Trois questions à Dr Khadija Lahjouji, directrice du CNTSH

Le 14 juin de chaque année marque la célébration la journée internationale du donneur de sang, dans l’optique de faire connaître à l’échelle mondiale le besoin en sang et en produits sanguins sûrs aux fins de transfusion.

À l’occasion cette journée, célébrée cette année sous le thème « Donnez votre sang pour faire battre le cœur du monde », la directrice du Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie (CNTSH), Dr Khadija Lahjouji, a bien voulu répondre aux questions de la MAP.

Quel est l’état des lieux de la situation du stock de sang au niveau national ?

Le stock couvre actuellement trois à quatre jours de consommation. Ces stocks sont en dessous des besoins recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Un stock minimum de sécurité de sept jours de consommation est requis par l’organisation onusienne.
Des appels aux citoyens sont souvent lancés pour donner leur sang parce que le don de sang ne pose aucun problème pour leur santé et cela permet de sauver des vies humaines car chaque don permet de sauver trois vies.
Le don de sang de manière régulière permet aussi de prévenir certaines maladies dont l’hypertension artérielle et l’infarctus du myocarde. Il diminue aussi le risque de développer certains cancers, contribue à réduire les réserves en fer (c’est pourquoi les anémiques ne peuvent pas donner leur sang) et réduit ainsi les dommages causés par le dépôt de fer dans certains organes comme les reins.
La baisse des stocks est plus importante au niveau des grandes villes surtout les Centres Hospitaliers Universitaires. La ville la plus touchée par cette baisse de stock est Casablanca.

Pourquoi fait-on de moins en moins de dons de sang au Maroc et comment peut-on encourager cette pratique citoyenne ?

Le don de sang n’est pas une pratique courante des Marocains. Il y a des personnes qui ont peur de l’aiguille ou de contracter une maladie. La pandémie de la Covid-19 en est aussi une des causes. Elle a également impacté le don de sang d’une façon directe et indirecte et ce, dans le monde entier.
À ce propos, je tiens à préciser que le dispositif de prélèvement utilisé dans le don de sang est d’usage unique et que toutes les études scientifiques lancées au niveau international à propos de la Covid-19 sur la transmission par le sang ont démontré qu’il n’y pas de transmissions de la Covid-19 par le sang.
Les plus importantes baisses sont également enregistrées lors des périodes de vacances scolaires, de l’été et du mois du Ramadan.

Pour promouvoir cette pratique citoyenne, nous avons mis en place une politique de proximité afin d’être le plus proche du citoyen à travers la mise en place d’un plan d’unité mobile. Nous envisageons également l’ouverture de certaines maisons de don de sang. La première est en cours de construction à Rabat. Un numéro (06 66 90 26 69) a été aussi mis en place en vue d’orienter les citoyens vers les sites de collecte les plus proches.

Comment allez-vous célébrer, cette année, la journée mondiale des donneurs de sang ?

La journée mondiale des donneurs de sang est célébrée le 14 juin de chaque année. L’objectif étant de faire connaître les besoins en sang et de sensibiliser à la contribution essentielle des donneurs de sang volontaires et bénévoles aux systèmes de santé nationaux.
Elle est également une occasion pour lancer un appel à l’action des gouvernements et des autorités sanitaires des pays afin qu’ils mettent en place un système et des infrastructures permettant d’augmenter le nombre de donneurs et d’allouer les ressources nécessaires à cet effet. Le thème choisi cette année est « Donner son sang pour faire battre le cœur du monde ».
Nous avons prévu d’organiser des journées portes ouvertes au niveau de tous les centres de transfusion sanguine, avec pour objectif de rendre hommage aux donneurs réguliers.

Avant la pandémie, de grandes collectes durant la journée mondiale ont été effectuées. En 2018, nous avons collecté 800 dons en une seule journée à Safi. En 2019, à Tanger, nous avons collecté 1.325 dons. Actuellement à cause de la pandémie, on ne peut pas rassembler un maximum de personnes pendant une seule journée.

Propos recueillis par Fadwa EL GHAZI