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Médias24 | Maroc | 10/03/2021
Le ministère de la Santé a publié, mardi 9 mars, deux documents relatifs aux contre-indications à la vaccination ainsi qu'aux recommandations officielles pour certaines situations particulières. Voici ce qu’il faut retenir.
"Il s'agit des premiers documents officiels du ministère de la Santé dans ce sens", nous a confié Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, joint par Medias24.
Sur le premier document listant les contre-indications à la vaccination, le ministère précise que toutes les personnes âgées de 17 ans et plus peuvent être vaccinées par le vaccin anti-covid, quelle que soit la maladie ou le traitement en cours, à l’exception des femmes enceintes et allaitantes, des personnes ayant eu des antécédents de choc anaphylactique ou d’œdème de Quincke, ainsi que celles ayant présenté une réaction allergique suite à la première dose de ce vaccin. La vaccination est également différée en cas de syndrome infectieux aigu jusqu’à guérison.
Le document ajoute également que les personnes ayant déjà été positives au coronavirus sont éligibles à la vaccination, mais sous les conditions suivantes :
Selon ledit document, le vaccin anti-Covid peut être administré en parallèle avec d’autres vaccins inactivés ou vivants, mais la programmation doit être séparée selon les modalités suivantes :
Toutefois, les vaccinations urgentes (antirabique, anti-meningococcique, sérum-antitétanique) doivent être prioritaires lorsqu’elles sont indiquées, quel que soit le statut vaccinal par rapport à la vaccination contre le Covid-19.
Les personnes immunodéprimées et celles vivant avec le VIH peuvent aussi être vaccinées contre le Covid, ainsi que les patients sous traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire. Pour cette dernière catégorie, la vaccination doit être suivie d’une pression sur le site d’injection (sans frotter) pendant au moins deux minutes.
Enfin, pour les personnes sous chimiothérapie ou immunothérapie, les vaccins peuvent être administrés en inter-cures, et à n’importe quel moment pour les patients sous hormonothérapie ou thérapie ciblée orale.
Sur ce document, le ministère tient à préciser que les allergies alimentaires et saisonnières ne représentent pas une contre-indication aux deux vaccins utilisés à ce jour au Maroc, à savoir AstraZeneca et Sinopharm. Une simple maladie sans fièvre n’est pas non plus une raison pour retarder la vaccination. Ces deux points n’étaient jusqu'ici pas assez clairs pour les citoyens. La majorité des personnes souffrant d’allergies sont effrayées à l’idée de se faire vacciner, et au démarrage de la campagne de vaccination, elles étaient refusées aux centres de vaccination.
Dans une publication sur son compte Facebook, Ahmed Rhassane El Adib, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Mohammed VI de Marrakech et chef de l'un des services de réanimation de la ville ocre, appelle le comité scientifique à revoir certains points des recommandations officielles, pour lever les contre-indications notamment pour la femme enceinte et allaitante ainsi que les personnes ayant eu des antécédents de choc anaphylactique.
Selon lui, ce sont des cas pour lesquels "nous disposons désormais de beaucoup d'arguments scientifiques, de recommandations solides et justifiées et de recul de pharmacovigilance aux niveaux national et international".
Il appelle ainsi à vacciner, "au moins, les femmes enceintes et allaitantes qui présentent des comorbidités telles que l'hypertension artérielle (HTA), diabète, obésité, maladies cardiaques ou rénales... pour les protéger des formes graves et potentiellement mortelles" de la maladie.
Pour ce qui est des allergies, il recommande de ne garder que "les antécédents d'allergie grave au polysorbate 80. Toutes les autres allergies, même ayant causé un choc anaphylactique ou un œdème de Quinck ne posent aucun souci pour les vaccins dont dispose le Maroc", a-t-il souligné.
En effet, sur ce dernier point, des allergologues marocains trouvent les recommandations du ministère très restrictives. Dans un article précèdent, Dr. Younes El Gueddari, allergologue et président de l’Association marocaine de formation continue en allergologie (AMAFORCAL) nous avait expliqué que les vaccins AstraZeneca et Sinopharm sont recommandés par les experts internationaux aux patients allergiques, puisque le vaccin Sinopharm utilise l’hydroxyde d’aluminium dénué de risque anaphylactique, et celui d'AstraZeneca contient du polysorbate 80, potentiellement allergisant chez une faible proportion de la population. Un composant qu'on retrouve également dans la vie courante, notamment dans l’alimentation, les crèmes et les médicaments comme l’aspirine. Selon lui, d'une part, si ces personnes consomment ces produits sans aucun problème, alors elles ne doivent pas être écartées de la vaccination, et d'autre part, le système immunitaire n’est pas immuable, ni stagnant.
Des constats soutenus par Dr. Hamdi. "Les recommandations concernant les personnes ayant des antécédents de choc anaphylactique diffèrent selon les pays. Actuellement, ces gens ne peuvent pas encore se faire vacciner au Maroc, mais dans d'autres pays, ils le sont, à condition qu'ils se trouvent dans une structure hospitalière, et qu'ils restent 30 minutes sur le site après injection, pour être surveillés et les sauver en cas de complication".
"Au futur, la tendance ira dans ce sens et ces personnes seront vaccinées. Les systèmes de santé sont actuellement concentrés sur la vaccination de masse et sur les personnes qui ne présentent aucun risque. Mais ce n'est pas une excuse. Les autres ont également le droit d'être protégés."
"Pour les femmes enceintes et allaitantes, scientifiquement parlant, elles ne courent aucun risque. Le Maroc attend toutefois d'être sûr qu'il n'y a aucun problème à les vacciner. Dans d'autres pays étrangers, les femmes enceintes à risque (diabétiques, obèses...) peuvent déjà se faire vacciner, parce qu'elles font partie des catégories vulnérables".
Dans le cadre de la campagne de vaccination en cours, le personnel de santé peut être confronté à différentes situations particulières. Voici celles listées par le ministère et leurs actions correctives.
Kenza Khatla
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