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Le matin | Maroc | 16/09/2021
La Journée mondiale de la sécurité des patients, qui a lieu ce vendredi 17 septembre, est consacrée cette année à la nécessité de considérer comme prioritaire la sécurité des soins maternels et néonatals et d’agir en ce sens. Ceci est d’autant plus important actuellement avec la perturbation des services de santé à cause de la pandémie de la Covid-19. Dans cet entretien exclusif accordé au « Matin », Maryam Bigdeli, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc, fait le point sur la situation au niveau des services de maternité et de néonatologie et nous parle de l’impact de la pandémie sur la santé des femmes et des enfants.
Le Matin : Nous célébrons ce vendredi 17 septembre la Journée mondiale de la sécurité des patients consacrée cette année à la sécurité des soins maternels et néonatals. Comment évaluez-vous la qualité des services et des soins de santé dans les maternités hospitalières et des services de néonatalogie au Maroc ?
Maryam Bigdeli : La Journée mondiale de la sécurité des patients est célébrée chaque année le 17 septembre. Les objectifs de la journée sont de mieux faire comprendre la question de la sécurité des patients à l’échelle mondiale, de renforcer la participation du grand public à la sécurité des soins de santé, et d’encourager l’action mondiale pour prévenir et réduire les préjudices évitables dans les soins de santé. Étant donné que les préjudices auxquels sont exposés les femmes et les nouveau-nés en raison de soins à risque représentent une charge importante (chaque jour, on compte dans le monde près de 5.400 mortinaissances, 810 femmes et 6.700 nouveau-nés qui perdent la vie), la Journée mondiale de la sécurité des patients est consacrée cette année à la nécessité de considérer comme prioritaire la sécurité des soins maternels et néonatals et d’agir en ce sens, en particulier au moment de l’accouchement, où se produisent la plupart des préjudices. Ceci est particulièrement important dans le contexte de la perturbation des services de santé due à la pandémie de la Covid-19, qui a encore aggravé la situation. Le slogan pour cette année est « Agir maintenant pour un accouchement sûr et respectueux ».
Le Maroc a enregistré des avancées indéniables en matière de santé maternelle et néonatale (SMN). La mortalité maternelle au Maroc a reculé de 77,46% passant de 322 pour 100.000 naissances vivantes (NV) en 1992 à 72,6 pour 100.000 NV en 2018 et le taux de mortalité néonatale a été réduit de 31 pour 1.000 NV à 13,56 pour 1.000 NV pour la même période.
Cependant, des décès maternels et néonatals évitables persistent, dus principalement à l’hémorragie, l’éclampsie et le sepsis chez la mère, et l’asphyxie périnatale, l’infection néonatale et la prématurité chez le nouveau-né. L’analyse de ces décès a démontré qu’ils sont liés à une couverture sanitaire universelle limitée avec des iniquités intra et inter-régionales et une qualité des soins inadéquate.
En 2018, une enquête nationale d’évaluation de la qualité des soins et des services au niveau des maternités hospitalières et des services de néonatalogie des 12 centres hospitaliers régionaux au Maroc a été réalisée en collaboration entre le ministère de la Santé et l’OMS. Rappelez-nous les principaux résultats de cette enquête.
En effet, il a été noté que la gestion de la pharmacie et des médicaments, le respect de la confidentialité des données et les services des laboratoires ont été conformes aux normes. Également, l’enquête a rapporté une satisfaction exprimée des femmes malgré certaines insuffisances en rapport avec le respect et l’humanisation des soins prodigués.
Par ailleurs, l’enquête a reflété des limites à considérer dans le plan d’amélioration de la qualité au niveau des hôpitaux régionaux, en rapport avec l’organisation des services, le management, et la qualité de la prise en charge de la mère et de son nouveau-né. En particulier, il s’agit d’améliorer les aspects liés au respect des protocoles et procédures en vigueur et de renforcer la formation continue. Il faut également veiller à une meilleure surveillance fœtale, et la notification des paramètres qui permettent de détecter et de prévenir rapidement les complications (par exemple l’hémorragie ou l’infection). Il faut également améliorer le diagnostic des malformations à travers la recherche systématique de celles-ci à un stade précoce.
À noter qu’à travers les entretiens avec les femmes, il a été constaté que le volet de la communication, de l’éthique et de l’humanisation des soins nécessite une attention prioritaire et particulière si nous espérons nous engager dans un processus de la démarche qualité des services de la santé maternelle et néonatale afin d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).
Quel impact a eu la pandémie Covid-19 sur les soins maternels et néonatals ?
Pour faire face à l’épidémie de la Covid-19, le Maroc a mis en place un Plan national de veille et de riposte. Les axes d’intervention dudit Plan sont essentiellement basés sur la prévention pour limiter la diffusion de la maladie, la détection précoce des cas et leur prise en charge pour contenir la propagation, le renforcement du système national de santé, particulièrement le développement de la capacité litière hospitalière et le renforcement des équipements médicaux et biomédicaux pour accompagner le flux de la demande et assurer la continuité des soins et des services, dont les soins maternels et néonatals.
