Dans le cadre des 3e Journées francophones de la schizophrénie, l'association Al Oumnia des parents et amis de personnes souffrant de troubles psychiques a organisé, samedi 11 mars à Casablanca, une conférence-débat animée par le Dr Louafi Rguibi et le Pr Omar Battas, tous deux psychiatres. Cette conférence a réuni les familles dont les proches sont schizophrènes, les étudiants de l'Ecole supérieure de psychologie et aussi de simples visiteurs.

La schizophrénie touche 1 % de la population mondiale. Le Maroc compte près de 300.000 schizophrènes dont 40 à 50.000 à Casablanca et ce, pour 2.000 lits en structures psychiatriques publiques dont uniquement 200 à Casablanca. Cette pathologie occasionne souvent un certain nombre de déficits intellectuels qui perturbent notamment l'attention, la mémoire, l'apprentissage et le traitement de l'information.

Ces déficits, appelés " cognitifs", (comportementaux) sont souvent présents dès le début de la maladie et diminuent la capacité de la personne à réagir avec son milieu de manière appropriée. La cause de la schizophrénie n'est pas encore entièrement élucidée. Plusieurs facteurs jouent un rôle dans son apparition et son évolution. Bon nombre des premières théories sur les causes réelles de la maladie sont maintenant discréditées.

Ces théories insinuaient souvent que certains dysfonctionnements à l'intérieur des familles, comme la présence d'une " mère schizophrène", pouvaient être à l'origine de cette maladie chez un membre de la famille. Des études approfondies ont prouvé que cette théorie était fausse.

Les recherches actuelles s'intéressent beaucoup aux troubles de la mémoire que l'on retrouve chez un grand nombre de personnes souffrant de schizophrénie, d'une grande susceptibilité aux distractions et de difficultés à traiter l'information. Une personne prédisposée à la maladie schizophrénique est très vulnérable aux événements stressants de la vie, aux tensions et aux pressions de performance au niveau du travail et des études, et à la baisse du soutien social.

L'association Al Oumnia a pour objectif d'accueillir les familles, de les aider à mieux vivre au quotidien avec la personne souffrante et de promouvoir des techniques de soins plus efficaces.

Elle souhaite développer des partenariats et occuper les malades tout en leur permettant une certaine sociabilité, une insertion sociale adaptée à leurs besoins, par l'organisation d'ateliers encadrés par un personnel spécialisé formé à cet effet. Parmi ces ateliers (peinture, musique, théâtre, artisanat…), une panoplie d'activités qui permettra aux malades de s'épanouir. Toujours dans le but d'élargir le nombre de services à offrir aux malades et à leurs familles, Al Oumnia projette de réaliser des foyers d'accueil prolongé situés en zones rurales, dans un cadre reposant et adapté, en présence de mères ou de familles de substitution pour apporter de l'affection et du réconfort aux malades.

La schizophrénie est une maladie associée à un risque élevé de rechute. En suivant un traitement de longue durée à base d'antipsychotiques, il est possible de réduire ce risque de 75 à 15 %. Il est primordial d'amener le patient et ses proches à comprendre que la schizophrénie est une atteinte grave du cerveau et que le patient tirera le meilleur bénéfice d'un traitement si sa maladie est diagnostiquée et traitée aux tous premiers stades.

Par-dessus tout, le malade et ses proches doivent comprendre qu'ils jouent un rôle de premier plan dans le traitement. Par leur comportement et leurs sujets de discussion, ils peuvent contribuer à modifier le cours de la maladie et prévenir les rechutes. Les schizophrènes ont besoin d'encouragement, les compliments peuvent s'avérer plus efficaces que les critiques, qui ont tendance à démoraliser encore plus le patient.

Jihane El Houari