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Libération | Maroc | 16/04/2021
Ouverture de la pratique de la médecine aux compétences étrangères, encouragement des établissements internationaux de santé à travailler et à investir au Maroc, et capitalisation sur des expériences réussies ». Telle est la recette proposée par Mohamed Benchaaboun, ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'administration, le but étant de renforcer les compétences nationales en matière de santé et de faire face au manque de cadres nécessaires pour la réussite du chantier de la généralisation de la sécurité sociale.
Pourtant, nombre de professionnels du secteur prennent ces mesures avec une certaine réserve. « Les propos de Mohamed Benchaaboun concernant l’ouverture sur les compétences et les investissements étrangers nous renvoient à l’époque d’avant-Covid-19, précisément au contexte du débat qui a accompagné la loi 131-13 qui avait ouvert les capitaux des cliniques privées aux investisseurs non-médecins. Un texte de loi qui n’a été à vrai dire qu’une tentative déguisée de privatisation du secteur de la santé. Nous ne sommes pas contre les investissements étrangers, mais ces derniers ne doivent être que complémentaires », nous a indiqué Dr Chanaoui Mostafa, secrétaire général de la CDT santé. Et de poursuivre : « Avec la propagation du coronavirus et les efforts déployés par l’Etat, nous avons estimé que le temps du changement est venu et que l’édification d'un secteur de la santé publique fort et performant est réalisable, mais le dernier discours de Mohamed Benchaaboun semble prendre une autre direction, à savoir celle de la défense d’un secteur privé libéral et sauvage ». Même son de cloche de la part d’un autre médecin casablancais, qui a sollicité l’anonymat. Pour lui, le vrai problème de la santé publique n’est pas celui des ressources humaines ou des investissements, mais il réside plutôt dans l’absence d’une vraie volonté de booster le secteur dans son ensemble (budget, équipements, gouvernance, lois, formation, incitations, etc).
« Nous avons déjà entamé l’expérience de l’investissement privé, mais elle tarde encore à donner ses fruits. Nous avons également ouvert l’exercice de notre métier devant les médecins asiatiques et sénégalais, mais cela n’a pas impacté le secteur », nous a confié notre source. Et de se demander : « On s’interroge sur le profil de ces médecins étrangers et sur la manière avec laquelle ils seront recrutés et rémunérés. En effet, on se demande comment des médecins qui font des consultations à des dizaines de dollars ou d’euros vont accepter des consultations à 250 ou 300 DH ».
Pour le secrétaire général de la CDT santé, le sauvetage du secteur passe par le recrutement de plus de personnel et par l’encouragement de ceux qui ont déjà été embauchés en leur offrant un milieu de travail adéquat et en leur garantissant des salaires justes ainsi que la pérennité de leur exercice.
« Nous n’avons aucune opposition à formuler contre les compétences étrangères, mais il faut donner la priorité aux nationaux », nous a-t-il affirmé. Et de poursuivre : « Il faut également réviser certaines lois comme la loi n° 34.09 relative au système de santé et à l’offre de soins qui a été vidée de sa substance. Comme c'est le cas, à titre d’exemple, du principe de la complémentarité entre le public et le privé qui a été complètement enterré.
En effet, Hocine Louardi, ex-ministre de la Santé, avait donné un coup de massue à ce principe en écartant le secteur privé de la carte sanitaire et en chargeant le secteur public de dispenser les soins et services sanitaires même dans les zones éloignées. En tant que syndicat, nous avons toujours estimé que l’Etat doit assumer ses responsabilités en matière de santé publique en offrant un service de qualité et en garantissant un accès à ces services pour tous. Notre pays n’a pas besoin d’un secteur de santé privé mais plutôt d'un secteur de la santé publique attractif et efficace ».
De son côté, notre médecin casablancais estime que s’il y a un manque de ressources humaines au niveau du public, l’Etat peut faire appel à celles du secteur privé en encourageant ses médecins à s’installer dans les zones éloignées via des incitations fiscales. « Nous avons également besoin d’élaborer une carte sanitaire apte à combler les manques et les lacunes. Le Maroc, comme partout dans le monde, subit un déséquilibre entre le nombre de professionnels ou des établissements sanitaires et la densité de la population dans une zone géographique donnée. Aujourd’hui, de plus en plus de médecins sont concentrés dans les centres au détriment des périphéries. Pour réguler cette situation, il faut faire appel aux médecins natifs de la région pour combler ce vide », a-t-il conclu.
Hassan Bentaleb
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