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Le matin | Maroc | 10/02/2021
Depuis le lancement de la campagne nationale de vaccination contre la Covid-19, le 29 janvier dernier, plus de 500.000 personnes se sont fait vacciner. Il s’agit majoritairement des personnes surexposées au risque de contamination, telles que les médecins, les pharmaciens, les enseignants… Les personnes présentant des maladies à haut risque et une déficience de l’immunité doivent aussi se faire vacciner prioritairement. C’est notamment le cas des patients atteints d’insuffisance rénale terminale et ceux dialysés. Amal Bourquia, professeure de médecine, spécialiste en Néphrologie et néphrologie pédiatrique, présidente de l’association REINS et auteur de nombreux ouvrages, nous explique pourquoi il faut accorder la priorité d’accès aux vaccins à ces personnes et leur livre des conseils à suivre après la vaccination.
Le Matin : Pourquoi les malades dialysés doivent-ils être vaccinés prioritairement ?
Amal Bourquia : Les patients atteints d’insuffisance rénale terminale et ceux dialysés présentent une déficience de l’immunité en rapport avec l’état urémique et ce trouble de l’immunité les rend fragiles avec une vulnérabilité accrue aux infections et donc une capacité limitée à faire face au virus. La nature même de leur traitement les expose au risque d’infection par la Covid-19.
Ils sont obligés de se déplacer au centre de dialyse et donc de se retrouver plusieurs fois par semaine en contact avec d’autres patients et avec les membres du personnel soignant sans oublier leurs moyens de transport public ou familial. Les centres d’hémodialyse demeurent donc des milieux à haut risque et les circonstances du traitement exposent les patients à d’éventuels contaminateurs, vu le grand nombre de personnes qu’ils sont obligés de côtoyer régulièrement. En plus, ces patients hémodialysés en centre présentent un risque particulièrement élevé, non seulement en raison de leur âge avancé, d’une insuffisance rénale et d’une fréquence plus élevée de comorbidités, mais aussi parce que la Covid-19 est plus susceptible de se propager parmi les patients en milieu hospitalier. Le risque relatif de décès associé à la Covid-19 chez les patients en dialyse chronique au centre paraît plus élevé que celui de la population générale.
Selon vous, est-ce que le vaccin serait tout aussi efficace chez les personnes atteintes d’insuffisance rénale ?
Les études sur les vaccins anti-Covid-19 n’ont pas inclus cette catégorie de patients et donc on ne connaît pas leurs réponses. Cependant, les patients dialysés et ceux en insuffisance rénale avancée ont des réponses aux vaccins moins bonnes que la population générale. Si on prend la vaccination contre l’hépatite virale B, les doses appliquées aux dialysés sont très différentes. Aussi certains répondent au protocole habituel, mais une bonne partie ne développe pas d’anticorps ou des anticorps à des taux insuffisants. Des situations qui nous imposent de doubler les doses ou d’augmenter le nombre d’injections.
Est-ce que le vaccin pourrait avoir des effets secondaires particuliers sur les patients dialysés ?
Depuis des dizaines d’années, les patients dialysés sont vaccinés contre de nombreuses maladies sans effets secondaires particuliers ou risque de complications. On pense que leur comportement vis-à-vis du vaccin contre la Covid 19 serait pareil. Il est à noter qu’il n’y a pas d’études concernant la vaccination de ces patients. Ces patients peuvent aussi, comme le reste de la population, avoir quelques effets indésirables de la vaccination comme une douleur au point d’injection, un mal de tête, une fatigue ou une fébricule.
Les vaccins retenus par le Maroc ont des méthodes de fabrication déjà utilisées en médecine et dites « classiques », donc bien connues et ces vaccins présentent des avantages en termes de stockage et on pense qu’ils ne poseront pas d’effets indésirables particuliers chez ces patients.
Quels conseils, à suivre après le vaccin, pouvez-vous donner à ces patients ?
Ces patients nécessitent une bonne surveillance, donc ils devront rester en contact permanent avec le médecin traitant et l’équipe soignante. Des contrôles réguliers au centre de dialyse sont nécessaires pour détecter précocement les éventuels effets indésirables avant et après la vaccination. Jusqu’à présent, on n’a pas de recommandations pour ces patients ni les autres, mais j’espère qu’on va se tourner rapidement vers ces patients très fragiles et régulièrement menacés par le virus Covid-19. D’ailleurs, de nombreux services de dialyse et de greffe rénale en Europe ont commencé la vaccination à grande échelle de leurs patients.
Est-ce que les malades dialysés non vaccinés peuvent compter sur l’immunité collective pour se protéger contre le virus ?
Oui bien sûr, dans une certaine mesure, ils seront moins exposés, mais entre-temps ils seraient toujours à risque et on ne sait pas quand. Comme la durée de l’immunité à long terme n’est toujours pas connue pour le moment, en plus les études disent toujours que la vaccination ne stoppera pas le fait de transmettre le virus, ce qui fait que la meilleure solution pour eux et d’être eux-mêmes protégés. C’est le rôle des centres de dialyse de surveiller le développement de leur immunité vis-à-vis de la Covid-19. Je considère aussi que c’est aux différents spécialistes et aux associations d’attirer l’attention et d’expliquer les différentes priorités que les responsables n’ont pas toujours prises en considération. Il y a tellement de données à analyser pour un sujet où il y a du nouveau tous les jours. C’est cette communication constructive que nous réclamons depuis le début de cette pandémie qui nous impose à tous une responsabilité et une humilité.
Rappelez-nous comment se sont organisés les centres de dialyse durant la pandémie pour mieux protéger les patients ?
Des mesures de prévention, de protection, de dépistage et d’isolement ont été prises aux premiers stades de la maladie. Tout d’abord l’application de toutes les recommandations pour la population générale, notamment les gestes simples qui sont à respecter par les patients, les proches et par le personnel soignant. Les centres de dialyse ont suivi de près les procédures de sécurité pour prévenir ces infections et intensifier les mesures d’hygiène et de désinfection comme le lavage des mains à l’arrivée en dialyse et au départ, mesure de la température avant et après dialyse. Les patients symptomatiques ont été dialysés en isolement. Le port de masque facial pendant la séance. Si le patient ne pouvait se rendre à l’établissement de dialyse en raison d’une maladie, le médecin du centre l’orientait pour prendre d’autres dispositions. Par ailleurs, les centres ont travaillé sur l’information des patients et à leur fournir des conseils pour appliquer des mesures préventives afin de réduire le risque d’exposition. Parmi ces conseils, garder un espace avec les autres (malades, personnel, famille), rester à la maison les jours sans dialyse, utiliser le transport individuel si possible vers et depuis les centres de dialyse, se laver souvent les mains, mais aussi de rester à la maison si on se sent malade ou on a des symptômes tels que fièvre, toux, mal de gorge, courbatures, maux de tête, frissons et informer le centre de dialyse.
Hajjar El Haïti
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