humain qui serait source d’innovation, toujours selon les appréciations des indicateurs internationaux. L’indice y afférent se situe au-delà de la moyenne régionale et demeure proche de la moyenne mondiale. Sur la même lignée, le Maroc obtient les meilleurs résultats dans la production de la connaissance et de la technologie (knowledge & technology outputs).
Or, sa performance la plus faible, qui peut être considérée comme une lacune en matière d’attractivité, se situe dans la facilitation des affaires par rapport aux autres pays de la région. En d’autres termes, l’animation de l’écosystème des startups fait défaut.
Résultat des courses, le Maroc dispose d’un environnement propice à l’émergence de la Healthtech, caractérisé par un capital humain développé, une production de connaissance et de technologie accrue et une performance en matière d’innovation par rapport au PIB supérieure aux attentes pour son niveau de développement, selon l’indice WIPO-GII.
Certes, les indicateurs sont au vert, mais l’effort consenti n’est toujours pas au point, à quelques exceptions près. Lancé en 2019, le partenariat entre le ministère de tutelle et la Société marocaine de télémédecine (SMT) commence à donner ses fruits après une expérience pilote concluante. Aujourd’hui, le projet prend son envol pour toucher à terme plus de 120 localités enclavées et sous-médicalisées.
Dans la même perspective, le programme national a permis à plusieurs régions sanitaires d’initier des projets de système d’information hospitalier afin de rattraper le retard. Par ailleurs, une feuille de route a été élaborée pour le développement de projets stratégiques. Ceci dit, les premières mesures stratégiques de santé numérique ne vont faire leur apparition dans le plan Santé qu’à partir de 2025.
A noter que la Heathtech revêt une importance capitale dans le sens où elle permet de faciliter l’accès à l’information et par conséquent aux soins aux populations les plus défavorisées. A titre indicatif, le marché mondial de la santé digitale est estimé à 234,5 milliards de dollars, avec une prévision de 600 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 160% par rapport à 2019.
Et le Maroc a toutes les chances de son côté pour se remettre au diapason. Dans ce sens, le livre émet des recommandations sur différents axes. A titre d’exemple, établir une politique intégrée de la santé digitale pour le pays. En ce qui concerne l’écosystème startups, le rapport insiste sur l’animation des startups de e-santé et leur sensibilisation à l’adoption d’une démarche d’accroissement et de visibilité à l’international en se faisant référencer sur les plateformes spécialisées et en créant des partenariats avec des acteurs de notoriété.
En matière de gouvernance, la simplification de procédures administratives s’impose dans le but de stimuler les investissements nationaux et étrangers. Le livre blanc préconise également la création d’une agence nationale dédiée à la santé digitale.
Maryam Ouazani
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