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L'Opinion | Maroc | 16/11/2021
Au Maroc, 12,4% des Marocains de plus de 18 ans sont atteints de diabète, une pathologie qui nécessite un traitement et une prise en charge à vie, pas toujours simple à gérer. Toutefois, la recherche en la matière avance et promet un réel changement au niveau de la gestion de la maladie.
A l’instar de la communauté internationale, le Maroc a célébré, le 14 novembre 2021, la Journée Mondiale du Diabète, l’occasion de remettre la question aux devants de la scène suite à la disruption majeure qu’a engendrée la pandémie.
Cette année, cette manifestation vient après près de 2 ans de pandémie, qui n’a pas seulement entraîné une forte proportion de personnes atteintes de diabète parmi les patients hospitalisés présentant des manifestations graves de Covid-19 et parmi ceux qui ont succombé au virus, mais a également entraîné de graves perturbations au niveau des services de traitement du diabète.
« Le diagnostic tardif du diabète est handicapant aussi bien pour le patient et sa famille que pour le système de santé», souligne Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé. Cette date représente également l’occasion pour sensibiliser les personnes atteintes de cette maladie chronique et leurs familles, sur les différentes manières d’accompagner les diabétiques et les dernières innovations pour faciliter leur vie quotidienne.
La Journée Mondiale du Diabète de cette année se déroule à la fin d’une année qui a été intense en matière de plaidoyer mondial pour le diabète. L’OMS et ses partenaires ont profité du 100ème anniversaire de la découverte de l’insuline pour souligner l’énorme fossé entre les personnes qui ont besoin d’accéder à l’insuline pour contrôler leur diabète, ainsi qu’aux technologies essentielles telles que les lecteurs de glycémie et les bandelettes réactives, et celles qui ont réellement accès à ces services.
Amateurs de plats sucrés, les Marocains sont menacés par l’une des 10 maladies chroniques les plus mortelles jamais répertoriées. M. Hamdoun Lhassani, président de la Société marocaine d’endocrinologie diabétologie et nutrition (SMEDIAN), avait déclaré que le nombre de personnes diabétiques dans le monde connaît une hausse proportionnelle, pour avoisiner actuellement les 400 millions malades, et que 50% de personnes sont diabétiques sans le savoir.
Au Maroc, le coût de prise en charge de cette maladie est « très élevé », et la situation est d’autant plus préoccupante que la couverture médicale ne couvre pas la totalité de la population (62%), indique le rapport de la Stratégie Nationale Multisectorielle de Prévention et de Contrôle des Maladies Non Transmissibles (MNT) 2019 –2029, soulignant « la lourdeur du fardeau assumé par les ménages et la gravité des retombées sociales et économiques ».
Dans ce sillage, M. Mohamed Salami, Président du groupement des pharmaciens La Ruche, appelle l’Exécutif à « la généralisation urgente de la couverture sociale afin d’améliorer de manière concomitante l’offre et la demande de soins ». La Stratégie Nationale s’est ainsi fixée pour objectif d’assurer une accessibilité de 80% des médicaments essentiels et des technologies de base (génériques compris) nécessaires pour traiter l’hypertension et le diabète.
S’agissant de la prévalence du diabète chez les personnes âgées de 18 ans et plus, 12,4% des marocains sont diabétiques, estime l’OMS. Au niveau du système sanitaire, le pharmacien reste le premier interlocuteur santé du patient. Il représente pour les patients diabétiques une des étapes majeures de leur parcours de soins, à savoir leur première porte d’entrée.
« Les responsabilités du pharmacien devraient ainsi être élargies pour faciliter l’accès aux soins et permettre une prise en charge plus efficace et pérenne en matière de prévention, d’accompagnement et de coordination. Il faudrait également développer des politiques publiques fortes et renforcer durablement le système de santé marocain et sa manière de gérer les maladies chroniques », nous indique M. Mohamed Salami.
La Stratégie Nationale Multisectorielle de Prévention et de Contrôle des Maladies Non Transmissibles, qui vient dans un contexte mondial marqué par l’engagement des Etats membres des Nations Unies dans la prévention et la maîtrise des MNT en les définissant comme des priorités du développement durable, a également pour objectif de déployer « les médicaments essentiels et technologies de base pour traiter les principales MNT », notamment le diabète.
Dans le but de réduire de 15% l’augmentation de la prévalence du diabète, ce plan appelle les acteurs du domaine à « redoubler d’efforts pour utiliser les technologies de l’information et de communication, y compris la e-santé et la télésanté, ainsi que d’autres solutions innovantes, notamment en promouvant le partenariat public-privé (PPP) pour accélérer les actions ambitieuses de prévention et de lutte contre les MNT », ainsi que la mise en place de « soins hautement spécialisés à prodiguer au niveau des centres hospitaliers régionaux et/ou interrégionaux, nécessitant un plateau technique et des traitements innovants ».
Kawtar CHAAT
La technologie a progressé ces dernières années et les capteurs de glucose intelligents ont facilité le traitement du diabète. Le leader actuel du marché est un outil appelé « Free Style Libre » de la société américaine Abbott. Il est utilisé par trois millions de personnes dans plus de 50 pays, dont le Maroc. Le petit capteur circulaire se fixe à l’arrière du bras. Ensuite, il devrait être vérifié sur un smartphone pour le niveau de glucose dans le sang. Il existe également des médicaments et des technologies en cours de développement pour traiter le diabète tel que les systèmes de pancréas artificiel.
