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Hespress | Maroc | 25/10/2021
Alors que le monde célèbre tout le long du mois d’octobre la campagne « octobre rose » de lutte contre le cancer du sein, une autre forme de cancer touchant la femme est moins médiatisé, pourtant il est la 2ème forme de cancer la plus répandue au Maroc chez les femmes contre la 4ème dans le monde. Comment est-il contracté ? Et comment agir ?
Le cancer du col de l’utérus n’est pas aussi médiatisé que le cancer du sein, et pour cause, il est encore entouré d’une gêne sociale liée à la sexualité puisqu’il s’agit avant tout du résultat d’une maladie sexuellement transmissible (MST) au papillomavirus humain (HPV). Néanmoins, il existe des moyens simples de prévenir l’apparition de ce cancer et d’éviter de le développer.
Selon les derniers chiffres recensés au Maroc, portant sur la période 2008 – 2012, un total de 24 231 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués dans la région de Casablanca-Settat, soit un taux d’incidence brute de 120,4 cas de cancer pour 100 000 habitants, représentant une incidence standardisée sur la population marocaine de 115,4 cas pour 100 000 habitants.
Sur ces 24 231 nouveaux cas, pas moins de 13394 étaient des femmes, indique le registre de la région de Casablanca-Settat sur le Cancer qui peut être représentatif du Maroc dans son ensemble, selon Dr. Karima Bendahhou, épidémiologiste, et responsable du registre de l’Institut de Recherche sur le Cancer (IRC).
Le cancer du col de l’utérus représente quant à lui, la deuxième forme de cancer la plus répandue chez les femmes marocaines. En 2020, il représentait 7,2% des nouveaux cas déclarés de cas de cancers, après le cancer du sein avec 38,9, selon les rapports du Global Cancer Observatory (GCO), malgré une forte diminution à travers les années.
Dans le monde, de manière générale, le cancer du col de l’utérus arrive en 4ème position des cancers les plus répandus représentant 6,5% des formes de cancers développés chez la femme, après celui du sein, du colon, suivi des poumons.
Il arrive également en 7ème position en termes de prévalence dans le monde, sans distinction entre les sexes, selon le Global Cancer Observatory (GCO), la plateforme de référence en termes de statistiques sur le cancer dans le monde.
Au niveau de l’Afrique, le Maroc est classé dans la deuxième catégorie la plus touchée (aux côtés du Mali, du Cameroun, Mauritanie, Tchad etc). Cette forme de cancer se trouve être aussi la plus répandue sur le continent, surtout au niveau de l’Afrique de l’Ouest.
« Il y a quelques années, c’était le premier cancer détecté chez la femme (au Maroc), mais ces derniers temps et grâce à des efforts de dépistage et de diagnostic précoce, il est passé en deuxième position après le sein », a affirmé Dr. Rachid Berrada, gynécologue, dans une déclaration à Hespress en français.
Au niveau du Maghreb, le Maroc est le plus touché par ce type de cancer, suivi par la Libye (3ème), et l’Algérie et la Tunisie (4ème). Selon les experts, cette haute prévalence au Maroc par rapport aux pays voisins s’explique par le dépistage qui se fait plus fréquemment au Maroc et au plan national de lutte contre le cancer qui a fait ses preuves.
« Par rapport aux autres pays, chez eux, il y a des cas qui passent inaperçus », le fait que le Maroc soit classé plus hauts que les autres pays de la région est « un avantage, ce n’est pas un inconvénient. C’est parce qu’on cherche, et quand on cherche, on trouve », explique le médecin.
Issus d’un virus, le papillomavirus, le cancer du col de l’utérus est le résultat de l’aggravation de ce virus transmissible via les relations sexuelles. Selon le Dr. Rachid Berrada, gynécologue, toutes les infections au papillomavirus ne se transforment pas forcément ou immédiatement en cancer, et ce virus peut vivre plusieurs années dans le corps de la femme avant que les cellules ne deviennent cancéreuses, cela peut prendre jusqu’à 20 ans ou 30 ans.
« Le virus s’incruste dans les cellules et transforme leur code génétique ce qui produit des cellules tumorales (cancéreuses) », indique Dr. Berrada en expliquant le schéma de transformation du HPV en cancer.
A la question de savoir si l’homme est la principale cause de ce virus, le gynécologue estime qu’il n’y a pas moyen de savoir avec exactitude étant donné qu’il est difficile de tracer le patient zéro (le premier à être contaminé).
Une chose est certaine néanmoins, ce type de cancer est le résultat d’une multiplication des partenaires sexuels, et une relation monogame ou l’utilisation de préservatif, limitent considérablement la possibilité de contracter ce virus qui doit être traité autant chez les femmes que les hommes.
En effet, les hommes sont eux-aussi porteurs de ce virus, indique le spécialiste, mais ils ne se développe jamais en cancer chez les hommes circoncis. Chez les autres, il est possible qu’il se transforme en cancer du prépuce, indique-t-il.
Le cancer du col de l’utérus peut se révéler mortel également. Chez les femmes au Maroc, sur 10.400 cas de décès liés au cancer, 27,6% étaient liés au cancer du sein, et 10,3% au cancer du col de l’utérus, représentant la deuxième forme de mortalité, soit 2.258 cas en 2014, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
En 2020, le nombre de décès provoqués le cancer chez les femmes marocaines atteint les 14.940 cas dont 1119 à cause du col de l’utérus, selon les statistiques du CGO, soit une nette baisse liée au dépistage précoce.
Ce dépistage se fait par un examen cytologique, appelé communément « frottis vaginal » qui se pratique par un gynécologue et par inspection visuelle à l’acide acétique pour le cas des femmes actives sexuellement. Le frottis vaginal, un examen indolore, doit se faire tous les trois ans, selon Dr. Berrada, qui ajoute qu’à l’heure actuelle, seuls 4 types de ce virus sur une soixantaine provoquent un cancer, d’où l’intérêt du frottis qui permet de détecter la forme cancéreuse.
Et pour éviter que l’infection par ce virus ne se transforme en cancer, le spécialiste suggère de vacciner les jeunes filles au vaccin contre le HPV à l’adolescence vers l’âge de 14-15 ans, avant qu’elles n’aient de relations sexuelles car ce vaccin se révèle être inutile après.
Une fille ayant fait le vaccin contre le HPV « est bien protégée parce que c’est un vaccin qui protège contre l’infection virale. Elle ne fera pas de cancer même si elle fait un HPV plus tard ».
Concernant les couples sur le point de se marier et voulant se prémunir contre ce virus, un examen sérologique est possible, cependant il est très couteux et l’examen par frottis n’est pas possible sur une femme vierge étant donné qu’il est impossible d’accéder au col de l’utérus, et chez les hommes, ce virus qui touche la peau, peut disparaitre avec le lavage, seulement il ne disparait pas complètement, prévient le spécialiste.
Par exemple, « un homme peut contracter le virus après un rapport, il peut se laver et le virus disparait, comme il peut aussi garder quelques particules virales, mais il n’y pas de risques (pour lui), au maximum, il peut contracter des verrues », indique le médecin. « Mais ces verrues, sont les cousins du HPV qui donne le cancer » prévient-il.
Ainsi deux solutions existent, pour protéger, le préservatif est la seule option, et pour surveiller, le passage par la case frottis tous les 3 ans doit devenir une habitude chez les femmes.
Et en amont, « il faut qu’il y ait une éducation sexuelle même dans les écoles primaires, une sensibilisation chez les femmes, et simplement vacciner les jeunes filles. Quand on prend conscience du problème, on résout la moitié du problème », conclut le spécialiste.
Yasmine Saihlundi
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