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Libération | Maroc | 06/04/2021
Celui anglais est en revanche connu pour sa grande propagation et pour s’attaquer également aux jeunes
Si la pollution de l’air a fait trois fois plus de morts dans le monde que la Covid-19 sur les 15 derniers mois, ce n’est pas demain la veille que nos préoccupations sanitaires risquent de changer de centres d'intérêt. Le nouveau coronavirus continue de rythmer nos journées au gré de l’évolution de la situation sanitaire. Au Maroc, elle demeure instable pour ne pas dire inquiétante.
Vieux comme le monde, les artifices de communication utilisés par l'Exécutif laissent peu de place au doute au sujet des hypothétiques restrictions à venir, qui vont certainement replonger les citoyennes et citoyens, dans un passé récent, un an en arrière, lorsque les mosquées et les établissements scolaires ont fermé leurs portes. Une décision accompagnée par l’instauration d’un couvre-feu pour éviter les rassemblements post-rupture du jeûne et donc la propagation du Sars-CoV-2.
Au vrai, ce ne serait pas plus mal. Comparée au reste du monde, la situation épidémiologique dans le pays n’a jamais atteint des extrémités. Pour continuer sur cette lancée, il va falloir retrouver une forme de responsabilité collective pour que les gestes barrières soient remis au goût du jour. D’autant que ça urge. Le bilan épidémiologique hebdomadaire fait état d’une hausse des cas de l’ordre de 20%. En détail, 3.538 nouveaux cas ont été décelés la semaine dernière contre 2.950 auparavant. Pis, le nombre de décès a également augmenté, puisque 52 personnes sont décédées la semaine dernière contre 31 une semaine plus tôt. A l’évidence, même si l’occupation des lits de réanimation demeure stable (13,8%), la propagation du Sars-Cov-2 est plus que jamais d’actualité. La faute incombe au variant britannique qui gagne du terrain à mesure que les restrictions, gestes barrières et autres consciences citoyennes en perdent. Au moment où l’on écrit ces lignes, le variant britannique a été détecté dans sept régions du Royaume via le dispositif de veille génomique du Sars-CoV-2 (Covid-19) mis en place par le ministère de la Santé. "En effet, le séquençage du génome complet a permis la confirmation de la présence de mutations signatures du variant britannique", indique le département dans un communiqué. Et de préciser qu'à ce jour, "89 souches B.1.1.7 (variant britannique) ont été assignées, et aucun autre variant préoccupant (VOC) n’a été confirmé au Maroc"
Quand bien même les autorités sanitaires ne voudraient pas tomber dans la sinistrose, elles rappellent tout de même que le variant britannique se caractérise par une “transmissibilité de 30 à 70% plus élevée que les souches de Sars-CoV-2 précédemment en circulation dans le monde”. A la lumière de ces éléments, la promesse faite par le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, d’un Ramadan "normal et sans restrictions” sonne désormais encore plus faux qu’au moment où il l’avait prononcé, quelques mois en amont. Un excès d’optimisme qui met en lumière le caractère imprévisible d’une pandémie dont on ne voit pas le bout. Preuve en est, le nouveau variant ‘’marocain’’. Si l’on en croit le Pr Azedine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et membre du Comité scientifique national pour la Covid-19, les chercheurs nationaux ont découvert un variant dont le génome est 100% marocain, dans le sud du Maroc à Ouarzazate. "La réplication du virus conduit inévitablement à l’émergence de mutations locales qui se produisent en présence des conditions génétiques de leur développement”, explique le Pr Azedine Ibrahimi, qui rassure par la même occasion en confirmant l'absence du variant sud-africain sur le territoire national. Variant qui résiste plus aux anticorps que le britannique’’. Autrement dit, la campagne de vaccination nationale n’est pas menacée pour le moment. Certes ralentie, mais pas menacée. Ce qui est finalement un moindre mal. Pour l’heure, 4.348.995 personnes ont reçu la première dose et 3.891.875 la seconde.
Certes, l’objectif de vacciner 80% de la population ressemble de plus en plus à un mirage. Mais l’Exécutif y croit. De toute façon, il n’a pas trop le choix. Mais les défauts d’approvisionnement sont un obstacle de taille. Le Maroc n’aurait plus une seule dose de vaccin en magasin. Seules les 11èmes doses contenues dans les flacons multidoses envoyées par AstraZeneca ont permis à la campagne de vaccination nationale de ne pas s'arrêter net.
Mais une telle issue est inéluctable en l’absence de livraisons de doses, que ce soit de la part d’AstraZeneca, CNBG Sinopharm, ou encore Spoutnik V. En attendant une issue favorable à cette crise d’approvisionnement mondiale, la propagation du virus redevient la priorité de tous et refait les choux gras de l’actualité.
Chady Chaabi
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