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Maroc Hebdo | Maroc | 12/01/2021
La surenchère a déjà commencé. A cause de la course effrénée vers l’acquisition des précieux vaccins, les pays les moins riches devront attendre des semaines, voire des mois avant que la campagne de vaccination commence. Le Maroc n’est pas épargné. Peut-il offrir la gratuité à tous les Marocains ?
La campagne de vaccination, annoncée il y a à peu près deux mois jour par jour par un communiqué du Cabinet royal, le 14 novembre 2020 précisément, tarde encore à commencer. Cette annonce sera suivie d’une autre relative à la gratuité de cette vaccination anti-Covid-19 qui devrait profiter à toute la population, même aux étrangers résident au Royaume.
Le retard du démarrage de cette opération d’envergure a-t-il un lien avec le prix du vaccin, autant chinois de Sinopharm que celui britanno-suédois d’AstraZeneca? La question n’est pas fortuite, encore moins anodine. Le coût élevé d’acquisition du vaccin est pour le moment un véritable casse-tête chinois. Le gouvernement n’ose pas en parler. C’est le non-dit. Et c’est vraisemblablement le seul et grand obstacle qui retarde l’acheminement de ce qui est considéré comme seul espoir véritable d’en finir avec le coronavirus et d’en limiter, autant que possible, les victimes de ce virus sournois et fatal.
Répercussions sociales
Or, on ne peut être déconnecté de ce qui se passe à l’international du moment que nous sommes un pays importateur du vaccin. On l’a tous vu, les pays riches s’en servent les premiers. Ils mettent beaucoup de pression politique sur tous les laboratoires qui le fabriquent. Et ils misent gros. Ce qui fait que les pays qui n’ont pas les moyens de rivaliser sont condamnés à repousser la vaccination de longs mois.
C’est le cas de beaucoup de pays du continent américain, européens et africains comme le Maroc. Avec de grosses commandes des grandes puissances, l’effet économique de l’offre et de la demande entraîne un effet boule de neige des prix des vaccins. Comme l’a expliqué Pr Azzedine Ibrahimi, membre du comité scientifique et technique en charge de l’élaboration de la stratégie vaccinale. Difficile à suivre pour les pays moins riches. Le cas de l’Union européenne est parlant. Elle vient de réserver une nouvelle commande de 300 millions de doses supplémentaires à Pfizer-BioNTech.
En vérité, tous les observateurs s’accordent à dire qu’il n’y pas urgence, car les vaccins livrés le 21 décembre 2020 sont loin d’avoir été tous injectés : le rythme des campagnes de vaccination est assez lent dans toute l’Europe.
L’UE a acquis pour 1,78 euro pour le vaccin d’AstraZeneca/Université d’Oxford, 8,50 euros pour Johnson&Johnson, 7,56 euros pour Sanofi/GSK, 12 euros pour Pfizer, 10 euros pour CureVac et, enfin, 18 euros pour la dose de Moderna. Elle a obtenu ce prix en négociant pour 600 millions de doses. Pour une petite quantité, le prix est donc plus cher. Le Maroc, qui a commandé 66 millions de doses, devra payer environ 2 milliards de dirhams sur la base du prix initial du vaccin chinois et celui d’AstraZeneca et non du prix flottant actuel, tel que l’a relevé M. Ibrahimi.
Cette course effrénée et hystérique vers l’acquisition des précieux vaccins cache de grands enjeux économiques et géopolitiques. Du coup, les pays en voie de développement et les pays les moins riches en souffrent le martyre. Ils vont devoir sans doute attendre encore quelques semaines pour ne pas dire des mois avant que la campagne de vaccination commence.
Dans le cas du Maroc, la vaccination est une urgence à la fois sanitaire et économique, avec des répercussions sociales certaines. L’envolée des prix des vaccins sur le marché international remet en question la gratuité du vaccin pour tous. La bienveillance royale est exemplaire.
Mais à l’heure de cette nouvelle donne, il est temps de nager à contre-courant et de suggérer aux couches de la population aisée de mettre la main à la poche. Le pays est en difficulté financière. L’Etat ne peut pas supporter, seul, le coût onéreux du vaccin.
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