La pandémie de la Covid-19, en plus des effets directs en termes de morbidité et de mortalité qui ont touché également les femmes enceintes et les enfants, a des effets indirects sur l’offre et l’accès aux soins pour les autres problèmes de santé. L’accès et l’utilisation des services de santé essentiels sont affectés et les femmes enceintes, les mères, les nouveau-nés et les enfants sont largement concernés. La pandémie et la réponse à la pandémie affectent à la fois l’offre et l’utilisation des services de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile (RMNCAH).
Dans de multiples contextes, l’accès et l’utilisation des services de santé essentiels ont été compromis et l’expérience a montré, lors d’épidémies passées, que les systèmes de santé ont eu du mal à maintenir les services de routine et l’utilisation des services a diminué. Ce qui rend les femmes enceintes, les mères, les nouveau-nés, les enfants et les personnes âgées très vulnérables.
Quelles ont été les actions de l’OMS pour mesurer l’impact de la Covid sur la santé des femmes et des enfants au niveau national ?
Au Maroc, l’OMS a mobilisé une consultation pour mesurer l’impact potentiel de la Covid sur la santé des femmes et des enfants, y compris la mortalité maternelle et infantile et identifier les interventions essentielles de RMNCAH qui doivent être mises en place pour sauver le plus de vies et pour entraîner le moins de déclin des résultats de santé chez les femmes et les enfants.
Les résultats montrent que les performances des différents programmes de santé de la mère et de l’enfant ont été affectées. Ainsi, les activités du programme de planification familiale ont été réduites en moyenne de 24%. Les activités anténatales ont été réduites en moyenne de 15%. Pour la composante des « Soins liés à l’accouchement », la réduction moyenne était estimée à 13%. Pour la composante des « Soins des nouveau-nés », la réduction moyenne des activités était de 12%. Pour la composante « Allaitement maternel », la réduction moyenne était estimée à 8%. Pour la composante «Vaccin», la réduction moyenne des activités était estimée à 12% et en ce qui concerne la composante «Santé infantile», la réduction moyenne des activités était estimée à 12%.
Afin d’assurer la continuité des soins et l’amélioration de la qualité de la prise en charge des parturientes et des nouveau-nés durant la pandémie de la Covid-19, le ministère de la Santé du Maroc représenté par la Direction de la population et l’École nationale de santé publique (ENSP) en partenariat avec l’OMS, ont organisé une formation continue en ligne sur le thème «Les soins essentiels précoces du nouveau-né», cette formation clôturée le vendredi 15 janvier 2021 s’est déroulée à travers la plateforme e-learning de l’École nationale de santé publique (ENSP) avec l’encadrement du Pr Amina Barkat, experte en réanimation néonatale et chef de service de réanimation pédiatrique et de néonatologie à l’hôpital d’enfants du CHU Ibn Sina à Rabat, avec l’appui des professeurs de ENSP.
Cette formation organisée en deux sessions sur une durée de 6 semaines, la première s’est déroulée entre le mois d’octobre et novembre 2020 et la deuxième session en janvier 2021. L’objectif de cette formation est le renforcement des compétences des personnels de santé chargés de recevoir et de prendre en charge le nouveau-né dans les structures d’accouchement en l’occurrence les sages-femmes et les infirmier(e)s impliqués dans la santé néonatale, et les médecins généralistes en fonction dans les structures d’accouchement et des unités de prise en charge néonatale.
Par ailleurs, l’OMS a appuyé le ministère de la Santé dans le développement de protocoles et guidelines pour l’organisation du circuit de prise en charge des femmes enceintes et des enfants dans les établissements hospitaliers et de soins de santé primaires.
Que pensez-vous des efforts fournis par le Royaume pour améliorer les soins maternels et néonataux tels que le Plan de santé 2025, relatif à la consolidation des acquis dans le domaine de la santé maternelle et néonatale ?
En comparaison avec les autres pays de la région, le Maroc a consenti des efforts importants en termes de réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans et particulièrement des nouveau-nés. En effet, l’Enquête nationale population et santé de famille (ENPSF) réalisée en 2017-2018 a révélé que le ratio de mortalité maternelle a baissé de 112 à 72,6 décès pour 100.000 naissances et le taux de mortalité néonatale a connu une baisse de 38% entre 2011 et 2018, allant de 21,7 à 13,56 décès pour 1.000 naissances vivantes. Ces efforts doivent être maintenus pour l’atteinte des deux cibles 3.1 et 3.2 des Objectifs de développement durable d’ici 2030.
Le Plan de santé 2025 a été élaboré en concertation avec les partenaires institutionnels, les professionnels de santé, les partenaires sociaux et de la société civile. Il a pris en considération toutes les recommandations de bonnes pratiques de l’OMS aussi bien pour la mère que pour le nouveau-né et l’enfant.
Ce plan est structuré en 3 piliers et 25 axes d’interventions parmi lesquels 6 axes et 22 mesures dédiés pour la consolidation des programmes de la santé de la mère et de l’enfant. Les objectifs de cet axe d’intervention visent à réduire le ratio de mortalité maternelle de 72,6 à 48 décès pour 100.000 naissances vivantes et de réduire le taux de mortalité néonatale de 13,5 à 10 décès pour 1.000 naissances vivantes à l’horizon 2025.
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