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Hespress | Maroc | 25/02/2022
Dans le cadre de la mise en place d’une nouvelle stratégie nationale, le ministère de l’Enseignement Supérieur prévoit la révision de la période de formation en médecine, jugeant adéquat de la réduire à 6 ans au lieu de 7 ans. Une réforme qui vise à répondre au défi de la généralisation de la couverture sociale, mais aussi à la pénurie des médecins qui frappe le Maroc. Est-ce la bonne stratégie à suivre ? Quels sont les moyens à déployer pour accompagner cette réforme ? Hespress Fr s’est entretenu avec deux experts, notamment un ancien professeur universitaire à ce sujet.
Joint par notre rédaction, Abderrahim Chab, du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) nous indique qu’il avait déjà préconisé la réduction des années de formation en médecine dans son livre « Les bases de la réforme du système de santé au Maroc », chose qui peut être « attrayante » selon lui pour les jeunes Marocains puisque c’est « faisable ».
« Au Maroc, il y a beaucoup de matières qui sont enseignées à la faculté, mais qui ne servent à rien du tout dans la pratique médicale. Aujourd’hui, il préconise la réduction des années de formation en médecine, c’est une bonne chose, mais ça reste une solution à moitié. Parce que l’autre moitié, c’est rémunéré convenablement le médecin, après l’achèvement de sa formation, lui fournir les moyens pour travailler (équipements, infrastructures, etc.), vu qu’on ne peut pas demander aux médecins de faire l’impossible face au manque de moyens », estime cet ancien professeur universitaire.
Tout en proposant de faire un Benchmarkin des pays ayant opté pour la réduction du nombre d’années d’études en médecine et qui ont même réussi ce défi, Dr Chab cite l’exemple de « Cuba qui est le meilleur modèle international qui a bien réussi à faire une formation de 5 ans en médecine, et sortir des médecins de qualité et de très haut niveau. D’ailleurs, les Américains font leurs études de médecine à Cuba », souligne l’expert.
C’est donc une question de pédagogie, de savoir-faire et de programme qui doit changer estime Dr Chab. « Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin d’aller à la faculté pour faire un cours. Tout est sur internent, donc a plus besoin de mur, mais de pratique », dit-il.
En effet, ce membre du CNOM estime qu’il est préférable que l’étudiant en médecine passe dès sa première année à la pratique médicale, même s’il reconnaît que cela est un peu difficile à digérer.
« On va nous dire qu’il n’y a pas assez d’hôpitaux, etc. Mais, il ne faut pas oublier qu’on a le secteur libéral sur qui on peut compter, il y a des cliniques et des cabinets de qualité et de hauts niveaux et des professeurs d’excellence. L’état peut faire une convention ou un contrat avec le secteur privé pour permettre une pratique médicale quotidienne des étudiants et faire sortir des médecins de qualité. Mais le problème qui se pose, c’est que les responsables au gouvernement ne se mettent pas à table avec les professionnels du secteur pour leur donner les astuces. Il s’agit d’un sujet très délicat qu’on ne peut résoudre en votant des lois au parlement, et passer des décrets qui ne correspondent à rien », dénonce-t-il.
À cet effet, Dr Chab estime qu’il est urgent d’ouvrir un dialogue social avec les syndicats les plus représentatifs du secteur ainsi que les praticiens « pour qu’on puisse arriver à des solutions très positives et sortir le Maroc de cette crise », conclut-il.
Même son de cloche du côté du Dr Moulay Said Afif, président de la Société marocaine des sciences médicales (SMSM), qui estime que c’est une bonne idée de réduire la période de formation en médecine tout en motivant les médecins du public comme du privé.
Selon Dr Afif, la réduction des années d’études en médecine devrait être accompagnée par une intensification de la formation en plus de la diversification des terrains de stage au profit des étudiants.
« Aujourd’hui, les étudiants sont confrontés à des terrains de stage inexistants. On trouve un service avec plusieurs étudiants pour un seul malade. Raison pour laquelle il faut diversifier les terrains de stage en mettant à disposition les hôpitaux périphériques voire même les cabinets et cliniques privés qu’il faudra accrédités pour qu’ils deviennent également des terrains de stage », préconise l’expert.
Pour offrir une formation de qualité aux futurs médecins, Dr Afif recommande de profiter de l’expertise et le savoir des professeurs qui sont partis à l’étranger et qui peuvent donner un coup de main, avant de préciser que « ce n’est pas une dizaine de professeurs dans chaque université qui vont faire changer les choses ».
Par ailleurs, le président de la Société marocaine des sciences médicales rappelle la douloureuse réalité des Centres hospitaliers universitaires (CHU) au Maroc qui sont censés fournir des stages aux étudiants en médecine, et dont le Maroc dispose de 7 uniquement dans tout le territoire.
« Nous avons encore 5 régions qui ne disposent pas de CHU, ce qui peut également provoquer des problèmes quant à la formation des futurs médecins. Maintenant, en plus de la réduction de la période de formation, il faut mettre en place les moyens pour que ses médecins puissent travailler convenablement, et il faut aussi les motiver, que ce soit dans le secteur privé ou public », conclut Dr Afif.
Khadija KHETTOU
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