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Hespress | Maroc | 14/10/2021
Pour la journée mondiale du don d’organes et de la greffe qui se tient le 17 octobre, une campagne de sensibilisation dédiée à inciter et encourager les citoyens à s’inscrire sur le registre des acceptations de don d’organes auprès du Tribunal de Première Instance de Safi, sera organisée à la Cité de l’Océan. L’occasion de mettre en lumière ce type d’opération encore timide au Maroc.
Initiée par l’Association des donneurs pour la vie, cette campagne de sensibilisation se propose d’inviter les citoyens à adhérer à cette action et à mobiliser le plus grand nombre de personnes à s’enregistrer au registre du don d’organes.
A travers cette initiative, les organisateurs entendent encourager le don d’organes pour répondre aux besoins dans ce domaine et faire de ce geste (don d’organes) une pratique normale permettant à toute personne, durant sa vie ou après sa mort, de faire don de ses organes ou ses tissus pour sauver des vies humaines.
Si le Maroc a fait des progrès remarquables dans le domaine des greffes d’organes, notamment dans le domaine de la législation, davantage d’efforts doivent être faits pour promouvoir ce type de traitements, qui ne sont disponibles qu’en dernier recours pour plusieurs maladies incurables.
Plus de 3 000 patients en insuffisance rénale sont actuellement en hémodialyse en attendant une greffe de rein. La mauvaise compréhension du sujet, le manque de confiance dans le système et les mauvaises conditions dans les hôpitaux marocains, et l’aversion culturelle pour le prélèvement d’organes sur un cadavre font que beaucoup sont réticents à l’idée.
Pour mieux comprendre le sujet, Hespress FR a fait appel à un expert en la matière, le Professeur Benyouness Remdani, chef de service de néphrologie au CHU Ibn Rochd de Casablanca.
“Il faut d’abord différencier entre deux types de dons en ce qui concerne les organes et particulièrement le rein. Trois types d’organes sont greffés au Maroc : Le rein, le foie et le cÅ“ur. Pour ce qui est du rein on a le donneur vivant, c’est à dire l’intrafamilial et puis nous avons le donneur à partir de personne décédée par mort cérébraleâ€, nous explique-t-il, dans un premier temps.
“Quant au foie, le don d’organe est de moins en moins effectué au Maroc parce qu’il y a eu des complications chez le donneur. Pour le cÅ“ur, il n y a que le don à partir de mort cérébrale. Pour le foie et le rein, il s’agit des deux donsâ€, poursuit-il, avant d’ajouter : “Le rein a été le premier organe greffé au Maroc à travers un donneur intrafamilial. La loi 16-98 impose qu’il ait un lien familial obligatoire, c’est à dire le père, la mère, l’ascendant et les descendants et puis cousins, cousines, oncles, tantes mais également le conjoint ou la conjointe s’ils ont plus d’une année de mariageâ€.
La loi 16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes et de tissus humains, permet à chaque citoyen après son décès ou suite à une mort clinique de faire don de ses organes ou ses tissus en vue de greffe, au profit de patients souffrant notamment, d’insuffisance rénale, de problèmes de foie, ou ceux qui ont besoin d’une cornée.
De même, cette loi se propose de mobiliser les citoyens à s’enregistrer au registre du don d’organes et de sensibiliser les jeunes et moins jeunes sur toutes les questions concernant les garanties légales et religieuses associées à cet acte noble.
“La loi interdit le donneur anonyme qui ne figure pas dans le panier familial. Le donneur est protégé par la loi qui stipule que ce dernier seul, muni des papiers demandés, se présente au tribunal en présence du président du tribunal ou de son représentant, du procureur du Roi ou de son représentant et de deux médecins qui sont désignés par l’ordre national des médecins pour voir si le donneur a été informé de toutes les conséquences, possibilités et surtout essayer de chercher s’il n’ y a pas de pression familiale sur le donneurâ€, souligne le Pr Remdani, qui met en lumière le rôle des médecins dans cette opération.
