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Hespress | Maroc | 12/09/2021
Le Roi Mohammed VI a nommé Aziz Akhenouch, secrétaire général du parti du Rassemblement national des indépendants (RNI) vainqueur du scrutin du 8 septembre, comme Chef du gouvernement. Il l’a également chargé de former le nouveau gouvernement. Entre temps, plusieurs professionnels, du secteur public comme privé, attendent avec impatience la formation du nouveau gouvernement qui sera à la tête des affaires au Maroc pour une durée de 5 ans.
Parmi ses professionnels, sont concernés ceux du secteur public et plus précisément les professionnels de la santé. Les médecins, infirmiers, techniciens de santé ainsi que les pharmaciens portent tous des doléances depuis plusieurs années. Quelles sont donc les priorités pour ses professionnels de la santé en ces temps de pandémie et leurs attentes du prochain gouvernement ?
Joint par Hespress Fr à ce sujet, Dr Hamza Guedira, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), a exprimé d’abord sa fierté quant au déroulé des dernières élections générales puis, il a félicité ses compatriotes qui se sont déplacés massivement pour voter malgré la pandémie.
« Aujourd’hui, les Marocains ont donné un signal très fort à la future majorité gouvernementale à savoir l’importance du volet social, santé, enseignement et emploi. En ma qualité de professionnel de santé et président du CNOP, on attend beaucoup du futur responsable du département de la pharmacie et des médicaments. Surtout que nous sommes face à un énorme chantier social historique initié et suivi par le Roi Mohammed VI qui est la généralisation de la couverture sociale », a déclaré Dr Guedira.
Il y a eu en effet beaucoup de perturbation pendant cette pandémie, a soulevé le professionnel. « On a vu qu’il n’y avait pas de gouvernance réelle du secteur. Et donc, le futur responsable de ce département doit procéder à une mise à niveau tous azimuts en termes de gouvernance, de budget et de formation des ressources humaines. Et pour ce qui est des pharmaciens, qui gèrent un produit stratégique en l’occurrence le médicament, nous attendions beaucoup du prochain gouvernement parce que le secteur est pratiquement anéanti à cause de la succession de mauvaises décisions », a-t-il noté.
Le 31 décembre 2022, quelque 35 millions de Marocains auront leur couverture médicale l’AMO (assurance maladie obligatoire). Il va falloir, selon Dr Guedira, répondre à la demande de ses citoyens dans les meilleures conditions.
Mais le président du CNOP ne perd pas d’œil l’Afrique également. Pour lui, « le médicament est excellent outil de diplomatie en Afrique. Et donc là aussi, il faudra s’ouvrir sur nos amis africains, les faire profiter de notre expérience et être très proche d’eux » .
Dans ce sens, il sollicite le prochain responsable du secteur de la santé et de la pharmacie, a adopté une approche en adéquation avec la Constitution et les discours royaux adressés à ce secteur, pour qu’il travaille en partenariat avec les professionnels du secteur.
« Je souhaiterai qu’on ait une loi-cadre sur les 30 ans à venir pour qu’on ait une visibilité. Toutes les composantes du secteur ont besoin de cette visibilité. Et puis, à partir de cette loi-cadre, il va falloir une refonte des lois pour chaque composante du secteur pour que ses différentes composantes travaillent en harmonie. C’est-à-dire, les médecins, les pharmaciens, les infirmiers, les paramédicales. Parce qu’aujourd’hui, honnêtement, c’est l’obscurité totale. C’est l’anarchie et le désordre » dit-il.
De plus, le président de l’Ordre des pharmaciens exige du futur chef du gouvernement d’envisager la création d’un ministre spécial de la pharmacie et des médicaments. Une doléance qui revient depuis un moment déjà, après les désaccords observés entre la direction actuelle du département de la pharmacie et du médicament au sein du ministère de la Santé.
