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Revue de presse

Interview avec Pr Tayeb Hamdi : « Il faut repenser notre relation avec l’animal »

L'Opinion | Maroc | 16/06/2022

Un nouveau cas suspect de variole du singe a été détecté au Maroc. S’il se confirme, il s’ajoutera au premier cas déclaré le 2 juin. Ce qui est sûr, c’est que cette variole pousse à repenser la relation Homme-animal.

Le Maroc a enregistré, à ce jour, un cas confirmé et un autre suspect de variole du singe ainsi que sept autres cas suspects qui se sont révélés négatifs. MonkeyPox laisse-t-il repenser le lien entre l’homme et l’animal ?

C’est là toute la question. Si l’ère qui arrive est celle des pandémies, de plus en plus d’infections vont se généraliser et se transformer en pandémies. Depuis 30 ans, on vit déjà une épidémie tous les 3 ou 4 ans, à l’instar du H1N1, SAR 2003, … Des études ont montré qu’entre 1960 et 2004, 365 maladies ont émergé, dont 60% sont d’origine animale. Pour prévenir d’éventuelles nouvelles pandémies, il faut repenser notre relation avec l’animal et l’environnement en général. C’est pourquoi on parle de santé planétaire. Il y a une santé commune entre l’être humain, la faune et la flore.

Qu’est-ce qui caractérise la transmissibilité des virus, dont la variole du singe, de l’animal à l’Homme ?

Il y a plusieurs manières de transmissibilité des virus. Il convient de souligner que chaque espèce animale et humaine a ses propres virus, qui circulent normalement entre les membres de la même espèce. Parfois, des virus font un saut d’espèces, pour toucher les membres d’une autre espèce. Quand il s’agit d’une maladie d’origine animale, on appelle cela une zoonose.

Chez les humains, il y a des virus qui se transmettent directement de l’animal à l’Homme, communément appelée transmission zoonotique, et une transmission interhumaine, qui passe notamment à travers les rapports sexuels ou le sang. Pour la variole du singe, c’est une transmission d’un animal infecté à l’Homme. Ces animaux se trouvent essentiellement dans le centre de l’Afrique et l’Afrique de l’Ouest, dans certaines forêts tropicales et zones humides. Soit, il s’agit d’une transmission de l’Homme à l’Homme, qui nécessite un contact intime, un face à face de plus de 2 heures, ou d’être en contact avec les vésicules qui sortent de la peau de la personne malade.

Monkeypox et Coronavirus, à l’instar de multiples virus, existent déjà. Mais, du jour au lendemain, ils refont surface et se propagent à vive allure. Ne pensez-vous pas que des personnes, ou laboratoires, sont derrière de telles propagations ?

Cela ne se passe pas du jour au lendemain. Les virus ont une longue histoire d’évolution et de mutation avant de se propager. Maintenant, nous sommes dans un monde globalisé, où les voyages facilitent et accélèrent cette transmissibilité. Si un laboratoire ou une personne sont derrière cette propagation, on parle de bioterrorisme. Il peut y avoir un jour une fuite accidentelle des virus étudiés dans des laboratoires. C’est pourquoi les critères de sécurité sont de plus en plus rigoureux dans les laboratoires. Il ne faut pas jeter la responsabilité sur le complotisme pour cacher nos échecs humains

La théorie du complot est-elle envisageable ?

Les théories du complot ont déjà existé et ne cesseront jamais. Elles ont toujours accompagné l’Histoire de l’humanité. Les conditions les plus propices aux théories du complot sont les crises, qu’elles soient économiques, sociales, politiques, ou encore sanitaires… Ces théories expliquent d’une manière irrationnelle, illogique et non scientifique des faits qui ont des origines et des explications scientifiques. La science est basée sur l’évidence et la preuve, mais pas sur les sentiments et les théories du complotisme.

Vous affirmez dernièrement qu’il n’y a pas de traitement spécifique pour ce virus, ni de vaccin. D’autres vaccins et traitements sont-ils efficaces ?

Il n’y a pas de vaccin ou de traitement spécifique à la variole du singe. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de traitement ou de vaccin antiviral qui a été étudié, ou des essais cliniques produits spécialement pour la variole du singe.

Pour la simple raison qu’il y avait quelques cas de la variole du singe de petites régions du monde où ils sont transmis de l’animal à l’Homme avec des cas très localisés. Il n’y avait pas de recherche spécifique sur ce virus. Mais on a des vaccins qui sont fabriqués contre la variole humaine, qui est une maladie virale dont le virus ressemble à la variole du singe.

Des études ont montré qu’ils sont efficaces à 85% contre la variole du singe. On a actuellement des vaccins et des antiviraux qui sont efficaces contre la variole du singe, mais qui étaient destinés à combattre une autre maladie. C’est pourquoi nous avons dit qu’il n’y a pas de traitement spécifique.

En cas d’augmentation du taux de transmissibilité de ce virus, quelles solutions sont-elles envisageables ?

A chaque problème il y a une solution. Sur le plan scientifique, rien ne montre que le virus de la variole du singe a connu des mutations. Les études génétiques préliminaires, qui sont toujours en cours, ou encore l’analyse épidémiologique des cas d’infection n’ont pas montré de mutation de ce virus. On ne s’attend pas à ce qu’il y ait plus de transmissibilité. On s’attend à ce qu’il y ait plus de cas liés au contact humain et de voyage. On va donc rester sur des chaînes de transmission qui seront contrôlables et une vaccination qui ne va contacter que les personnes contact à risque.

Recueillis par Safaa KSAANI

Les dernières précisions d’Ait Taleb

Le Maroc a enregistré, à ce jour, un cas confirmé et un autre suspect de variole du singe alors que sept autres cas suspects se sont révélés négatifs, a annoncé, mardi 14 juin à la Chambre des Conseillers, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb.

En réponse à une question orale portant sur « la veille et la riposte contre la variole du singe » posée par le groupe istiqlalien « Pour l’Unité et l’Egalitarisme », Ait Taleb a relevé que son département a grandement bénéficié de l’expérience qu’il a accumulée dans la lutte contre la Covid-19 et Ebola pour faire face aux virus et aux maladies par la vigilance et la veille, puis le diagnostic et le suivi des cas.

Le ministre a fait savoir qu’un plan a été élaboré au niveau régional pour suivre les cas potentiels, notant que les unités relevant du ministère au niveau des postes frontaliers effectuent facilement le diagnostic des cas suspects de « variole du singe » et peuvent alerter le ministère de la Santé pour prendre les mesures qui s’imposent au niveau régional. Ces mesures consistent à confiner les personnes infectées chez-elles et à les traiter en fonction de leurs symptômes, a-t-il précisé, soulignant qu’ « il n’y a pas de traitement spécial pour le Monkeypox ».

La détection du Monkeypox au Maroc se fait par le diagnostic clinique et de laboratoire, a expliqué le responsable gouvernemental, précisant que quatre laboratoires ont été réservés à cet effet, à savoir le laboratoire national de prévention, le laboratoire militaire de Rabat, le laboratoire militaire de Marrakech et l’Institut Pasteur à Casablanca.

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