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Revue de presse

Interview avec Pr Jallal Toufiq : « La tramdina est un mal-être qui peut être objectif ou subjectif »

L'Opinion | Maroc | 17/04/2022

Que l’on soit « addict » au café, à la nicotine, à l’alcool… ou pas, on peut être atteint par la fameuse “tramdina” rattachée au jeûne, laquelle rend irascible, fatigué, migraineux ou tremblotant, les premiers jours du mois sacré. Explications du Pr Jallal Toufiq.

Comme à l’accoutumée, des scènes de violence sont observées dans les rues pendant Ramadan et qui sont largement partagées sur les réseaux sociaux. Pourquoi qualifie-t-on ce phénomène de “tramdina” ? Comment expliquez-vous le lien qui existe entre la violence et le jeûne ?

Tramdina n’est pas forcément la violence. C’est un ensemble de comportements. Cela peut aller de la brutalité, en passant par la colère, en arrivant au passage à l’acte agressif ou violent. C’est aussi un autre type d’agression, notamment verbale, comportementale (lorsqu’on brûle le feu rouge, on ne fait pas la queue, on klaxonne beaucoup) c’est tramdina, qui exprime une sorte de mal-être pendant le mois de Ramadan. La tramdina est un mal-être qui peut être objectif ou subjectif.

Quels sont les facteurs psychologiques ou nutritionnistes qui favorisent ce phénomène ? Est-ce vraiment l’effet du ventre vide ou du manque de sommeil ? Est-ce que le manque de sucre est l’une des causes méconnues de la tramdina ?

Parfois c’est dû au jeûne et à son environnement. A titre d’exemple, le sevrage au tabac provoque des problèmes d’irritabilité et de nervosité qu’on appelle dans notre jargon un manque de nicotine, peut expliquer un certain nombre de troubles d’humeur dans le sens de la colère, d’instabilité émotionnelle…

Aussi, le manque d’alcool chez certaines personnes, de drogue, notamment le haschisch… peuvent entraîner des comportements d’exaspération, de sentiment de nervosité, d’angoisse, d’irritabilité, de colère, de passage de l’acte agressif à violent. Autre chose, qui est aussi de l’ordre de l’objectivable, qui est due aussi au Ramadan, et à laquelle les gens ne font pas attention, c’est le manque de sommeil. Il faut savoir que Ramadan ampute de façon extrêmement draconienne sur la durée du sommeil normale, de sorte que les Marocains dorment très peu pendant le Ramadan. Ils s’inscrivent dans ce qu’on appelle une dette de sommeil, qui est responsable de troubles de comportement.

L’autre chose qui bloque et qui est en rapport avec le Ramadan sur le plan médical, est la situation du métabolisme, notamment les changements de la glycémie, du sucre dans le sang qui entraîne aussi des changements d’humeur. Concernant les éléments subjectifs, et qui relèvent du magnétisme, on peut relever ce comportement : à partir du moment où tout le monde brûle le feu rouge, on se croit permis de le brûler également.

A partir du moment où les gens crient, parce que c’est Ramadan, ça justifie le fait de crier et ça me donne “ce droit”. On justifie ces comportements par Ramadan, ce qui fait qu’on se laisse aller dans des comportements de nervosité. Le Ramadan devient donc ce cadre qui va légitimer les troubles de comportement.

A quel point ce phénomène prend-il de l’ampleur dans le contexte socio-économique que nous traversons marqué par l’impact de la crise sanitaire et la hausse du coût de la vie ?

Tous les comportements humains se nourrissent de facteurs environnementaux. C’est ce qu’on appelle les facteurs externes du comportement. Cela comprend tous les facteurs de la cherté de vie, de l’inflation, de la hausse du prix des carburants, augmentant le stress chez la personne.

Quand le stress se prolonge, on tombe dans le stress chronique. Il augmente à son tour les comportements d’irritabilité et de mauvaise humeur, d’instabilité et parfois d’agression. Et puis des facteurs internes. Parmi ces derniers, qui exaspèrent le comportement, tout ce qu’on a vécu suite à la propagation de la Covid-19. Cette pandémie a augmenté la prévalence dans le monde de troubles anxieux et de troubles dépressifs.

Forcément, lorsqu’on a quelqu’un qui est déjà prédisposé à la “Tramdina” et qu’en même temps, la Covid qui a augmenté son angoisse et sa dépression, ces comportements vont se multiplier. L’autre chose qu’entraîne la Covid c’est cette notion de doute, d’hésitation et d’inconnu par rapport à comment les choses vont évoluer. L’inconnu est l’ennemi numéro un de l’être humain. Cela entraîne aussi cette incertitude et angoisse par rapport au présent et à l’avenir, ce qui augmente plus le comportement de la tramdina.

Comment peut-on maîtriser ces comportements pour atteindre l’objectif ultime du jeûne qui n’est autre que de s’approcher de Dieu ?

C’est compliqué dans la mesure où vous avez les dimensions individuelle, collective et sociale. Au niveau du groupe, c’est compliqué d’aller faire de la psychopédagogie à chaque citoyen. D’ailleurs, c’est le rôle de la famille, de l’école et des institutions.

Par contre, sur le plan collectif, il est très important qu’on ne soit pas permissifs pendant Ramadan. Ce mois sacré doit être une circonstance atténuante et non pas aggravante. On doit faire preuve de beaucoup de discipline, de piété, de quiétude et de foi. Il y a aussi le rôle des mosquées où on va plus souvent pendant Ramadan que par les temps normaux. Elles doivent jouer le rôle de pédagogie et d’interlocuteur de la société à travers (lwa3d wal irchad). Chaque professionnel doit jouer son rôle. Il faut qu’on accompagne les personnes qui sont dans des manques de nicotine, de drogues.

Vous venez d’évoquer l’accompagnement des personnes en manque de drogue, comment peut-on les assister ?

Cette responsabilité incombe à tout le monde, à commencer par le médecin généraliste en terminant par les addictologues dans les services d’addictologie, en passant par des psychiatres, addictologues ou non, et la santé scolaire, entre autres intervenants.

Recueillis par Safaa KSAANI

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