« Nous avons besoin d’une nouvelle gouvernance du secteur. Cette nouvelle gouvernance, on ne peut l’avoir qu’en ayant un porte-parole politique au sein du gouvernement, chose que l’on n’a pas eue depuis très longtemps. Un ministère des médicaments et de la pharmacie, à mon sens, peut énormément apporter », dit-il avant de rappeler qu’il faut aussi accélérer la création de l’Agence nationale de médicament.
L’agence qui devait être créée depuis longtemps, poursuit notre interlocuteur, doit avoir une autonomie pour gérer tout ce qui est technique. « Cette agence nationale de pharmacie, on doit absolument la créer et le plus rapidement possible parce que le Maroc a ratifié la création de l’Agence nationale de médicament » précise-t-il.
« On a de l’avance, il serait dommage qu’on perde cet élan-là. On a besoin d’un nouvel élan et on a besoin d’une impulsion par le prochain gouvernement pour lequel j’adresse tous mes voeux de réussite », conclut Dr Hamza Guedira.
Pour les infirmiers et techniciens du secteur public, qui ont également suivi avec intérêt les élections générales de 2021 tenues le 8 septembre, les doléances restent les mêmes avec un souhait, que le nouveau gouvernement, notamment les partis qui composeront la majorité, tient les promesses tenues tout au long de la campagne électorale.
Parmi les doléances du mouvement des infirmiers et techniciens de santé du Maroc (MITSM), et outre le « vide juridique » que connaît la profession d’infirmier et technicien de santé, ce dernier réclame dans son dossier revendicatif, la création de l’Ordre national des infirmiers et techniciens de santé, la création du référentiel des emplois et compétences des métiers paramédicaux (REC), ainsi que le recrutement des lauréats des instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS).
Ces cadres de la santé réclament également à leur tutelle « l’augmentation de la prime de risque, l’instauration de formations de base et de formations continues adaptées aux besoins réels afin de revoir le rythme d’avancement de l’infirmier, l’augmentation des effectifs en embauchant les lauréats infirmiers pour soulager les effectifs en exercice et l’égalité des chances en matière de promotion professionnelle à l’instar des autres catégories (ingénieurs, pharmaciens, médecins et autres fonctions publiques) ».
Cette catégorie de professionnel de la santé réclame depuis des années l’amélioration des conditions de travail, et la motivation des cadres de santé à travers le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP).
Parmi les points urgents du dossier revendicatif des médecins du public, figure l’équivalence du doctorat en médecine au doctorat national et l’activation des dispositions de la dernière convention du 6 août 2020 concernant l’autorisation de l’indice 509 avec toutes ses indemnités, qui leur permettra de toucher un salaire correct pour toutes les années d’études qu’ils ont fait. Comment ?
Les médecins du secteur public perçoivent des salaires selon l’indice 336 (salaire équivalent au diplômé d’un master) qui se situe autour des 8.000 DH. En revanche, l’indice 509, que réclament aujourd’hui les blouses blanches, leur permettra d’avoir un salaire minimum entre 11.000 DH et 12.000 DH, qui compenseront au moins leurs 10 ans d’études minimums.
De plus, le même syndicat réclame depuis un moment déjà l’activation de l’ensemble des mutations suspendues depuis 2018 et plus. Selon la même source, il s’agit là d’un « problème qui persiste, au-delà de toute description, et qui dépasse les limites de la patience », notant que « la condition de compensation n’est pas remplie, les concours d’emploi ne rencontrent plus aucun succès et les médecins ou encore les lauréats ne sont plus attirés par la santé publique ». Cette doléance légitime intervient alors que le Maroc connaît une pénurie sans précèdent de médecins, notamment les spécialistes, mais aussi des infirmiers et techniciens de santé.
Et puis, il y a la demande d’activation de l’intégration de tous les étudiants en médecine qui ont réussi les concours de résidanat pour la spécialité, dans les différents centres de formation continue en milieu hospitalier, afin d’alléger la pression sur les médecins au sein de ses structures.
Khadija KHETTOU
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