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L'Opinion | Maroc | 18/10/2021
A l’occasion d’« Octobre Rose », l’Association Dar Zhor a tenu, jeudi, un webinaire sur la nécessité du diagnostic précoce du cancer du sein, la deuxième cause de mortalité par cancer au Maroc.
Le cancer, cette vilaine maladie, continue de bouleverser la vie quotidienne à la fois du patient et de ses proches qui se trouvent confrontés à l’angoisse et à la tristesse, à l’alternance de moments d’espoir et de désespoir, en plus des conséquences qu’ils subissent au niveau pécuniaire.
A l’origine d’environ 10 millions de décès en 2020, dont plus de 2,2 millions de cas du cancer du sein, ladite maladie demeure parmi les trois premières causes de mortalité à l’échelle mondiale. Des chiffres qui se sont vus impactés négativement avec le déclenchement de la pandémie de Covid-19, perçue comme une bombe à retardement pour les patients atteints du cancer, victimes collatérales de cette crise sanitaire.
Hélas, le Maroc n’est pas sorti de l’auberge. « La crise sanitaire liée au Covid-19 a de plus impacté négativement ces chiffres », a indiqué l’Association Dar Zhor, qui a organisé, le jeudi 14 octobre, un webinaire intitulé « Une Mobilisation Connectée pour la Prévention et le Dépistage du Cancer du Sein au Maroc ».
Aujourd’hui, la société civile célèbre, comme le veut la coutume, la campagne « Octobre Rose 2021 » destinée à sensibiliser, chaque année du 1er au 31 octobre, la population cible sur l’importance du dépistage précoce du cancer du sein.
A ce sujet, la Maison d’accompagnement et de mieux être des personnes atteintes de cancer « Dar Zhor » a indiqué que « plus de 12.000 femmes marocaines atteintes de cancer du sein sont diagnostiquées annuellement et 3.700 décès sont enregistrés au Maroc ». C’est l’une parmi les mille et une raisons qu’« une mobilisation connectée pour la prévention et le dépistage du cancer du sein » s’avère «plus que jamais nécessaire pour toucher une très large audience et sensibiliser les femmes à l’importance du dépistage précoce », a-t-elle indiqué.
En effet, malgré les différents progrès thérapeutiques enregistrés durant les vingt années passées, que ce soit en matière de chirurgie, de radiologie ou de traitements médical, la prévention reste malheureusement non standardisée, a fait savoir le Pr Fatima Zahra El Mrabet, oncologue médicale au CHU de Tanger. Tout en se basant sur les prévisions du Registre des Cancers du Grand Casablanca (RCGC), elle a fait savoir que les femmes âgées entre 45 et 49 ans sont les plus touchées par ce type de cancer ainsi que les femmes ayant un antécédent familial de cancer du sein, à savoir la grand-mère, la mère, la tante ou la soeur.
Bien que les taux de mortalité dus à ce type de cancer soient en baisse, la prévention par la surveillance régulière des seins, en réalisant une mammographie ou en recourant à la technique de l’autopalpation, demeure une condition sine qua non pour éviter un diagnostic tardif et pour limiter les séquelles liées aux traitements utilisés. Cette dernière doit être réalisée une semaine après la période de menstruation et au premier jour du mois chez la femme ménopausée, a-t-elle expliqué, attirant l’attention sur le fait que plus de 1% de l’ensemble des cas de ces cancers sont de sexe masculin.
Il est à noter qu’un cancer du sein diagnostiqué précocement se guérit dans plus de 90% des cas, augmentant ainsi les chances de guérison complète et permettant des traitements moins lourds et agressifs.
Ouverte à Casablanca en 2019, le premier centre Dar Zhor est une Maison d’accompagnement des personnes adultes, hommes et femmes, touchés par un cancer quel que soit son type. Elle propose des soins de support qui vont permettre aux patients d’avoir une meilleure qualité de vie, de mieux supporter les traitements et les aide afin d’augmenter leur chance de guérison.
« Dar Zhor met à votre disposition gratuitement différentes activités de ressourcement basées sur la médecine intégrative, en complément des traitements qui vous sont dispensés en clinique ou à l’hôpital », peut-on lire sur un communiqué de l’Association.
Dar Zhor contribue à la prise en charge globale des personnes atteintes de cancer en dehors des structures de soins médicaux, ajoute la même source, soulignant que « pendant et après leur traitement, ces personnes peuvent y trouver réconfort » en prenant en considération les théories sportives adaptées, à savoir le Qi Gong, le Tai Chi, le Yoga, etc. Outre cela, les patients peuvent ainsi bénéficier des soins psychologiques via des groupes de paroles ou des séances individuelles, des séances d’art thérapie, d’hypnose pour gérer les effets indésirables de la maladie et des traitements.
« Une campagne de communication a été mise en place pour sensibiliser à l’importance du diagnostic précoce du cancer du sein »
Dr Myriam Nciri, présidente fondatrice de l’Association Dar Zhor, répond à nos questions.
Pensez-vous que le Maroc réussit à atteindre les objectifs escomptés de la campagne de sensibilisation « Octobre Rose » ?
Une campagne de communication a été mise en place dans tous les médias ce mois-ci pour sensibiliser à l’importance du diagnostic précoce du cancer du sein. En effet, les centres d’oncologie contribuent largement à cette campagne en offrant des mammographies gratuites à travers le Royaume. Cependant, la sensibilisation n’est pas que l’affaire d’un mois mais un travail en continu, étant donné que le nombre de diagnostics de cancers tardifs est encore trop élevé.
Avez-vous rencontré des défis durant la crise de Covid-19, notamment suite aux restrictions sanitaires ?
Durant le confinement, nous étions contraints de fermer nos portes puis nous avons rouvert tout en tenant compte des mesures sanitaires, ce qui fait que nous avons accompagné beaucoup moins de patients que prévu.
Cependant, nous sommes restés en contact étroit avec nos bénéficiaires en mettant en place une cellule d’écoute et en développant notre communication digitale avec l’organisation de webinaires destinés à les informer. Nous avons aussi réalisé différentes vidéos avec des spécialistes pour répondre aux différentes questions des patients et de leurs proches via notre page FB @darzhor.
Comment jugez-vous la situation de notre système de santé, particulièrement en ce qui concerne la prise en charge des patientes atteintes du cancer du sein ?
Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir des centres d’oncologie hospitaliers, public et privés, dans toutes les grandes villes marocaines. Avec la mise en place de la couverture sociale généralisée, prévue d’ici fin 2022, le Maroc va faire un pas de géant et une avancée majeure dans la prise en charge des cancers, dont celui du sein.
Recueillis par S. M.
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