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Libération | Maroc | 12/01/2021
Docteur Imad El Hafidi, président de l’Association A2G Europe Maroc (Alliance euro-marocaine de gériatrie et gérontologie), récemment créée à Paris, a accordé un entretien à la MAP, dans lequel il aborde nombre de questions liées à la prise en charge des personnes âgées dans le sillage de la pandémie de Covid-19. Etabli en France depuis une vingtaine d'années, Dr. El Hafidi est notamment médecin-chef d’un établissement de santé privé à Paris, spécialiste, entre autres, en gériatrie, gérontologie, oncogériatrie et psychogériatrie. Il est également médecin algologue et spécialiste en télémédecine.
Les personnes âgées ont été les plus touchées par la Covid19. Comment la médecine gériatrique a-t-elle réagi à la pandémie ?
L'âge avancé constitue depuis le début de la crise de la Covid-19 un facteur de risque, les personnes âgées étant souvent une population fragile en raison de leurs comorbidités. Les personnes de 65 ans et plus représentent 66% des admissions en réanimation et 90% des décès dus au virus. Cette population a développé le plus de formes graves avec d’importantes séquelles post-Covid (physiques, psychologiques et socioéconomiques). Depuis le début de la crise, les gériatres ont été très inquiets et ont dû se mobiliser activement durant les deux vagues épidémiques pour protéger les aînés, que ce soit à domicile, à l’hôpital ou en établissement. Aussi, la médecine gériatrique a mené de grandes campagnes de sensibilisation dans les médias et les réseaux sociaux en partenariat avec l’ensemble des parties prenantes.
La pandémie a-t-elle imposé des changements de paradigme pour les professionnels ?
Bien évidemment, les modalités organisationnels ont changé, car, si lors de la première vague pandémique de mars dernier les patients étaient admis en tant que cas Covid ou non Covid, faisant abstraction des spécialités dont relevait leur prise en charge, lors de la deuxième vague, et en vue de garantir une meilleure prise en charge de cette population, il a fallu prendre le patient sous l’angle de la spécialité dont il relève, et le statut Covid ou non Covid n’était pris en compte que pour adapter sa prise en charge. Aussi, les prises en charge thérapeutiques des patients ont beaucoup évolué notamment avec l'utilisation de l’oxygénothérapie, les corticoïdes, les anticoagulants et les antibiotiques en cas de surinfection. Aujourd’hui, on connaît mieux les symptômes atypiques de la Covid-19 chez les personnes âgées qui étaient souvent des signes trompeurs comme la diarrhée, les vomissements, le changement du comportement ou une hypothermie.
Quels sont les principaux défis que les professionnels de santé ont dû affronter lors de cette crise ?
Les défis sont d’ordre organisationnel et logistique. Les professionnels ont dû faire preuve d’une grande adaptabilité et de réactivité et procéder parfois à des dépistages massifs afin d’éviter l’apparition de clusters au sein des établissements de santé. Parfois, il était nécessaire de créer plusieurs unités dans le même établissement pour éviter la propagation du virus et contaminer d’autres patients ou résidants dans le cas des EHPAD (Etablissements d’hébergement pour personne âgée dépendante). Outre la problématique d’assurer la continuité de soins face au manque de ressources, les responsables étaient appelés à se réorganiser pour mieux prendre en charge les personnes âgées en situation palliative exclusive et accompagner dignement leur fin de vie. Et face à la fatigue physique et le stress psychique, les professionnels de santé ont fait preuve de beaucoup de dévouement, de sacrifice et du sens du devoir.
Quelles perspectives apportent les différents vaccins pour les seniors ?
Le vaccin va permettre de protéger les personnes âgées et leur éviter de développer des formes graves de Covid-19. Quels que soient les types de vaccins, que ce soit les formes classiques ou celles utilisant de nouvelles technologies, l’objectif est le même, à savoir obtenir une réaction immunitaire en cas de contact avec le virus SARS COV-2, et grâce à une couverture vaccinale large, on pourra atteindre une immunité collective. Et quand la population sera immunisée à 70%, on pourra espérer un début de disparition de l’épidémie. J’appelle les personnes âgées à se faire vacciner et incite leur entourage familial à les accompagner dans cette démarche.
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