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H24 info | Maroc | 12/01/2022
Le variant Omicron, moins virulent et plus transmissible, a propagé l’espoir d’atteindre l’immunité collective et sortir enfin de la pandémie de covid-19. Est-ce un scénario possible ? Réponse avec deux experts, Pr. Kamal Marhoum, épidémiologiste et chef du service des maladies infectieuses au CHU de Casablanca, et Dr. Tayeb Hamdi, médecin généraliste et chercheur en politiques et systèmes de santé.
« L’immunité collective, tout le monde court après et elle est difficile à atteindre d’autant plus que le variant Omicron se transmet énormément. Son R0 est très proche de 10. Le pourcentage de la population qui doit être immunisé augmente avec l’augmentation du R0. Or, le calcul qui avait été fait initialement et qui concernait les premières souches qu’on avait et qui disait qu’il était suffisant de vacciner 60/65% de la population, c’était quand on parlait d’un R0 entre 2 et 3. Maintenant, c’est complètement différent. Cela veut dire que si on veut atteindre l’immunité collective, il faut que plus de 90% voire même 95% de la population soient immunisés », explique Pr Kamal Marhoum, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Casablanca.
« Ce qu’on peut dire maintenant, c’est qu’en combinant l’immunité post-vaccinale et l’immunité naturelle qui est en train d’être acquise maintenant très rapidement avec ces contaminations importantes, on pourrait peut-être dire qu’on pourrait atteindre cette immunité. Cela reste vraiment au conditionnel », prévoit l’épidémiologiste. « Ce sera une hypothèse à vérifier par tests sérologiques et au niveau du terrain en observant si les gens continuent à se contaminer ou pas ».
De son côté, Dr Tayeb Hamdi estime qu’on ne pourra atteindre l’immunité collective telle qu’elle est définie par l’épidémiologie. « Il faut oublier cette idée », estime-t-il. L’immunité collective est l’immunisation de la population soit par la vaccination soit par la maladie de manière à freiner la circulation du virus et protéger les personnes non immunisées/vaccinées.
« Or, même les personnes déjà immunisées et/ou vaccinées peuvent être réinfectées, ceci est beaucoup plus vrai avec le variant Omicron, donc on ne peut pas compter sur la vaccination d’une partie de la population pour freiner le virus, même si trois doses vaccinales protègent de l’infection de 70 à 80%, c’est très bien. Mais cela veut dire qu’on a déjà 20 à 30% de la population qui malgré les trois doses seront réinfectées, mais sans cas graves », explique Dr Hamdi. Sans compter les personnes non vaccinées qui ne peuvent pas compter sur la vaccination des autres pour se protéger et peuvent également attraper le virus, insiste-t-il.
« Avec Alpha et Delta, on sait que la barrière était déjà très haute à atteindre avec un R0 compris entre 6 et 8, soit plus de 85% de la population à immuniser, soit quasiment la totalité de la population. L’immunité collective à proprement parler ne va donc pas dans ces conditions freiner le virus avec Delta et encore moins avec Omicron, car même chez les personnes immunisées, le virus va continuer à se propager et le risque de réinfection est 5,2 fois plus élevé qu’avec Delta », poursuit le médecin.
Immunité populationnelle plutôt que collective
Plutôt que sur l’immunité collective, Dr Hamdi explique qu’il faut compter davantage sur une « immunité populationnelle » acquise grâce à la « vaccination collective » et le strict respect des gestes barrières. « On n’a plus peur des formes graves car la majorité des personnes sont vaccinées. Elles seront très rares dans la société car même si le virus circule, il va trouver des gens soit vaccinés soit qui ont déjà eu le covid », abonde l’expert.
Concrètement, la différence réside dans le fait que l’immunité populationnelle ne va pas freiner le virus comme l’immunité collective, et ne protège pas non plus les personnes non vaccinées ou non immunisées. « Elle va toutefois protéger une grande partie contre l’infection et contre les formes graves », précise-t-il.
Selon Dr Hamdi, la sortie de pandémie sera possible en 2022 grâce à la vaccination qui protège hautement contre les formes graves. « Le scénario possible : soit Omicron perdure, soit on devra faire face à un variant plus transmissible. Les personnes âgées ou à risques auront certainement besoin de rappels plus que les jeunes. On aura également accès à des antiviraux, des lits de réanimations, qui sont des armes supplémentaires dans la lutte contre la pandémie ».Et de conclure : « La sortie de la pandémie est plus que possible avec la vaccination de la population, les mesures barrières et avec Omicron qui est moins virulent que les autres variants. Si on arrive à passer cette vague sans beaucoup de réanimation, on va en sortir avec une population soit immunisée par la vaccination soit avec Omicron. Si ce variant est moins virulent, il faut saisir cette occasion en notre faveur avec la vaccination et les mesures barrières. »
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