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Revue de presse

Obésité et Covid-19 : le choc fatal entre deux pandémies

L'Opinion | Maroc | 09/03/2021

La pandémie actuelle du Covid-19 se superpose à une autre pandémie bien connue auparavant, celle de l’obésité. À l’occasion de la Journée mondiale de l’obésité, célébrée le 4 mars, nous allons faire le point sur les risques, les raisons qui font que les personnes obèses sont particulièrement vulnérables face au Covid-19.

Depuis le début de l’épidémie du Coronavirus, plusieurs études ont démontré que l’obésité augmentait les risques de développer une forme grave de la maladie. « L’obésité représente un risque accru d’infection au Covid-19 sévère, amenant les patients en unité de soins intensifs pour une assistance respiratoire avec menace de décès », indique Dr. Karim Ouali, nutritionniste. Les raisons en sont multiples : altération de la mécanique ventilatoire, présence de comorbidités comme le diabète, l’hypertension artérielle ou l’apnée obstructive du sommeil, enfin, des réactions immunologiques et inflammatoires inappropriées et excessives, possiblement encore accentuées par des dépôts de graisse ectopique intrathoraciques.

Un indice de masse corporelle (IMC) élevé ne suffit pas pour caractériser l’obésité. La prise en compte du tour de taille et de la répartition de la masse grasse dans le corps est importante pour cibler les complications qu’elle peut entraîner

« Si l’indice de masse corporelle (IMC) donne bien des repères de corpulence, il n’est pas le seul marqueur de cette maladie chronique évolutive qu’est l’obésité », explique le nutritionniste.

La définition officielle de l’obésité donnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), basée sur le calcul de l’indice de masse corporelle, donne effectivement une idée de la corpulence. Pour rappel la valeur de référence se situe avec un IMC entre 18,5 et 25. On parle de léger surpoids avec un IMC entre 25 et 30, puis d’obésité modérée (type I) avec un IMC entre 30 et 35, d’obésité sévère (type II) avec un IMC entre 35 et 40 et d’obésité morbide (type III) au-delà de 40.

Risques cardiovasculaires et diabète

Mais il faut affiner cette définition en caractérisant au mieux les personnes obèses, car l’IMC n’est pas suffisant pour déceler d’éventuels problèmes de santé liés à une obésité. Certains patients développent des complications malgré des obésités modérées tandis que d’autres ont des obésités sévères, mais peu de difficultés. Il faut aussi prendre en considération le tour de taille et la répartition des tissus adipeux.

« Lorsque le gras est réparti au niveau abdominal autour des organes digestifs, on parle d’obésité androïde et si le tour de taille est supérieur à 102 cm pour les hommes et à 88 cm pour les femmes chez les Caucasiens, les risques de complications cardiovasculaires et de diabète sont accrus.

Le syndrome métabolique décrit ces maladies associées (diabète, cholestérol élevé, hypertension artérielle…) », explique le spécialiste.

Les graisses abdominales ciblées par le Covid-19

Selon une étude britannique, la composition du tissu adipeux serait la principale coupable. Pour en savoir plus, les scientifiques ont analysé les tissus adipeux prélevés sur des patients infectés par le Covid-19. Résultat : « les cellules graisseuses sont bien un réservoir du SARS-CoV-2. Leur présence en grande quantité va de pair avec une augmentation de la charge virale », décrivent les auteurs de l’étude. Les tissus les plus touchés semblent être « les graisses profondes (abdominales et celles entourant les organes) plutôt que les graisses superficielles ».

Autres mécanismes mis à jour : « lors de l’infection, il semble que les cellules graisseuses délivrent dans la circulation sanguine des substances à l’origine de la réaction inflammatoire » appelée choc cytokinique. S’en suivent des complications au niveau des poumons, du cœur et du système nerveux.

Selon les chercheurs, « chez une personne en surpoids ou obèse, les tissus adipeux deviennent hypoxiques (Déséquilibre entre les besoins des tissus en oxygène et les apports), ce qui diminue la quantité d’oxygène disponible pour le patient ».

