Consultez les mentions légales (RCP) des médicaments disponibles dans votre pays
Médecine d'Afrique Noire
Consulter la revue
Médecine du Maghreb
Consulter la revue
Odonto-Stomatologie Tropicale
Consulter la revue
Restez informés : recevez, chaque jeudi, la lettre d'informations de Santé Maghreb.
Accueil > Santé Maghreb au Maroc > Revue de presse
Libération | Maroc | 12/01/2021
Les pièces du puzzle de la campagne de vaccination dans le pays sont presque au complet. Vaccins, durée et modalités ne sont plus un secret. Mais certaines zones d’ombre restent à éclaircir. En plus du flou entourant la date de lancement de cette campagne, tributaire de la livraison d’une partie des 66 millions de doses commandées par les autorités sanitaires du pays aux laboratoires AstraZeneca et CNBG Sinopharm, une autre interrogation se pose avec insistance : faut-il vacciner les personnes ayant déjà été infectées par le virus ?
« Au cas où toutes les conditions seraient remplies à bon escient, nous jeûnerions pendant le prochain Ramadan sans mesures de restriction» . Dans un élan d’optimisme quelque peu hâtif, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a ainsi promis une sortie de crise sanitaire pour avril.
Dans quatre mois donc, Khalid Ait Taleb a bon espoir que 60% de la population marocaine sera immunisée contre la Covid-19 en 12 semaines. Mais cette projection exclut de facto à la fois les difficultés et contraintes à même de retarder ce dessein, mais aussi et surtout, le cas des personnes infectées par le virus dans le passé. Pour assimiler la complexité de la situation, il faut savoir que les études qui ont tenté de déterminer la durée de l’immunité développée par les personnes ayant été malades sont plutôt contradictoires. Elles évoquent une durée comprise entre quelques semaines à huit mois.
En partant du principe qu’on peut être atteint une seconde fois par le nouveau coronavirus, ne serait-il pas dangereux de retarder leur vaccination ? C’est ce qui a pourtant été préconisé par Hicham Afif. Lors d’un webinaire articulé autour du thème de la vaccination, le directeur général du CHU Ibn Rochd a indiqué qu’il était possible de vacciner les personnes contaminées « mais à condition de respecter un délai de trois mois, après le premier symptôme, et non après la phase aiguë, ni la date de la sortie d'hôpital par exemple ».
Trois mois durant lesquels ces ex-contaminés pourraient être touchés une seconde fois par le virus et le propager. Justement, pour éviter ce scénario, les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies affirment sur leur site que « du fait qu’une réinfection à la Covid-19 est possible, il pourra être conseillé aux personnes de se faire vacciner même si elles ont déjà été atteintes du coronavirus ».
Mais cette préconisation n’est pas sans risque sur la santé de ces derniers. Et pour cause, « de nombreuses inconnues demeurent concernant la sécurité et l’efficacité des vaccins chez certaines populations et notamment s’agissant des individus précédemment infectés par la Covid-19 », précise un groupe de scientifiques mandatés par la National Academy of Siences aux Etats-Unis. Une situation inextricable que l’on doit principalement au fait que « la plupart des essais cliniques menés sur les candidats-vaccins excluent en analyse principale les sujets antérieurement infectés », révèle la Haute autorité de santé en France. Mais si plusieurs laboratoires comme Moderna ou Novavax ont en effet exclu de leurs essais les personnes testées positives à la Covid lors de tests de diagnostic ou d’anticorps, c’est pour une simple raison : limiter les erreurs, car les cas positifs auraient peut-être déjà développé une réponse anticorps à la Covid-19, ce qui aurait pu fausser les résultats sur l’efficacité du vaccin lui-même.
En clair, les essais cliniques menés ne permettent pas de déterminer si le vaccin sera efficace pour tous ceux ayant déjà été contaminés. Surtout s’ils souffrent de symptômes persistants. Dès lors, vacciner ces personnes peut avoir des conséquences que l’on ignore pour le moment. D’autant que si l’on en croit une étude de l’hôpital Hôtel-Dieu de Paris, environ un tiers des personnes ayant été malades souffrent de symptômes plusieurs semaines, voire plusieurs mois après leur diagnostic.
Du coup, nombreux sont ceux qui redoutent de se voir injecter un vaccin, capable d’intensifier une réponse immunitaire qui ne manque déjà pas d’agressivité, entraînant fatigue, palpitations cardiaques, ou encore douleurs musculaires et difficultés respiratoires. Et pour revenir à notre question, vous aurez remarqué que pour une réponse claire et définitive, va falloir repasser. Cette incertitude est le lot des vaccins commercialisés sans aller au bout des essais cliniques.
Chady Chaabi
APIDPM © Copyright 2000-2024 - Tous droits réservés. Site réalisé et développé par APIDPM Santé tropicale.