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Maroc Hebdo | Maroc | 24/05/2021
Interview de Kamal Marhoum El Filali, chef du service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca.
Pour Kamal Marhoum El Filali, la situation épidémiologique est rassurante et un allégement des mesures restrictives peut être envisagé, à condition de l’accompagner par des mesures spécifiques.
Le Maroc a enregistré, du 10 au 16 mai 2021, 1.080 cas de contamination au Covid-19 et 26 décès, en baisse respectivement de 46% et 40,9%. Le Maroc enregistre également un taux de létalité de 1,7%, parmi les plus bas au monde. On peut dire qu’aujourd’hui la situation épidémiologique est rassurante ?
La situation épidémiologique est effectivement plutôt rassurante. Il y a un mois, les indicateurs suivaient une courbe ascendante, nous étions inquiets. Aujourd’hui, cette inquiétude majeure est derrière nous, grâce, en partie, aux mesures restrictives instaurées à l’occasion du mois de Ramadan. Le couvre-feu de 20h à 6h durant le mois de Ramadan a donné ses fruits et a permis de réduire considérablement la propagation du virus.
C’était difficile, surtout lorsqu’on sait que durant ce mois les gens sortent le soir, notamment pour les prières des Tarawih, mais nous n’avions pas le choix, la sécurité et la santé des Marocains priment. Résultat : une amélioration sensible des indicateurs, notamment le R0 -taux de reproduction du virus-, avec une baisse importante des décès et des cas de contamination. Tout ça, c’est rassurant, mais il ne faut pas crier victoire pour autant.
Si parfois, nous enregistrons un ou zéro décès, il y a quelques jours nous avons eu 6 décès. Je dirais que l’épidémie est aujourd’hui sous contrôle, mais il s’agit d’un équilibre très précaire, ça peut changer très vite et à tout moment.
Seriez-vous pour un allégement des mesures restrictives ?
Prendre une telle décision nécessite une grande vigilance. Je suis pour une levée de certaines restrictions et un allégement pour d’autres, mais tout dépendra de plusieurs facteurs, à commencer par la poursuite de la campagne de vaccination et du comportement des gens.
Vous savez, si les gens respectaient à la lettre les mesures barrières, le port du masque, la distanciation et les mesures d’hygiène, on pourrait lever carrément toutes les restrictions, comme ce fut le cas dans certains pays asiatiques.
Mais, face à ce manque de conscience et de responsabilisation, je pense qu’il serait risqué de prendre des décisions hâtives et immédiates. Je serais d’avis qu’on attende quelques jours jusqu’à ce qu’on analyse l’évolution des indicateurs, puisqu’il y a eu des déplacements pendant la période de Aïd Al Fitr.
Les gens n’en peuvent plus et l’économie est en berne. On peut, par exemple, permettre à certaines activités de rouvrir, tout en imposant le passeport de vaccination…
Je comprends la frustration des Marocains, je le suis aussi. Parfois, j’ai du mal à respirer avec le masque, mais je n’ai pas le choix. Pour l’allégement, il peut se faire, mais à condition de le contrôler.
On peut, par exemple, rouvrir les cinémas, tout en imposant une certaine distanciation et un système de ventilation pour aérer efficacement les salles de cinéma. Les restrictions devraient être levées progressivement mais en les accompagnant avec des mesures spécifiques. Nous avons une chance actuellement avec cette diminution des cas de contamination. Ne gâchons pas en quelques semaines ce que nous avons gagné en une année.
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