La crise sanitaire facteur aggravant

L’épidémie du Covid-19 « va augmenter assurément et fortement les causes psychologiques et sociales de l’obésité. On compense le stress de la crise sanitaire par une alimentation déséquilibrée, on bouge moins. Alors il y a urgence à mieux accompagner cette maladie. Il faut s’atteler aux dispositifs d’aide avec plus d’acteurs, plus de formation, plus d’appétence pour le sujet et notamment chez les jeunes », précise Dr. Ilham Adouan, infectiologue.

3 questions à Dr Mounia Zahzah

Mounia Zahzah : « L’obésité doit être considérée comme une maladie chronique complexe qui doit être gérée tout au long de la vie »
Les personnes obèses ont 50% de risques en plus que les autres d’attraper le Coronavirus et de développer une forme sévère de la maladie. Dr. Mounia Zahzah, médecin spécialiste en Gastro-entérologie apporte son éclairage.

Depuis le début de la pandémie, on observe que les personnes en surpoids ou souffrant d’obésité sont plus à risque face au Covid-19. Que ` cela signifie-t-il exactement ?

Le surpoids ou encore l’obésité double le risque d’hospitalisation suite au Covid-19 et augmente également le risque de décès de près de 50%. L’obésité rend plus probables d’autres maladies telles que le diabète et l’hypertension artérielle.

L’obésité est trop souvent ramenée à l’équation simpliste « alimentation/activité physique ». Pourquoi un tel raccourci selon vous ?

Il va falloir aller au-delà de la simple recommandation d’un régime alimentaire et de l’exercice physique et reconnaître les vraies causes de l’augmentation de l’IMC et son impact sur la santé.

En pratique médicale, on connaît un certain nombre d’individus obèses bien portants avec des paramètres métaboliques (glycémie, lipides sanguins) strictement normaux. À l’inverse, certaines personnes de poids normal présentent des caractéristiques métaboliques de sujets obèses, cette approche doit être prise en considération dans une perspective de santé publique cela peut être utile pour détecter précocement et prévenir l’obésité et ses complications.

Après la pandémie du Covid-19, pensez-vous que l’obésité doit être reconnue comme une maladie a` part entière a traiter ? `

L’obésité doit être considérée comme une maladie chronique complexe qui doit être gérée tout au long de la vie, nécessitant un suivi et une prise en charge adaptée en fonction des causes profondes de la prise de poids et adopter une approche holistique de la santé. Ainsi, l’obésité devrait être définie par l’état de santé d’une personne et pas seulement par son poids.

Recueillis par M. E.

Vaccination : Moins efficaces en cas d’obésité ?

L’obésité est un facteur aggravant dans l’ensemble des pathologies de santé. Dans le cas du Coronavirus, les personnes obèses sont plus touchées par la maladie, font plus de formes graves, et leurs taux de survie sont moins élevés. Mais une autre inquiétude commence à émerger dans la communauté scientifique : il se pourrait que les vaccins face à la Covid-19 soient aussi moins efficaces sur les personnes en situation de surpoids ou d’obésité.

L’obésité est généralement associée à des formes d’inflammation chronique, des perturbations endocriniennes et métaboliques complexes. Ces phénomènes ont des conséquences très variées sur la santé, conséquences que l’on ne mesure pas encore toujours très bien, et dont on ne comprend pas toujours les mécanismes de fonctionnement. Mais ces dernières années, plusieurs études ont montré que ces perturbations métaboliques avaient des conséquences sur le système immunitaire. Les chercheurs estiment ainsi que l’abondance de tissus adipeux affaiblit et perturbe le fonctionnement des leucocytes, cellules impliquées dans le fonctionnement immunitaire.

En conséquence, les personnes en situation de surpoids sont plus facilement affectées par les bactéries et les virus et guérissent moins facilement. Mais cela affecte aussi leur capacité à développer des anticorps, notamment lorsqu’elles se font vacciner. « Comme les individus obèses ont un système immunitaire dégradé, ils répondent moins bien aux vaccinations », explique Dr. Mounia Zahzah. « Cette conclusion est basée sur le fait que les vaccins contre la grippe ne fonctionnent pas assez bien chez les personnes dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 30 », ajoute-t-elle. La question n’est donc pas anodine. Si les vaccins contre le Coronavirus s’avèrent moins efficaces sur les personnes souffrant de surpoids, c’est une problématique de santé publique fondamentale.


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