“Nous, en tant que praticiens, préparons le dossier de greffe, donneur-receveur, afin de s’assurer que le don n’entraînera aucune complication sur la survie du donneur. Nous devons le rassurer et lui expliquer que donner un rein ne constitue en aucun cas un risque d’évolution vers la dialyse. On peut vivre avec un rein sans aucun problèmeâ€, précise le praticien.
En effet, selon le praticien, un rein peut fonctionner tout à fait normalement à la place du deuxième rein. “Ce que nous faisons après le don, c’est un suivi médical du donneur tous les ans avec un petit bilan afin de s’assurer de son état de santé, aussi bien physique que psychologique après avoir fait un geste très nobleâ€, affirme-t-il.
La majorité des Marocains ont des connaissances limitées en matière de don d’organes. Le développement de cette thérapie nécessite d’établir un projet adéquat d’information et de motivation de la population générale. Le nombre de patients en attente d’une greffe d’organe augmente rapidement dans le monde. Par conséquent, l’écart entre la demande d’organes disponibles et l’offre se creuse chaque année. Une amélioration de la perception et des connaissances sera utile pour l’amélioration de la transplantation au Maroc.
“Il faudrait présenter le don comme un avantage et enlever de l’esprit des gens qu’il y a un risque d’insuffisance rénale puisque nous faisons tout lors de notre bilan pour éliminer tout donneur ayant le moindre risque. Il faut que ce risque soit inférieur à 0,03%â€, explique le Professeur Benyouness Remdane.
“La population devrait être sensibilisée pour le don d’organes surtout pour le rein, puisque 90% des greffes qui ont été réalisées au Maroc ont été faites à partir de donneurs vivantsâ€, souligne-t-il en se basant sur des chiffres réels.
« Malheureusement, nous n’avons qu’une moyenne d’acceptation de 3000 sur l’ensemble du Maroc qui se sont inscrits. Nous voulons donc sensibiliser les gens autour du don d’organe et les encourager à s’inscrire au tribunalâ€, poursuit-il.
Interrogé sur une sensibilisation entre patients et médecins, le professeur estime que “la greffe d’organes doit être un projet d’Etatâ€. “Il faut absolument que tout le monde y participe, les médias, les médecins, le ministère de la Justice, le ministère des Affaires religieuses, le ministère de la Santé. Il faudrait absolument un projet d’Etatâ€.
Le Pr Ramdani fait état de 33 000 personnes sous dialyse au Maroc et de 300 inscrits pour la greffe et regrette un manque d’information “flagrant†pour expliquer que la greffe est la meilleure solution pour ces personnes qui souffrent d’insuffisance rénale.
“La greffe permet de mieux vivre, de vivre plus et assure une meilleure qualité de vie, notamment pour les femmes qui ne peuvent pas tomber enceinte sous dialyse mais le pourront si elles sont grefféesâ€, explique l’expert, qui souligne que d’un point de vu économique une greffe coûte beaucoup moins cher qu’un traitement sous dialyse.
Le praticien appelle donc toute personne à considérer le don d’organe à travers des discussions intrafamiliales et des campagnes de sensibilisation à l’échelle nationale. “Sensibiliser une fois par an à l’occasion de la journée internationale du don d’organe n’est pas suffisantâ€, conclut-il.
Selon le ministère de la santé, la transplantation d’organes et de tissus humains a connu une évolution remarquable au Maroc. En effet, les hôpitaux universitaires, les hôpitaux militaires et les centres hospitaliers agréés, disposent des moyens techniques importants et des compétences humaines qualifiées.
Depuis 2005, l’OMS a promulgué la journée mondiale du don d’organes et de la greffe. Elle se tient chaque année le 17 octobre. L’idée de cette journée mondiale est partie d’un constat alarmiste : Il n’y aurait en moyenne qu’un organe disponible pour une demande trois fois supérieure.
Des milliers de patients subissent toujours l’angoisse de l’attente, alors qu’on sait que chaque jour passé sur la liste dans l’espoir d’une greffe est une perte de chance. Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants meurent faute d’avoir pu être transplantés à temps, alors que la médecine aurait été en mesure de les sauver.
Zoubida Senoussi
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