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Libération | Maroc | 24/06/2021
Je n’aurai jamais cru l’attraper et encore moins en souffrir autant”. Ce témoignage d’un jeune homme marocain, sportif assidu, de moins de 30 ans, fait froid dans le dos. Il confirme à la fois que la pandémie est toujours d’actualité, mais aussi que le variant indien n’en a cure de l'âge ou de la santé de fer des êtres humains qui se mettent sur son passage, contrairement aux variants précédents dont le nombre dépasse l’entendement.
« Plus de 4.000 variants du SARS-CoV-2 ont été identifiés à travers le monde » confirment les services de santé britanniques. La vocation des variants du nouveau coronavirus est de se propager à travers le monde.
Mission accomplie puisque si l’on en croit l’OMS qui l’a inscrit sur sa liste rouge comme préoccupant, puis « à risque pour le public », le variant Delta (indien) est signalé dans 80 pays au total. Maroc compris. Dans le Royaume, le nombre de cas Covid-19 est en constante augmentation ces deux dernières semaines, avec 437 nouveaux cas de contamination du lundi au mardi, sur 12.544 nouveaux tests. Soit une incidence de 1,2 cas par 100.000 habitants. La présence du variant indien sur le sol national depuis plus d’un mois n’est certainement pas étrangère à cet état de fait.
D’autant que la vitesse de croisière du train de la campagne de vaccination nationale aura clairement du mal à stopper l’avancée du variant Delta. A la date du 22 juin, 8.451.201 citoyennes et citoyens ont reçu les deux doses d’un des vaccins (Sinopharm ou AstraZeneca), pierres angulaires de la campagne de vaccination dans le pays.
En parallèle, 9.594.360 personnes ont reçu une première dose, et donc une immunité partielle. On est encore loin des 30 millions, l’objectif fixé par les autorités sanitaires. A la lumière de ces éléments, il paraît clair que la bataille contre le Sars-CoV-2 est loin d'être gagnée. Pour la guerre, elle est perdue d’avance. L’histoire de la lutte contre les pandémies invite à la prudence, comme le prouvent les nombreuses maladies dont les vaccins ont été découverts, il y a belle lurette, sans pour autant qu’elles soient rangées aux tiroirs des oubliettes (polio, grippe,...). Il n’y a finalement rien de surprenant dans la récente sortie médiatique du ministère de la Santé qui a appelé les Marocains “au respect strict des mesures préventives contre la Covid-19 recommandées par le Comité national scientifique et les autorités sanitaires du pays, à travers le port correct du masque, l'hygiène, le respect de la distanciation sociale et l'évitement des rassemblements non-nécessaires”.
Plus contagieux et plus mortels, les vaccins pourraient en plus ne pas offrir de protection contre lui. “Je pense que dans une semaine ou deux, nous aurons une estimation plus quantitative de la réaction du (virus) variant au vaccin", a déclaré à l'AFP Rakesh Mishra, du Centre de biologie cellulaire et moléculaire de la ville d'Hyderabad en Inde. Bref, le variant Delta ne doit en aucun cas être pris à la légère. "Nous continuons d'observer une transmissibilité en nette hausse et un nombre croissant de pays qui signalent des flambées liées à ce variant", note l'OMS. Et d’ajouter : "Il est prioritaire de conduire de nouvelles études sur son impact”. La flambée de cas qu’il a provoqués au Royaume-Uni, représentant jusqu’à 96% des nouvelles contaminations, en est la preuve. D’ailleurs, Boris Johnson a pris la décision de repousser la date du déconfinement, initialement prévue le 21 juin, au 19 juillet. A Moscou également, le variant Delta serait aussi responsable de près de 90% des nouveaux cas recensés de Covid-19.
Sachant que le Maroc a rouvert ses frontières, et attend l’entrée massive de ses Marocains résidant à l’étranger et de touristes, l'exécutif serait bien inspiré de recadrer certains comportements égoïstes et inconscients, qui sont légion. Autrement, le variant indien risque de poursuivre sur sa lancée macabre. Car si seulement trois personnes sont décédées au Maroc, de lundi à mardi, ce sont trois victimes de trop.
Si vous avez des antécédents de maladie hémorragique rare ou de troubles de la coagulation, l’agence européenne du médicament (EMA) vous déconseille l'utilisation du vaccin contre le Covid-19 d'AstraZeneca. En cause, le syndrome de fuite capillaire, appelé aussi maladie de Clarkson, et considéré comme un nouvel effet secondaire potentiel du vaccin, après le recensement de six cas en Europe. Un gonflement rapide des bras et des jambes, une grande fatigue doublée d'une sensation de faiblesse, de possibles diarrhées et une tension artérielle extrêmement basse sont les principaux symptômes du syndrome de la fuite capillaire. Ce syndrome se caractérise également par l'alternance de périodes de crises et de rémission. Le délai entre les crises varie de quelques semaines à plusieurs années. A ce jour, on ne connaît pas la cause ni les événements déclencheurs de telles crises. Pour le moment, plus de 78 millions de personnes ont été vaccinées avec le vaccin d'AstraZeneca en Europe.
Chady Chaabi
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