Sans doute, ces technologies entraînent une véritable révolution médicale dans le monde, mais ces outils ne sont ni entièrement,ni partiellement remboursés par le système de santé marocain, déclare M. Mohamed Salami, soulignant que ces technologies ne sont pas abordables pour tout le monde. D’ailleurs, même les dispositifs traditionnels comme les autopiqueurs sont relativement coûteux. «Il ne suffit pas de développer les technologies médicales, il faudrait également avancer vers la couverture sanitaire généralisée, et la mise à niveau du système de santé marocain», allègue le spécialiste.
« La pandémie de Covid-19 finira par s’estomper, mais l’on prévoit que l’Afrique enregistre dans les prochaines années la plus forte hausse de l’incidence du diabète dans le monde », a déclaré Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, dans un communiqué publié le 11 novembre.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a également souligné que «l’Afrique est le continent comptant le plus grand nombre de personnes qui ne connaissent pas leur statut pour le diabète», avec environ 70 %. La forte incidence du diabète de type 2, majoritaire en Afrique, est notamment attribuée à une mauvaise alimentation et à des modes de vie sédentaires.
L’OMS déplore les « difficultés » rencontrées par l’Afrique à prioriser la vaccination des patients diabétiques, comme cela s’est produit dans de nombreux pays. «L’accès aux vaccins reste limité », révélant que seulement 6,6 % de la population africaine est vaccinée contre une moyenne mondiale de 40 %, indique le communiqué.
«Neuf mois après le début des campagnes de vaccination contre la Covid-19 en Afrique, nous sommes encore loin de l’objectif que nous nous sommes fixé concernant la protection de nos groupes les plus vulnérables», a déclaré Mme Moeti, appelant à «intensifier la vaccination (...) destinée aux personnes à haut risque, y compris celles qui sont atteintes de diabète».
Pour sensibiliser à l’une des maladies les plus mortelles au Maroc et dans le monde, la Journée Mondiale du Diabète de cette année, célébrée le dimanche 14 novembre, s’est articulée autour du thème « Accès aux soins du diabète » qui revêt une grande importance pour le Maroc.
Dernièrement, des études sur l’impact du diabète au Maroc ont mis en évidence le besoin urgent que la maladie reçoive plus de priorité sur le plan national, notamment une étude récente sur le diabète gestationnel dans la province de Safi. Il en ressort que la maladie est répandue et est souvent liée à des changements de mode de vie tels que l’urbanisation, le manque d’exercice physique, l’obésité et l’hypertension artérielle.
« Le diabète est l’un des problèmes de la transition épidémiologique avec d’énormes conséquences sanitaires et économiques, posant de nouveaux défis aux systèmes de santé nationaux », a averti l’étude, soulignant que la propagation de cette maladie est aggravée en raison d’un manque de sensibilisation « sur le diagnostic et les facteurs de risque ainsi que l’accès aux soins encore limité ».
Une autre étude, publiée en octobre 2021, a exploré la prévalence du diabète dans deux centres urbains marocains, Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra. L’étude a été organisée autour du postulat que « le diabète augmente à un rythme alarmant dans le monde, mais on sait peu de choses sur ces facteurs de risque au Maroc ».
Le prédiabète et le diabète sont courants au Maroc, avec 17,9% des femmes et 12,8% des hommes de plus de 18 ans souffrant d’une forme de la maladie, révèle l’étude, notant que la prévalence du diabète augmente à mesure que les individus vieillissent, et que le tabagisme aggrave le risque de contracter cette maladie.
Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, nous livre sa vision de l’accompagnement du patient diabétique au Maroc.
Quel regard portez-vous sur la prise en charge du diabète au Maroc ?
Le premier constat est que le diabète au Maroc n’est diagnostiqué qu’avec un état très avancé de complications. Une fois le diabète diagnostiqué, il est également essentiel que le traitement correct soit effectué immédiatement, sinon des dommages inutiles peuvent survenir, et je souligne dans ce sens la nécessité d’une sensibilisation effective. En effet, s’il n’est pas traité, le diabète peut entraîner plusieurs perturbations sanitaires, notamment des maladies cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux, des maladies des reins. Il faudrait également accélérer la généralisation de l’assurance maladie.
Dans quelle mesure la pandémie a-t-elle entraîné des perturbations des services de traitement du diabète ?
Les soins de routine du diabète ont été considérablement perturbés pendant la pandémie actuelle. Les niveaux de stress, les perturbations de l’alimentation et de l’activité physique ont contribué à aggraver les résultats pendant et après le confinement. Lors des premiers mois de la pandémie, plus de 50% des patients atteints de maladies chroniques avaient renoncé aux soins et aux visites médicales soit par peur, soit en réponse aux restrictions imposées par la conjoncture. De plus, la pandémie a multiplié les cas de diagnostics tardifs.
Comment peut-on mettre niveau les technologies essentielles pour une meilleure prévention, diagnostic et gestion de la maladie ?
Au niveau national, il faut une sensibilisation quant au diagnostic et au contrôle continu, vu qu’il s’agit d’une maladie évolutive. Les nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) pourraient ainsi être utilisées pour la prévention, car de nombreuses personnes ignorent qu’elles sont atteintes de diabète jusqu’à ce qu’il soit trop tard, car dans certains cas de diagnostic tardif, le malade risque de devenir handicapé. Il est ainsi perdant, sa famille est perdante, l’assurance maladie est perdante, ainsi que toute l’économie du pays.
S’agissant des nouvelles technologies, des recherches sont en cours pour faire des glycémies facilement, remplacer les injections d’insuline par des pilules, utiliser la télémétrie dans le suivi, ou encore de transplantation de pancréas.
Recueillis par K. Ch.
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