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Hespress | Maroc | 02/09/2021
La situation des stocks de sang au Maroc est très critique à en croire la Directrice du Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie (CNTSH), Khadija Lahjouji. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord le manque énorme de donneurs, en plus de la saison estivale qui a fait que les donneurs habituels sont partis en vacances ce qui s’est répercuté sur le stock national de sang.
« Aujourd’hui, la situation des stocks est critique. On est entre 2 à 3 jours de consommation de sang alors que le besoin quotidien est de plus de 1.000 donneurs par jour au niveau national. Actuellement, on n’est pas dans ce chiffre vu les contraintes liées notamment à la période estivale. Mis à part le Covid-19, la période estivale a toujours été une période critique à l’échelle nationale et internationale. Les gens sont en vacances et n’ont donc pas le temps d’aller faire don de leur sang. Puis, les donneurs qui ont l’habitude de donner leur sang de manière régulière, tous les 2 – 3 mois en fonction de chacun, sont également absents en raison de la saison d’été » , nous explique la directrice du CNTSH.
Khadija Lahjouji est à la tête du Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie qui chapeaute 18 centres régionaux au Royaume. Ainsi, chaque région dispose d’un ou de deux centres régionaux de transfusion sanguine en plus des banques de sangs et des antennes de transfusions, nous explique-t-elle.
« Nous disposons, au niveau national d’une application informatique de gestion de sang. Via cette application, j’ai une visibilité en temps réel sur l’état des stocks au niveau de tous les centres régionaux du Royaume » , dit-elle.
Ainsi, et en ce qui concerne la cadence de dons de sang au niveau national, Khadija Lahjouji nous confie qu’il y a des centres de transfusion sanguine à forte, à moyenne et à faible cadence. Casablanca et Rabat figurent ainsi parmi les centres à forte cadence avec en moyenne 60.000 jusqu’à 80.000 donneurs pas an, nous dit-elle, notant que ces deux villes connaissent d’ailleurs un grand besoin en sang. Puis, il y a des centres à moyenne cadence comme Fès, Meknès, Oujda, Marrakech et Agadir et les centres à petite cadence, qui sont le reste des provinces du Maroc.
Pour faire don de son sang, le donneur doit-être âgé entre 18 et 60 ans. Pour les femmes, elles peuvent donner leur sang tous les trois mois contrairement aux hommes qui peuvent faire don tous les deux mois précise notre interlocutrice.
S’agissant des conditions requises pour donner son sang, Dr Khadija Lahjouji nous indique qu’il y a une liste de contre-indications à connaître et à respecter. « Les délais sont variables. Il y a des délais de contre-indication définitive et des contre- indications provisoires en fonction des maladies. Par exemple, la personne qui a déjà reçu du sang et qui a été transfusée ne peut jamais donner son sang » , souligne-t-elle.
Interrogée si cette liste est disponible sur le site web du CNTSH ou sur ses réseaux sociaux, afin que le donneur potentiel puisse la consulter avant de se présenter au centre de transfusion, Dr Lahjouji nous affirme que ce n’est pas le cas, ce qui est dommage.
« La liste n’est pas disponible sur le site web mais chez les médecins sur place dans les centres. Puisqu’il s’agit de questionnaires confidentiels que le médecin soumet au donneur. Ce dernier, quand il se dirige vers un centre, il passe par l’accueil avant d’être reçu par un médecin qui le consulte. Lors de cette consultation, le médecin pose quelques questions concernant le poids, l’âge. Par exemple, une personne qui pèse moins de 50 kilos ne peut pas donner son sang. En tout cas, on ne peut pas consulter cette liste avant de se rendre à centre de don de sang. C’est le médecin qui pise les questions pour trancher sur l’aptitude du donneur au don de sang », répond Dr Lahjouji.
Outre les centres de transfusion sanguine disponibles un peu partout au Royaume, le CNTSH dispose également de caravanes mobiles. « Mais ce n’est pas suffisant », déplore Dr Lahjouji. Il n’y a pas assez de donneurs de sang. » Il s’agit d’une responsabilité commune de tous les citoyens. Il faut que tout le monde sache que demain, il aura certainement besoin de sang ou quelqu’un de sa famille. Malheureusement, on ne peut pas fabriquer de sang puisqu’il s’agit d’une substance rare constituée de cellules vivantes, indispensable pour le traitement de certaines maladies. Elle permet aussi de compenser les hémorragies en cas d’accidents ou de maladies hémorragiques graves ou en cas de cancer » , nous explique Dr Khadija Lahjouji.
Pour ce faire, le CNTSH a eu recours à des conventions avec des organismes publics notamment qui l’aident à combler le stock de sang. « Il y a des associations de donneurs de sang qui sont nombreux et qui sont situés au niveau de presque toutes les villes du Royaume. Elles sensibilisent les citoyens sur place et nous les remercions pour le travail qu’elles accomplissent. Puis, il y a les autorités publiques qui se sont impliquées également dans cette opération de don de sang à travers des conventions, à l’image du ministère de l’Intérieur avec qui nous avons une convention, le ministère des Affaires islamiques et d’autres organismes. Mais tout cela reste insuffisant » , dit-elle.
Aujourd’hui, la pandémie, les vacances d’été et le télétravail aussi font que le CNTSH connait une pénurie énorme en sang. « Même les universités qui nous faisaient don de sang sont fermées. Les organismes donneurs chez qui nos équipes se déplacent, sont aujourd’hui en télétravail. Ce qui fait que plus de la moitié du personnel est absent. En plus du Covid, qui n’a pas épargné le personnel des centres de transfusion sanguine ou encore la peur du Covid-19 éprouvée par les citoyens. Plusieurs d’entre eux pensent qu’en venant donner leur sang, ils risquent d’être contaminés. C’est totalement faux. Nous avons mis en place tous les moyens de protection sanitaire, avec le respect strict de la distanciation et du port du masque pour nous protéger d’abord et les protéger » , soutient-elle, invitant par la même occasion les citoyens à donner leur sang en ces temps de crise sanitaire.
Interrogée si les centres de transfusion sanguine restent ouverts le week-end, pour les citoyens qui n’ont pas l’occasion de venir au cours de la semaine, la directrice du CNTSH nous indique que les centres n’ouvrent pas les week-ends. En revanche, des unités mobiles, mises en place dans les grandes villes du Royaume à l’image de Rabat ou encore Casablanca, sont ouvertes le week-end.
« On connait une pénurie de personnel. Ce n’est pas évident de faire travailler les mêmes personnes au cours de la semaine, le jour et la nuit, en plus des week-ends. On essaie de faire avec les équipes dont nous disposons, on les répartit selon leur disponibilité. D’autres unités mobiles, fonctionnelles le week-end, verront le jour prochainement, dans le cadre d’une stratégie d’équipement et de développement avec le ministère de la Santé. L’objectif de cette stratégie, c’est de transformer le centre national en Agence marocaine de sang pour pouvoir optimiser les ressources et développer davantage le système », conclut Dr Lahjouji.
Khadija KHETTOU
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